Voyager avec la désinformation : l’exemple des Seychelles et de Gibraltar
Le 21 et le 23 février 2021, 2 éminentes figures de la contre argumentation de la “doxa officielle”, Alexandra Henrion-Claude et Silvano Trotta, ont voulu nous montrer une nouvelle fois la dangerosité de la vaccination. Exit Israël et le Royaume-Uni, cette fois nous voyageons.
Tout d’abord, Alexandra Henrion-Claude nous emmène aux Seychelles, ce magnifique archipel de 115 îles situé dans l’océan Indien.
Longtemps épargné par l’épidémie, le pays voit les cas augmenter de façon constante depuis fin décembre 2020.
Pour l’ancienne chercheuse à l’INSERM, le responsable est tout trouvé : c’est le vaccin !

Source : Twitter @ClaudeHenrion https://twitter.com/CaudeHenrion/status/1363613362106626051
Très habile, elle sait manipuler les graphiques pour montrer un constat bien plus dérangeant que la réalité.
Plongée dans une technique simple de manipulation
Elle commence par choisir le graphique qui fera le plus d’effets, ici le nombre de morts par million d’habitants.
Tiens vous savez combien il y a d’habitants aux Seychelles ? Oui, autant choisir un endroit que personne ne connaît vraiment.

On remarquera qu’au 10 janvier, il y avait déjà 10% des morts de la période (1 mort) et que 3 semaines après (temps entre contamination, symptômes et mort) nous sommes déjà à 40% des morts de la période (4 morts donc). 40% donc de personnes décédées qui n’avaient rien à voir de près ou de loin avec le vaccin.
Dans un second temps, on choisit un second graphique avec encore une fois une autre proportion, les doses par 100 habitants. On a donc l’impression que tous les vaccinés sont morts si on ne lit pas bien…

Source : Alexandra Henrion-Claude via Our World Data
Cela représente 60 000 doses de vaccin administrées.
Donc 10 morts dont une partie avant l’administration du vaccin, 60 000 doses sur la période.

Pour rendre cela encore plus flou, on choisit cette fois un graphique avec une temporalité différente,
plus large, ce qui permet d’être moins précis lorsque l’on place une flèche dessus.

Si on se rapproche un peu, on peut voir que la montée des cas a commencé avant la vaccination.

C’est d’ailleurs confirmé par cet article pré vaccination (au 10 janvier). On notera qu’on a vacciné 80 personnes le premier jour. 508 cas depuis le début, là on en était à 57 par jour… Avant le vaccin donc.
Début épidémique donc, déjà vue, et exponentiel
“A ce jour, l’archipel a enregistré 508 cas de Covid-19, dont 229 toujours positifs, et un mort. Ces derniers jours, le nombre de nouveaux cas a augmenté, avec notamment 57 nouveaux cas pour la seule journée de samedi.”
Il se trouve que près d’un quart des cas sont des personnes étrangères à l’archipel.
23 février :


Source : https://www.facebook.com/mohseychellesofficial/
On constate donc de manière chronologique que dès fin décembre, le virus s’est propagé dans la population locale.
Mais comment ?
2 possibilités :
Des touristes venus pour les vacances de fin d’année, de pays qui ont des “statuts spéciaux” (dont la France)
ont propagé ensuite le virus.

Source : https://www.seyvillas.com/fr/html/seychelles-covid-19-info et http://tourism.gov.sc/covid-19-guidelines/
Le seule obligation était d’avoir un PCR négatif au départ, et cela, comme on le sait, se falsifie facilement…

La seconde est le retour au pays de voyageurs allant dans les Émirats pour les vacances,
et effectivement les dynamiques semblent proches dans les 2 pays,
les cas aux Émirats étant déjà en augmentation en novembre/décembre.

La situation était d’ailleurs déjà jugée très grave par les autorités au 3 Janvier,
bien avant de commencer à vacciner.
Le pays vivant en partie sur les services, notamment hôtelier et restauration,
les contacts humains sont fréquents, ce qui peut accélérer l’épidémie.
En conclusion :
Même s’il a été simple pour Alexandra Henrion-Claude de montrer une concomitance
entre la mortalité récente dans l’archipel et le début de la vaccination, on constate
une nouvelle fois que la causalité n’est pas celle qu’elle prétend être, et qu’il faut toujours
regarder de plus près les faits et les chiffres avant de croire sur parole un corrélation entre deux faits.
Deux jours plus tard, Silvano Trotta récidive, cette fois avec Gibraltar et une autre technique de manipulation.
https://twitter.com/silvano_trotta/status/1364166930693820416
Ici, la première manipulation est le mensonge.
Sans citer de source il est simple de donner des dates, et avec une base de suiveurs assez importante,
c’est d’être cru sur parole.
Il se trouve que la vaccination a démarré le 10 janvier, pas le 12 décembre. (arrivée des vaccins le 9 dans le pays.
source : https://www.gibraltar.gov.gi/press-releases/arrival-of-covid-19-vaccine-in-gibraltar-302021-6573 )
A noter que 6 personnes parmi les 11 000 vaccinés sont décédées, pour des raisons non reliées au vaccin.
source : https://www.gibraltar.gov.gi/press-releases/no-deaths-arising-from-vaccinations-in-gibraltar-932021-6638

Au 10 janvier, date de début réelle de la vaccination, le pic de cas était passé et la mortalité suivant,
comme partout, les cas avec 1 à 3 semaines de décalage (12 jours ici).
La vague ayant démarré dès le 12 décembre, avant le début de vaccination de n’importe quel pays avoisinant
(tiens donc, nous retrouvons la date du 12 décembre…).

Il est donc simple d’établir que le vaccin n’a rien à voir avec la vague épidémique.
Ces 2 exemples nous montrent que la manière de présenter les faits peut suggérer,
sans chercher à démontrer, des causalités inexistantes, pour instiguer la peur dans l’esprit des gens.
Il faut toujours prendre un peu de hauteur lorsque l’on regarde un graphique.
Par exemple, si on vous montre cet ensemble de graphiques, demandez qu’on vous explique
celui en bas à droite (Afrique du Sud) et pourquoi le nombre de morts augmente là-bas sans vaccination !

Un article de Ari Kouts @arikouts, membre de C4S