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19 juillet : Trois experts partagent leurs réflexions sur la fin des restrictions COVID en Angleterre

Zania Stamataki, senior lecturer in viral immunology, University of Birmingham

Depuis l’apparition du COVID, nous avons travaillé sans relâche dans le monde entier pour développer, tester et déployer les vaccins les plus rapides de l’histoire de l’humanité. L’immunité contre les coronavirus après une infection naturelle est de courte durée, mais les vaccins approuvés sont d’une efficacité impressionnante. Nous ne connaissons pas encore la durée de la protection induite par le vaccin. Que se passerait-il si nous abandonnions toute prudence et ne prenions plus aucune précaution pour limiter la transmission après vaccination ?

Il se trouve que les vaccins ne fonctionnent pas pour tout le monde. Un petit pourcentage de personnes vont toujours souffrir sévèrement, et si nous augmentons le nombre de personnes infectées, le nombre de personnes avec atteintes sévères augmentera également. Les vaccins ne rendent pas notre organisme imperméable aux infections, mais ils déclenchent une réponse immunitaire précoce qui réduit le risque de maladie légère ou sévère. Et surtout, ils nous aident à éviter les hospitalisations et les décès. Les vaccins réduisent également la transmission à d’autres personnes.

Est-il possible d’être infecté après une vaccination ? Oui. Est-il possible de transmettre l’infection si l’on est totalement vacciné ? Oui également. Saura-t-on que l’on a été infecté ? Certains présentent des symptômes, d’autres non.

Le point important est que nous avons affaire à un virus à ARN qui mute et finit par générer des variants qui échappent aux réponses induites par les vaccins. Il a déjà muté en variants présentant une sensibilité réduite aux anticorps (variant bêta) et une transmissibilité accrue (alpha, delta). La variante delta est présente dans plus de 90 pays et constitue le variant dominante au Royaume-Uni, avec plus de 53 000 nouveaux cas signalés le 17 juillet.

Voulons-nous vraiment encourager la génération de variantes échappant au vaccin au nom de quelques décisions judicieuses ? Portez votre masque quand vous ne pouvez pas garder vos distances. Nous avons des kilomètres à parcourir avant de dormir.

Dominic Wilkinson, Consultant Neonatologist and Professor of Ethics, University of Oxford

Le défi éthique fondamental pour la santé publique est la nécessité de trouver un équilibre entre la santé de la communauté, le fardeau des interventions et l’effet sur la liberté individuelle.

Il y a beaucoup de choses que nous pourrions faire pour améliorer la santé publique. Par exemple, le tabagisme est à l’origine de 74 000 décès par an en Angleterre et de plus de 500 000 hospitalisations. Devrions-nous interdire la vente de cigarettes (ou d’alcool, ou de fast-food) ? Cela dépend de la question de savoir si les avantages d’une telle mesure l’emportent sur les atteintes aux libertés individuelles des personnes.

Ce même équilibre a été en jeu tout au long de cette pandémie. Les mesures de confinement ont été efficaces, mais elles ont eu des effets négatifs sur la santé physique et mentale de la communauté, sur l’éducation et sur l’économie.

Avec l’augmentation des cas de la variante delta, nous pourrions éviter certains décès en maintenant les restrictions du COVID pendant un certain temps encore. En effet, nous pourrions prévenir le plus grand nombre de décès dus au COVID en revenant sur les décisions antérieures et en instaurant un verrouillage plus strict.

Pourtant, la question clé est celle de la proportionnalité. Est-il proportionné de continuer à imposer la distanciation sociale, de dire aux personnes de travailler à domicile, de limiter les rassemblements publics ? Il existe différents points de vue éthiques sur cette question. Cependant, il y a peut-être des choses sur lesquelles nous pouvons nous mettre d’accord. Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Les mesures sont assouplies actuellement, mais il faudra peut-être les réintroduire en fonction de l’évolution de la situation. Certaines mesures (par exemple le port du masque dans les transports publics ou dans les espaces intérieurs) représentent une atteinte minimale à la liberté individuelle et doivent être maintenues.

Francois Balloux, chair professor, computational biology, UCL

Quatre forces majeures sont à l’origine de la dynamique du SRAS-CoV-2 : le comportement humain, la saisonnalité, l’évolution virale et les taux d’immunisation de la population (assuré par une infection antérieure ou une vaccination, ou les deux). Ensemble, ces quatre forces détermineront l’évolution du nombre de cas en tout lieu et en tout temps.

Les gouvernements n’ont aucun contrôle sur la saisonnalité. Ils ont également beaucoup moins de contrôle sur l’évolution virale qu’on ne le pense parfois. Par exemple, on prétend souvent que la circulation du SRAS-CoV-2 dans une population partiellement vaccinée peut favoriser l’émergence de nouveaux variants viraux échappant au vaccin. Il s’agit d’une hypothèse évolutive raisonnable, mais aucune preuve empirique ne la soutient. Les quatre variants préoccupants (alpha, bêta, gamma et delta) sont apparues entre le milieu et la fin 2020, avant qu’aucune population sur Terre ne bénéficie d’une immunité vaccinale significative.

Inversement, les gouvernements peuvent essayer d’encourager des taux élevés d’utilisation des vaccins. À cet égard, on peut considérer que la réponse du Royaume-Uni à la pandémie a été un succès, puisque plus de 90 % des adultes avaient des anticorps contre le SRAS-CoV-2 en juillet 2021. Les gouvernements peuvent également mettre en œuvre des interventions non pharmaceutiques (telles que la quarantaine, l’isolement ou le confinement) pour réduire les taux de contact entre les personnes, limitant ainsi la capacité du virus à se propager.

Le Royaume-Uni a établi une feuille de route pour la levée progressive des mesures de distanciation sociale mises en place. La décision d’aller de l’avant avec la suppression des mesures résiduelles en place le 19 juillet a été accueillie avec consternation par beaucoup, compte tenu de l’augmentation continue des infections du variant delta. Je pense que cette décision est moins radicale que beaucoup ne le pensent. À l’exception de la réouverture des boîtes de nuit, l’assouplissement des mesures résiduelles ne modifiera peut-être pas radicalement les comportements actuels.

Dans les sociétés démocratiques, le niveau de menace perçu est probablement plus important pour façonner le comportement individuel que les réglementations gouvernementales. Je m’attends à ce que, si la situation épidémique s’aggrave, la plupart des gens reviennent spontanément à un comportement plus prudent.

Traduction : Citizen4Science – lien vers l’article original

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