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Médecins, conflits d’intérêt et prestations TV : étude de cas d’une saisine infondée

Étudions un cas traité le mois dernier par le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM)

Le CDJM

Il a été créé en 2019 et est actif depuis le début de l’année 2020.

Il s’agit d’un organe de médiation entre journalistes, médias, agences de presses et tous publics pour les questions ayant trait à la déontologie journalistique.

Organe indépendant des pouvoirs politiques et économiques, il est auto-régulé et dispose d’un conseil tripartite équilibré de journalistes, de médias et de représentants du public.

Il peut être saisi par tout citoyen. À ce jour, plus de 500 saisines ont été réalisées.

La saisine

Fin décembre 2021, un citoyen a saisi le CDJM à propos de la participation du Pr Gilles Pialoux à l’émission de Jean-Jacques Bourdin du 13 avril 2021 : « Gilles Pialoux face à Jean-Jacques Bourdin ».

Dans cette émission très suivie « Bourdin direct », Gilles Pialoux est présenté par M. Bourdin comme « chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon à Paris, vice-président de la Société française de lutte contre le sida ».

Ensuite, en incrustation apparaîtra ceci :

Le requérant considérait que le journaliste aurait dû demander au professeur de décliner ses lients d’intérêts. Car ce monsieur avec consulté la base de données Transparence Santé et avait comptabilisé nombre de conventions avec l’industrie pharmaceutique.

Vous l’avez compris, il s’agit d’une personne sensible à la désinformation et au complotisme orchestrés depuis le début de la pandémie par l’IHU de Marseille et ses soutiens et des politiques, avec le concours notamment du blog complotiste FranceSoir qui a fait un battage incessant à ce sujet, publiant des podiums de médecins participant à des études cliniques évaluant de nouveaux médicaments, processus indispensable à l’innovation thérapeutique.

Teneur de l’interview

Dans cette émission, Gilles Pialoux interrogé par Jean-Jacques Bourdin évoquera la politique de santé publique menée contre le Covid en termes de caractéristiques de l’épidémie, de mesures de santé publique comme le dépistage à l’école, des risques sociétaux et économiques.

Concernant la vaccination, le Pr Pialoux parlera du rapport bénéfice-risque favorable du vaccin, de la 3e dose de rappel, et du fait qu’il y a une forte proportion de non vaccinés parmi les patients hospitalisés.

Requis d’un point de vue journalistique

Les bonnes pratiques déontologiques précisent l’importance pour le journaliste de ne pas omettre d’informations essentielles à la compréhension par le public des propos diffusés, pour sa bonne information.

Les dispositions du Code de la santé publique

L’article L4113-13 du Code de santé publique stipule : « les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et des établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou avec des organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de faire connaître ces liens au public lorsqu’ils s’expriment sur lesdits produits lors d’une manifestation publique, d’un enseignement universitaire ou d’une action de formation continue ou d’éducation thérapeutique, dans la presse écrite ou audiovisuelle ou par toute publication écrite ou en ligne 

Absence d’infraction aux règles déontologiques et à la loi

Le CDJM a évalué la saisine sur la base de ces requis journalistiques d’une part et des obligations du professionnel de santé au regard du droit de la santé d’autre part.

Il conclue en l’absence d’infraction de part et d’autre, puisqu’aucune publicité n’est faite pour tel ou tel produit, qu’il s’agisse de vaccins, de gel hydroalcoolique ou de tests de dépistage. Aucun laboratoire pharmaceutique n’est cité.

Au-delà de cela, le CJDM constate que le Pr Pialoux expose des constats sur des thèmes et principes généraux ayant trait à la science et à la situation épidémique.

Ainsi, la saisine est déclarée infondée.

Puisse cette étude de cas et la décision prise éclairer le public manipulé, afin de ne pas considérer que l’exposition de l’état de la science et d’une situation sanitaire ne soit pas assimilée à de la publicité.

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