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Après le controversé aducanumab (Adulhem), la FDA américaine approuve le lécanémab (Leqembi) dans le traitement de la maladie d’Alzheimer

Le déposant, Biogen (associé à Eisai) déjà titulaire d’une AMM pour Adulhem avient d’obtenur une autorisation de mise sur le marché pour son second médicament de sa nouvelle classe d’anticorps qui s’attaquerait à la cause sous-jacente de la maladie. Mais où est le bénéfice clinique justifiant cette décision ?

Le 6 janvier, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a annoncé l’autorisation de Leqembi, nom commercial du lécanémab, dans le cadre d’une procédure d’autorisation accélérée. La molécule fait partie d’une « nouvelle catégorie de médicaments approuvés pour la maladie d’Alzheimer qui cible la physiopathologie fondamentale de la maladie », explique l’agence sanitaire, ajoutant que « ces médicaments représentent une avancée importante dans la lutte actuelle pour un traitement efficace de la maladie d’Alzheimer’. Ce type de procédure accélérée est possible pour les médicaments ciblant des maladies graves pour lesquels les besoins de traitement ne sont pas satisfaits ET s’il est démontré que le médicament présente un effet sur un critère susceptible de prédire un BÉNÉFICE CLINIQUE pour les patients. C’est bien là la question.

Logos d’Eisai et Biogen, laboratoires commercialisant Leqembi

Des données d’imagerie mais pas de données de bénéfice clinique

Or la FDA nous apprend qu’elle espère « recevoir bientôt les données » de l’essai randomisé en double aveugle contrôlé contre placebo (« gold standard » méthodologique) de phase 3 « CLARITY AD » mené chez plus de 1700 patients et qui doit confirmer les bénéfices cliniques du médicament. Les patients sont atteints de maladie d’Alzheimer égère (troubles de mémoire) ou de démence au stade précoce avec confirmation de plaque bêta-amyloïde, que l’on considère comme conséquence du mécanisme sous-jacent de la maladie. Le traitement consiste en une perfusion du médicament deux fois par semaine.

L’étude a prouvé que le médicament administré pendant 79 semaines (soit près de 20 mois) induisait une réduction dose- et durée- dépendante significative de la plaque amyloïde dans le cerveau par comparaison avec le placebo, plaque censée être la cause des troubles cliniques de la maladie d’Alzheimer.

Réduction théorique du déclin cognitif de 27 %

Après les constats d’imagerie, ce résultat sur le déclin cognitif est obtenu à l’aide d’une échelle clinique de démence, un questionnaire qui permet d’évaluer différents paramètres cognitifs liés aux symptômes de la démence. C’est très bien, mais, ce n’est pas forcément CLINIQUEMENT SIGNIFICATIF. C’est-à-dire que l’amélioration d’un score sur une échelle ne se traduit pas forcément dans une amélioration dans la vie quotidienne du patient, en tout cas au niveau quantitatif d’amélioration du score de l’échelle d’évaluation tel que déterminé dans l’étude clinique.

Il y a tout juste un mois, un éditorial signé Megan Brooks paraissait dans la revue médicale The Lancet, s’inquiétait justement de conclusions trop hâtives pour le lécanémab, titrant :

« Le lécanemab change-t-il la donne pour la maladie d’Alzheimer ? Pas si vite« 

Le risque : de faux espoirs pour les patients Alzheimer, encore, puisque cette communauté de malades est habituée aux espoirs déçus, « aux déceptions et aux controverses ».

D’autant que :

Le profil de sécurité n’est pas anodin

Du point de vue de la sécurité d’emploi, sont rapportés les effets indésirables usuels associés à la perfusion (le médicament est comme son cousin Adulhem un anticorps monoclanal administré par perfusion intraveineuse), soit des symptômes pseudo-grippaux, nausées, vomissements et modifications de la pression artérielle. Sont aussi rapportés des maux de tête et des symptômes associés à des anomalies d’imagerie liés à l’amyloïde : survenant avec la classe d’anticorps du médicament, non symptomatiques le plus souvent, on observe cependant – à une fréquence rare – des effets graves qui peuvent mettre la vie en danger. Le plus souvent on observe le cas échéant des œdèmes du cerveau qui disparaissent au fil du temps avec des micro-hémorragies, accompagnés de manifestations cliniques à type de maux de tête, confusion, étourdissements et modification de la vision, nausées et crises épileptiques. Ce n’est pas anodin et 2 cas de décès sous lécanémab ont été rapportés dans ce cadre à ce jour.

Rapport bénéfice/risque inconnu

Hier, sur le réseau social Twitter, la Société française de pharmacologie et thérapeutique SFPT a réagi et Citizen4Science a relayé son message clair, avec dépit, puis colère :

Pour aller plus loin

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