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Cinéma : « Petites mains » : un film engagé qui semble se perdre entre fiction et reportage

On n’a pas été convaincu par cet exercice hésitant qui laisse dubitatif sur son format, malgré une Corinne Masiero qui tire son épingle du jeu

« Rien n’avait préparé Eva à l’exigence d’un grand hôtel. En intégrant l’équipe des femmes de chambres, elle fait la connaissance de collègues aux fortes personnalités : Safietou, Aissata, Violette et Simone. Entre rires et coups durs, la jeune femme découvre une équipe soudée et solidaire face à l’adversité. Lorsqu’un mouvement social bouscule la vie du palace, chacune de ces « petites mains » se retrouve face à ses choix. »

Nessim Chikhaoui nous avait offert il y a deux ans « Placés« , son premier film basé sur son expérience d’éducateur pendant 10 ans. Ici, il s’inspire du combat réel de femmes de chambres d’un hôtel Ibis du quartier des Batignolles, qui ont entamé une grève en 2021 pendant presque 2 ans pour obtenir de meilleurs conditions de travail, et ont obtenu gain de cause du groupe Accor propriétaire de la chaîne hôtelière. Il y avait eu un précédent du même type en Espagne en 2017 avec le mouvement « Kellys », des femmes de chambre travaillant dans des palaces. On reste dans l’expérience personnelle ou du moins de l’entourage, le réalisateur ayant des proches exerçant ce métier et il s’est inspiré de leurs histoires et anecdotes pour ses personnages.
Le film relate le quotidien de femmes à la vie précaire qui évoluent dans un palace parisien, pour leur travail usant, et même éreintant. Récemment, on avait apprécié la comédie dont certains ressorts sont basés sur ce contraste de classes sociales, réunissant un duo improbable de femmes, une parisienne bobo chanteuse d’opéra (Michèle Laroque) et une femme de chambre de banlieue dortoir (Claudia Tagbo). Alors on va voir « Petites mains » avec curiosité et intérêt.
Mais l’expérience s’avère décevante. On est directement plongé dans une ambiance type caméra au poing qui suit les personnages. Une ambiance à vrai dire de reportage. Pourquoi pas. Mais le format de près d’1h30, s’il est court pour du cinéma, est bien long pour un documentaire…
Le scénario est assez attendu, pas de réelles surprises ou étonnements. Du point de vue documentaire, le sujet est intéressant, mais on n’a apprend pas grand chose de plus que ce que l’on sait ou imagine déjà du labeur ingrat de ces femmes au travail précaire confrontées au luxe, et qui n’ont pas la considération de leurs employeurs. Du point de vue de la comédie, c’est amusant mais pas hilarant, même si on apprécie la solidarité entre ces femmes, leur diversité de cultures, leurs états d’âme, et leur lutte pour la reconnaissance et de meilleurs conditions, à l’aide de piquets de grève. Cela étant dit, tous ces thèmes n’évitent pas les poncifs.
Le scénario nous plonge d’emblée sur les pas de la jeune embauchée Eva (Lucie Charles-Alfred, un petit air de Jennifer Lawrence) prise en charge par une collègue référente qui a de l’ancienneté, Simone (Corinne Masiero). Une sexagénaire un peu revêche au premier abord car fatiguée physiquement mais aussi semble-t-il assez blasée, cumulant deux emplois de femme de ménage. C’est elle, qui finalement, avec le jeu de ses propres contrastes entre le sérieux et l’espièglerie, son évolution de la rigidité vers la complicité avec la jeune recrue, qui permet de tenir toute la séance durant au milieu des clichés et des bons sentiments à base de lutte des classes, pour des personnages certes hauts en couleurs mais dont on regrette une exploration qui reste à la fois poussive et assez superficielle.

« Petites Mains » de Nessim Chikhaoui, avec Corinne Masiero, Lucie Charles-Alfred, Marie-Sohna Condé, Salimata Kamate – durée 1h27 Sortie : 01/05/2024

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