« Diabète, une addition salée » : un film d’Arte avec « Big Pharma » ostensiblement dans le viseur
Des accusations graves et systématiques à l’égard des fabricants de médicaments semblent le leitmotiv de cette émission. Remettons un peu les pendules à l’heure

Cet article est une réponse à la sollicitation de lecteurs nous ayant contacté via le service « Articles à la demande » qui permet de nous interpeller pour des suggestions de thèmes ou d’articles journalistiques. Des lecteurs ont souhaité avoir l’avis de la Rédaction sur les accusations en nombre à l’égard de l’industrie pharmaceutique dans le développement de tests et de médicaments qui seraient un grand scandale d’exploitation financière, selon l’émission.
Il s’agit d’une coproduction Arte France et RTS (Radio Télévision Suisse). Le film a été écrit par Dorothée Frénot, Benoît Rossel (co-réalisateurs) et Caroline Coq-Chordorge, et dure près d’un heure et demie.
À noter : le titre allemand est plus explicite : « Une épidémie très lucrative«
Nous n’allons pas relater et commenter ici l’intégralité de ce film de 2020, mais nous concentrer sur les accusations à l’encontre des fabricants de médicaments pour le diabète, qui est le thème sur lequel nous avons été sollicités.
Le fil directeur est le suivant : le diabète est un fléau avec 400 millions de personnes atteintes dans le monde, une épidémie catastrophique qui touche une grande part de la population. L’industrie pharmaceutique, tel un charognard, essaie d’en tirer un maximum d’argent (et y parvient) en trompant sur la marchandise qu’elle commercialise. Evidemment les autorités sanitaires sont complices car poreuses au lobby intensif des firmes et n’évaluent pas correctement les nouveaux médicaments, en particulier les antidiabétiques.
Le film nous dit en introduction : le fléau diabète ? « un monde merveilleux pour les industries pharmaceutiques ».
Une femme, non identifiée : « C’est la seule maladie dont tout le monde accepte et se satisfait pleinement de l’idée qu’on ne la guérira jamais. Pourquoi ? »
Ah bon. Outre que cette réflexion est un peu complotiste, il semble que ceux qui affirment cela n’aient pas conscience des efforts de recherche très importants déployés pour comprendre et résoudre la mécanisme physiopathologique (la cause) du diabète, pour pouvoir guérir la maladie.
Bien. Le décor est planté. Quels sont les arguments à l’appui de ces accusations ? Sont-ils valables ?
Nous avons identifiés quelques points qui incitent à tempérer ces graves accusations.
Enquête journalistique ou adaptation d’un témoignage ?
Ce n’est pas explicité autrement qu’en lisant attentivement le générique. Ce film est en réalité la libre adaptation d’un livre : « Diabétiquement vôtre » de Bertrand Burgalat. C’est un patient atteint de diabète de type 1, depuis l’enfance. On imagine donc son fardeau. Son livre est à charge contre l’industrie pharmaceutique. et en tant que patient et militant, pour cette raison on ne peut pas dire que l’auteur ne soit pas dénué de conflits d’intérêt, son approche n’est bien évidemment pas neutre.
Il est dommage que ce contexte n’apparaisse pas d’emblée car beaucoup auront l’impression de regarder une enquête journalistique neutre. Ce n’est donc pas le cas, par principe. Mais aussi objectivement, on va le voir.
Attention : on ne jette pas la pierre sur Bertrand Burgalat, d’autant qu’il a créé une association de patients (Diabète et méchant), initiative toujours bienvenue et importante pour porter la voix des patients auprès de l’industrie, des professionnels de santé et des pouvoirs publics. Bertrand Burgalat est un dandy de la pop, un musicien particulièrement créatif et original, respect ! Mais un témoignage, ou son adaptation, c’est particulièrement orienté, sous le prisme d’une vision unique, et ce n’est pas le standard de l’ enquête journalistique.
Toujours est-il que le film commence, hommage oblige, par l’histoire de Bertrand Burgalat et de son calvaire qui débute dès l’âge de 10 ans. Son pancréas ne fonctionne plus, Il doit s’injecter de l’insuline de synthèse, plusieurs fois par jour, nous explique-t-on. Rappelons que ce diabète de type 1 est minoritaire, 90 % de la population touchée est atteinte de diabète de type 2 qui survient à l’âge adulte.
On le voit évoluer au milieu de ses claviers musicaux et au sein de son association, puis expliquer que « l’invention de l’insuline » donnée au laboratoire américain Lilly, « a été totalement dévoyée ».
Bon, tout d’abord rappelons que l’insuline n’est pas en soi une invention. L’insuline est une hormone. L’invention a été d’avoir été capable dans un premier temps d’identifier son rôle et de l’extraire et de la purifier chez l’animal (porc) pour permettre son administration salvatrice aux humains diabétiques, puis de la fabriquer de façon semi-synthétique et enfin totalement synthétiquement. Néanmoins, il y a des brevets tout au long de cette histoire et le premier a en effet été vendu à prix symbolique à Lilly qui a été la première à la commercialiser en 1923.
Mais la pénurie d’insuline porcine était programmée par ce mode d’obtention d’insuline pour l’homme, à l’échelle d’une vingtaine d’année. Et oui, les pancréas de porcs exploités à l’échelle industrielle pour le monde entier n’était pas un mode de fabrication pérenne.
Insuline de synthèse et course à la durée d’action
Le film nous explique bien comment c’est arrivé, grâce au génie génétique : on a isolé la séquence génétique responsable de la fabrication d’insuline et on l’a utilisée pour une fabrication in vitro avec des levures. En pratique, cela s’est passé progressivement avec des innovations successives permettant de passer au final à une insuline 100 % synthétique, permettant de s’affranchir de toute pénurie. Sur cette prouesse, le film ne remercie pas la recherche industrielle….
Lilly, Novo Nordisk et Sanofi sont les 3 laboratoires qui se partagent le marché de l’insuline. Et oui, développer des insulines synthétiques et les faire évoluer, ce sont des efforts de recherche & développement faramineux, donc des investissements coûteux.
Ainsi, passer de l’insuline animale à l’insuline humaine par génie génétique a fait multiplier par 10 le coût du médicament.
Sanofi se fait démolir par le film pour avoir créé Lantus (insuline glargine), une insuline humaine à durée d’action prolongée, parce que ça coûte plus cher et n’apporterait rien, une escroquerie en somme. Quelle avancée pourtant ? moins de piqûres quotidiennes, qui sont un fléau pour les diabétiques, ce dont d’ailleurs a parlé Bertrand Burgalat plus tôt dans le film en disant avoir été prêt à se piquer toute la journée pour aller mieux. Le film a le mérite de présenter une interview de Pierre Chancel, ex-Sanofi qui a participé au lancement de
Lantus. Il explique que cela a changé la vie des patients et notamment réduit le risque d’hypoglycémie nocturne, évoquant par exemple les diabétiques de type 1 obligé jusqu’ici de se faire une piqûre à 22h et de mettre le réveil à 5h pour une nouvelle piqûre.
Bertrand Burgalat réagit immédiatement dans le film en disant que tout cela est mensonge. Il y aurait toujours eu des insulines qui tenaient « plus ou moins 24 heures ». Voici la preuve selon lui : en 1975 il n’avait besoin que d’une piqûre par jour (il était adolescent). Malheureusement un témoignage personnel, qui plus est sur une maladie évolutive et à forte variabilité inter- et intra-individuelle ne prouve rien. D’autant qu’il a dit par ailleurs dans le film que les piqûres multiples chaque jour était invivable. Sans mettre en doute la sincérité d’un témoin, on ne peut pas généraliser dessus.
Au début du film, il est reproché aux laboratoires pharmaceutiques d’avoir mis sur le marché quantité d’antidiabétiques oraux pour éviter le passage direct à l’insuline. Dans une partie ultérieure du film, on reproche désormais aux laboratoires d’avoir promu l’insuline auprès des médecins généralistes. Quelle que soit la configuration, le laboratoire est donc toujours fautif…
Selon un témoin, médecin germanophone, les laboratoires ont promu l’insuline en remplacement des recommandations hygiéno-diététiques. Et bien cela reste à prouver, car les recommandations et lignes directrices sont claires par rapport au préalable à tout traitement : les mesures hygiéno-diététiques ! régime alimentaire, exercice physique, changement de style de vie sont un prérequis officiel et le discours de santé publique invariable de toute prévention et prise en charge du diabète de type 2.
Attaque de la pertinence d’un marqueur : l’hémoglobine glyquée
Le film d’Arte est bourré de contradictions. Par exemple, il décrit très bien les dégâts terribles d’un excès de sucre dans le sang, ainsi que la difficulté de la fiabilité de sa mesure directe (glycémie) du fait de sa variation perpétuelle. Mais au lieu de présenter un marqueur révolutionnaire qui est désormais la référence pour le contrôle de la prise en charge du diabète, Arte préfère le présenter comme un « formidable outil marketing » des laboratoires. Ces derniers se voient reprocher des campagnes de prévention (Sanofi) auprès des patients diabétiques les encourageant au contrôle trimestriel de leur HbA1c (hémoglobine glyquée) et la limite acceptable, qui est de 7 %. Pourquoi ? Parce qu’au-dessus, c’est le début des redoutables complications du diabète.
Mais qu’est-ce donc que l’HbA1c ? C’est une mesure qui traduit la glycémie passée sur une période de 3 à 4 mois. Bien plus fiable et représentatif du statut du contrôle diabétique qu’une mesure de glycémie sur le vif. À tel point que l’HbA1c est le marqueur scientifiquement reconnu pour le suivi des personnes atteintes de diabète, et également utilisé comme critère d’évaluation des médicaments antidiabétiques. Mais pour Arte, sensibiliser le public à ce marqueur essentiel, c’est du marketing de folie.
Amalgame efficacité intrinsèque et amélioration de la qualité de vie
Le film d’Arte a un parti-pris, on l’a vu, et poursuit sur sa lancée : Lantus serait de la fumisterie et n’apporterait rien aux patients, c’est juste plus cher et cela ne sert que le laboratoire pharmaceutique, Sanofi. À l’appui, une controverse des années 2000 en Allemagne avec une agence d’évaluation locale supportant cette thèse, et l’avis 2014 de la Haute autorité de santé (HAS) statuant à un service médical rendu faible. Étonnamment, l’avis allemand a fait monter les associations de patients diabétiques au créneau (mais un témoin explique que c’est parce que les patients sont manipulés par les laboratoires…). Quant à l’avis de la HAS, Arte n’a vu que ce qu’elle avait envie de voir, car la HAS en 2014 et dans ses mises à jour conclut à un service médical rendu important dans le diabète de type 1 et 2, renouvelant les spécialités et incluant même une insuline glargine à dosage supérieur (Toujeo).
D’où vient cette erreur d’appréciation ? L’ancien dirigeant de Sanofi interviewé antérieurement dans le film l’a bien expliqué : pouvoir faire moins d’injections grâce à une insuline lente comme glargine par rapport à l’insuline humaine classique (NPH) est un bénéfice inestimable qui a transformé la vie des patients. Un bénéfice de qualité de vie qui joue aussi sur l’observance du traitement et les risques d’hypo- hyperglycémies, mieux maîtrisés.
L’omission classique des coûts de R&D dans l’évaluation du coût d’un médicament
Arte a interviewé un professeur suisse qui tente de faire une belle démonstration, additionnant coût des matières premières, coûts réglementaires (pour la mise sur le marché), la marge du fabricant et des coûts « d’infrastructure » pour la fabrication. Et bien figurez-vous qu’avec ces calculs, il ne devrait pas y avoir de différence entre le prix de l’insuline analogue (Lantus etc.) et l’insuline humaine. Cherchez l’erreur…
On n’a pas les détails du calcul, mais d’emblée on voit que le coût de la recherche n’a pas été pris en compte. Le coût du développement non plus, bien qu’il soit censé apparaître dans le coût réglementaire puisque la personne interrogée parles des études cliniques (qui coûtent très cher). Or, la R&D clinique n’est pas un coût réglementaire, c’est un coût de développement…
Cerise sur le gâteau, il va se plaindre ensuite d’un marché fermé entre les 3 grands laboratoires Lilly, Novo Nordisk et Sanofi, alors qu’il y a des insulines moins chères produites ailleurs comme en Inde ou en Chine…Pourquoi ? Et bien à cause des « coûts réglementaires » nous dit l’intéressé : la réglementation est très stricte, il y a des normes de qualité, c’est « un investissement à faire ». Ah bon ? Juste avant l’investissement n’existait a priori pas ou bien était quantité négligeable pour les 3 gros laboratoires. Bref, ça dépend pour qui, et surtout, cela valide le fait que l’on a comparé ici uniquement des coûts de fabrication sans tenir compte de la R&D et des coûts réglementaires…
Alors évidemment, on ne va pas ici jouer le tout blanc ou tout noir, un marché concentré auprès de 3 fournisseurs est effectivement un problème, Arte s’engouffre dans la thèse de l’entente entre eux sur les prix, parle d’activité de lobbying intensif auprès des gouvernements. Les labos font des profits record alors que dans certains pays comme les États-Unis, l’insuline vitale est un produit de luxe inabordable. On ne va pas dire le contraire, mais il est dommage de venir dans ce contexte avec des arguments biaisés ou peu rigoureux.
La critique du parcours médicamenteux du patient diabétique
Le diabète, c’est une lutte à vie. Au-delà des barrières hygiéno-diététiques, les médicaments sont le seul salut une fois dans l’engrenage de la maladie. Il y a des lignes de traitement successives, d’abord des antidiabétiques oraux, puis l’insuline. La raison est qu’il y a épuisement progressif de l’efficacité des traitements. Alors on essaie de passer le plus tard possible à l’insuline. Dans le film, ce n’est pas une réalité scientifique ou médicale. C’est un piège créé par les laboratoires pharmaceutiques pour s’enrichir. Bien…
Pour illustrer cela, bien évidemment : un témoignage qui appuie la thèse. Un monsieur diabétique explique avoir été bourré de médicaments mais avoir fait une crise d’hypoglycémie qui a failli lui coûter la vie. Depuis il a abandonné tous les médicaments et suit un régime alimentaire strict et tout va bien. Un cas exceptionnel pour cette personne âgée qui heureusement est capable d’activité physique.
On a aussi plus loin un médecin généraliste qui nous explique qu’une glycémie élevée c’est pas bon, gros facteur de risque de diabète et de son aggravation, mais que baisser la glycémie « linéairement » n’apporte pas forcément de bienfaits en proportion. Oui c’est « contre-intuitif » dit-il, au point que « s’acharner » à baisser la glycémie, ça ne fait qu’augmenter le risque. Ah…
« L’obsession de la glycémie » = scandale Avandia de 2007 ?
Arte nous parle d’Avandia (rosiglitazone), un antidiabétique commercialisé avec grand succès par le laboratoire GSK (GlaxoSmithKline) dont on découvre post commercialisations des effets indésirables cardiaques. Un cardiologue américain lanceur d’alerte a étudié le dossier des études cliniques du médicament à l’époque et découvert une hausse de 40 % des infarctus du myocarde chez les patients, idem pour la mortalité cardiovasculaire.
Un ancien membre de la FDA nous explique que ce qui s’est passé est une omission par GSK de déclaration d’événements indésirables cardiovasculaires restés dans leurs dossiers. Pas vraiment puisque le médecin a trouvé toutes les données sur internet, elles étaient donc publiques. Pourtant les agences sanitaires n’auraient donc pas eu accès à des informations essentielles de sécurité d’emploi pour juger correctement du rapport bénéfice/risque de la molécule.
Ce qu’Arte ne dit pas, c’est qu’ultérieurement, la FDA a levé toutes les restrictions imposées à Avandia pour sa commercialisation, jugeant l’absence de sur-risque cardiovasculaire. Dommage, cette omission…
Toujours est-il qu’Arte va prendre cette affaire comme le symbole d’un problème pour l’évaluation des antidiabétiques par les autorités sanitaires : elles ne s’intéresseraient qu’à l’effet des médicaments potentiels sur la glycémie. Ah bon ? pourtant la démonstration antérieure montre que ce n’est pas le problème. Le problème mis en avant, ce sont des données de sécurité qui n’auraient pas été fournies aux autorités comme il se doit. Il y a une faille dans le raisonnement…
De fait, la balance bénéfice/risque est la base de l’évaluation des médicaments, et ce quelle que soit l’aire thérapeutique. Arte prétend que ce n’est pas le cas pour les antidiabétiques, pour lesquels on ne regarderait que l’effet du médicament sur la glycémie. Mais Arte ne le démontre pas et pour cause, parce que c’est faux, bien au contraire avec l’affaire de l’Avandia, elle démontre le contraire.
Sempiternelle confusion entre lien et conflit d’intérêt
On nous parle maintenant des agonistes du GLP-1 (sémaglutide, marque Ozempic et liraglutide), nouvelle classe d’antidiabétiques lancés par Novo Nordisk. Arte se fend d’une attaque en règle sur le Pr Bernard Charbonnel, diabétologue de la Société francophone du diabète. Cet expert, nous révèle-t-on, a perçu près de 50 000 euros par an en moyenne des laboratoires dans la dernière décennie. Dans le film, c’est la présomption de culpabilité qui prime : « Dans quelle mesure peut-on se fier » à sa parole, nous déclare-t-on sur un ton suspicieux. À décharge d’Arte, on laisse le Pr Charbonnel s’exprimer sur le sujet, qu’il considère pollué par ces accusations alors qu’il a principalement participé à des études cliniques pour évaluer les médicaments expérimentaux. « Je ne vois pas comment on peut faire avancer la science sans participer à des études« . Il regrette que d’entrée de jeu, tout ce qu’il dit soit considéré comme biaisé. Il voudrait des justifications à cette attitude. Et il a raison. Le problème des détracteurs est qu’ils ne savent pas que les études en question ne sont pas biaisées et qu’y avoir participé n’a pas changé le résultat dans un sens ou dans l’autre, mais aussi que les sommes touchées de l’industrie ne sont pas des cadeaux, interdits strictement, mais une juste rémunération pour avoir participé à l’évaluation objective des médicaments en développement.
Là, Arte évoque à nouveau la HAS et nous montre visuellement avoir consulté soigneusement un rapport en émanant. Comme précédemment, un avis négatif catégorique, les analogues GLP 1 n’apporteraient pas grand-chose et sont à réserver à certains patients selon la HAS. Ce qu’Arte omet de dire, c’est que c’est un vieux rapport, surtout pour une classe nouvelle de médicaments, puisqu’il a 10 ans. En effet, le médicament liraglutide a été commercialisé peu après ce rapport. À quoi rime-t-il donc de s’appuyer sur des données d’étude pré-commercialisation alors qu’on dispose de 10 ans d’utilisation en vie réelle ? Ce sont à nouveau des données périmées que l’on nous sert comme vérité.
Mise à jour : 13 août 2023
Pour aller plus loin
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Nous publions ici une réaction transmise par Mme Anne Durieux, datée du 29/8/2023.
Il y aura une réponse à cette réaction, fort intéressante et instructive, mais qui omet l’origine, la nature et la finalité de notre article, et lui prête des propos, affirmations ou intentions qu’il ne contient pas.
La rédaction
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article « Diabète, une addition salée » : un film
d’Arte avec « Big Pharma » ostensiblement dans le viseur », mis en ligne 12 août
2023. Je l’ai d’ailleurs relu plusieurs fois avec attention mais surtout avec le cœur et
l’esprit de la diabétique que je suis. J’ai bientôt 58 ans et suis sous insuline depuis
presque 54 ans. Je prends ici la liberté de partager quelques commentaires, à travers
le prisme de mon expérience du diabète.
Vous mentionnez plusieurs fois des accusations graves et systématiques portées à
l’encontre des fabricants de médicaments par Bertrand Burgalat et le film d’Arte et
proposez de vous concentrer sur ce point dans votre article. Vous questionnez
l’objectivité de Bertrand Burgalat et le tapage pleurnichard et biaisé fait dans le
documentaire.
Ce film s’inscrit dans une problématique mondiale, étonnamment passée sous silence
jusque-là. En 2020, le film de Bertrand Burgalat est le premier à mettre au centre de
la scène le diabétique et les divers aspects et difficultés de sa réalité quotidienne. Il le
fait cependant dans un cadre international car il évolue à un niveau international.
N’oublions pas que le diabète n’a pas de frontières et que c’est un ennemi silencieux,
généralement invisible jusqu’au moment où il est trop tard. Le diabète handicape et
tue. Il le fait dans les pays pauvres (3 diabétiques sur 4 n’ont pas accès aux
traitements !) mais il le fait également dans nos pays riches, en raison du prix des
traitements. Ça c’est la problématique.
• https://www.federationdesdiabetiques.org/federation/actualites/acces-alinsuline-dans-le-monde-regard-sur-la-situation-actuelle
• https://www.makingdiabeteseasier.com/be-fr/conseils-pour-vivre-sondiabete/nouvelles-recherches-etudes/2020-les-chiffres-du-diabete-en-europe
• https://www.who.int/fr/news-room/factsheets/detail/diabetes#:~:text=Le%20diab%C3%A8te%20est%20une%20cause,%
C3%A2ge%20ont%20augment%C3%A9%20de%203%20%25.
• https://ceed-diabete.org/fr/le-diabete/les-chiffres/
Certains parmi nous ont la possibilité et les capacités de témoigner, secouer les
parties prenantes, industriels, labos, États, etc. et il faut qu’ils continuent contre vents
et marées. Les choses doivent bouger, le plus rapidement possible.
En 2020, il semble y avoir eu enfin un début de réaction mondiale. Le diabète a par
exemple été abordé au Forum Économique Mondial de Davos. Plusieurs articles y
sont sortis, dont les deux ci-dessous. C’est important de les citer car le World
Economic Forum de Davos, créé en 1971 par l’économiste allemand Klaus Schwab,
réunit l’élite économique et politique de plus de cent pays et territoires pour discuter
des questions et enjeux actuels de portée mondiale. Le fait que le diabète y soit
abordé prouve l’importance du sujet, d’autant que les articles sélectionnés montrent
deux sources d’intérêt :
– Le 1er aborde le thème sociétal de cette pandémie silencieuse qu’est le
diabète et qui tue près de 7 millions de personnes chaque année
https://www.weforum.org/agenda/2020/12/diabetes-silent-epidemic-world-health/
– L’autre, Forum économique oblige, aborde cette pandémie silencieuse sous
l’aspect d’une menace pour l’économie mondiale
https://www.weforum.org/agenda/2016/02/the-silent-pandemic-that-threatens-theglobal-economy/
Je terminerai ce point abordant la dimension mondiale du diabète en mentionnant la
Journée mondiale du diabète de 2020 (la 1ère a vu le jour en 1991 à l’initiative de la
Fédération internationale du diabète et de l’Organisation mondiale de la Santé
(OMS)), avec pour objectif de susciter une prise de conscience au sujet de cette
maladie chronique.
Ceci prouve si besoin est que les choses doivent bouger et qu’un début de prise de
conscience a lieu. En tant que personne diabétique, je m’en réjouis et veux que les
choses bougent mais je veux qu’elles le fassent vite et dans le bon sens.
Votre article dénonce le fait que le film présenterait l’industrie pharmaceutique telle
un charognard essayant de tirer un maximum d’argent (et y parvenant) en trompant
sur la marchandise qu’elle commercialise avec la complicité des autorités sanitaires.
Permettez-moi de demander pourquoi vous faites porter sur Bertrand et le film d’Arte
ces accusations de tromperie ? J’ai pris le temps de regarder à nouveau le film parce
que vos propos me semblent être de sacrés raccourcis passablement orientés et très
déformés. A l’inverse de ce qu’on pourrait attendre d’un article dans une revue de
vulgarisation scientifique, ce texte ne justifie aucun de ses arguments par des
références ou des sources. Les citations sont approximatives, souvent prises à contre
sens et les intervenants ne sont pas nommés (alors qu’ils sont identifiés dans le
documentaire).
Peut-être est-ce dû à mon diabète mais je vois ce film simplement comme un
témoignage large de notre vécu, un témoignage de notre réalité et de nos batailles
quotidiennes, pas comme une sorte de complot multipartis comme votre article
l’indique d’ailleurs plus bas. Ce film est simplement la voix de tous les diabétiques, et
surtout celle des plus démunis, d’Afrique, d’Asie, de ceux qu’on n’entend pas, de tous
ceux qui n’ont pas accès aux traitements et meurent, faute d’accès et de moyens.
Vos propos me semblent vraiment porter un jugement personnel hâtif, injustifié et
infondé, … et jamais étayé par la moindre source, ce qui est pourtant la base de toute
communication … Cet article interprète à sa sauce les paroles des divers intervenants
et leur prête carrément des propos qui ne sont pas les leurs.
Permettez-moi d’exprimer mon étonnement et mon désarroi sur plusieurs points :
Je ne suis pas journaliste mais j’ai cherché des infos ; sur cette « femme non identifiée
pour commencer et sur les nombreux jugements et avis que vous exprimez, sans
preuves. La « femme non identifiée » apparaît dès qu’on clique sur la page de Diabète
et Méchant. https://forum.diabeteetmechant.org/ En cherchant un peu, on trouve son
nom et sa fonction dans l’association. Il s’agit de Frédérique George Pichot.
La diabétique que je suis a une envie immense, gigantesque de guérir ! Vous ne
l’imaginez visiblement pas ! Je suis d’ailleurs certaine que c’est le souhait de chacun de
nous. Dans mon cas, ce souhait est enfoui dans ma tête et dans mon cœur depuis que
j’ai conscience de ma maladie, de cette plaie avec laquelle je dois vivre. Je n’en parle
pas ; ce souhait de guérison est un vœu, une petite lueur que je cache et protège, un
peu comme les vœux que les enfants font devant les étoiles filantes et qui ne se
réalisent pas si on en parle …
Je peux par ailleurs vous assurer, d’abord en tant que simple personne, mais encore
plus en tant que personne directement concernée, que j’ai, que chacun de nous a
conscience des progrès fabuleux réalisés par les labos et l’industrie. Je peux vous
assurer que je suis, que nous sommes tous profondément reconnaissants de ces
avancées.
En 1969, après une semaine de coma, ma vie d’enfant insouciante de 4 ans a basculé
dans le diabète. Du jour au lendemain, elle a été rythmée par une injection d’insuline
zinc mixte novo lente par jour (ce qui prouve si besoin que l’insuline lente existe
depuis longtemps ; c’était d’ailleurs la seule à l’époque), l’obligation de manger toutes
les deux heures sous peine de coma ; une vie pleine de limitations, d’interdictions et
de contraintes ; pour mes parents et mon entourage aussi. Ma mère se levait toutes
les nuits pour vérifier que je n’étais pas dans les pommes et pour me secourir à
chaque fois que c’était le cas. J’ai personnellement vécu chacune des avancées et j’en
suis très profondément reconnaissante. Les nouvelles insulines, plus pures et plus
concentrées, ont été une véritable bénédiction vu la quantité d’insuline parfois
requise ; les seringues jetables tout autant. Sans parler des capteurs et de tout ce qui
a suivi ! Je pense régulièrement à tout ce qui est en projet, en cours et qui améliorera
encore ma vie : continuation de la production et amélioration des pompes internes,
pancréas artificiels internes, greffes diverses, recherches sur les anticorps, etc. etc.
Chaque avancée est un petit pas en avant et la preuve que nous devons et pouvons
garder espoir.
Comme tous les diabétiques de ma génération (et il y en a qui sont aujourd’hui plus
âgés que moi), nous avons tous, enfoui en nous, le doux rêve du miracle de la
guérison. Les choses avancent certes, à la fois vite quand on les regarde de l’extérieur
sur la période de ces 54 ans pour moi, mais toujours bien trop lentement quand on
est directement concerné. Je vous souhaite de ne jamais devenir diabétique.
Cependant, après plus d’un demi-siècle de diabète, même si j’ai encore et toujours cet
espoir et si je pense qu’il se réalisera un jour, je suis devenue plus réaliste et
pragmatique et doute aujourd’hui que ce sera pour moi et ma génération. Peut-être
celle de mes enfants ; dans le meilleur des cas. Je ne crois plus aux « dans l’espace de
5 ans » dont on me farcit les oreilles encore à l’envi. Voyez-vous, ça fait déjà 11 fois 5
ans dans mon cas … ça fait déjà 16, 17 fois dans le cas d’amis … avec de grosses
complications pour certains ; parmi les plus jeunes aussi … ça c’est notre, c’est ma,
réalité. Donc la guérison ? Oui … Mais …
Ça, c’est le côté patients.
Car il y a de fait un autre côté à la médaille Diabète : celle de l’industrie. Côté
industrie donc … juste une question, très pragmatique : qu’adviendrait-il si nous
guérissions ? Avons-nous intérêt à guérir ? D’où la possible lassitude, le possible
fatalisme un peu cynique de nos réactions qui nous font dire « Oui … Mais … »
Quelques chiffres côté industrie. Article du Monde de 2017 :
• https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/11/14/diabete-l-autre-businessdusucre_5214391_3234.html#:~:text=Lecture%206%20min.&text=Pr%C3%A8s%20d
e%2044%20milliards%20de,d’euros)%20en%202022.
Classement des dix premières sociétés pharmaceutiques sur la base du chiffre
d’affaires mondial des antidiabétiques en 2017 et 2024*
• https://fr.statista.com/statistiques/573871/chiffre-d-affaires-mondial-realise-parles-dix-plus-grandes-societes-pharmaceutiques-en-et-2020/
Toutes les entreprises, peu importe leur taille, sont des organisations. Il existe de
nombreuses définitions des organisations, mais retenons la suivante : « une
organisation est la coordination rationnelle d’un certain nombre de personnes et de
moyens en vue d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée ». La question qui se
pose alors est justement celle de cet objectif : quels buts les entreprises
pharmaceutiques cherchent-elles à atteindre ? Et nous dans tout ça ?
Notre intérêt et notre souhait sont bien de guérir mais est-ce dans l’intérêt
financier de l’industrie pharmaceutique que nous guérissions ?
Le film part de fait de l’exemple de Bertrand Burgalat, de ses besoins en tant que
diabétique, lui permettant d’élargir aux autres diabétiques et surtout d’ouvrir sur les
(gros) problèmes que (de très nombreux) diabétiques rencontrent, à commencer par
le prix des insulines et le business fait autour du diabète.
Ne pensez-vous pas que Banting et Best se retourneraient dans leurs tombes s’ils
voyaient les prix de l’insuline aujourd’hui et les conséquences sur les diabétiques ? Car
c’est de cela dont il s’agit.
Frederick Banting et Charles Best ont de fait vendu les droits de brevet pour l’insuline
à l’université de Toronto pour seulement 1 dollar symbolique en déclarant : «
l’insuline appartient au monde, pas à nous ». Un paradoxe frappant entre
l’intention de ces chercheurs à l’origine de cette découverte majeure et la
réalité actuelle marquée par un accès à l’insuline bien trop restreint dans de
nombreux contextes et des prix faramineux dans de nombreux pays… Permettezmoi de vous renvoyer au classement des dix premières sociétés pharmaceutiques sur
la base du chiffre d’affaires mondial des antidiabétiques en 2017 et 2024*
• https://fr.statista.com/statistiques/573871/chiffre-d-affaires-mondial-realise-parles-dix-plus-grandes-societes-pharmaceutiques-en-et-2020/
Ici un comparatif des prix des insulines dans une partie du monde
• https://fr.statista.com/infographie/28730/comparaison-prix-insuline-par-pays/
D’où l’intérêt pour et l’espoir immenses dans le travail formidable de groupes comme
Open Insulin, qui travaille sur une insuline gratuite pour tous.
https://openinsulin.org/
En ce qui concerne « l’invention » de l’insuline que vous mentionnez :
L’insuline n’a de fait pas été « inventée » mais « découverte » si on veut pinailler. Cela
apporte-t-il un réel plus au débat ?
Les premières insulines administrées aux diabétiques insulino-dépendants ont été
extraites de pancréas de bœuf et de porc jusqu’en 1999 (en France). Je doute de la
pénurie de l’insuline animale. Regardez simplement les statistiques mondiales de
production porcine et bovine. La production mondiale de viande a augmenté de 45 %
au cours des 20 dernières années. Ceci signifie donc la même chose pour les
pancréas. Difficile dès lors de parler de pénurie programmée ne croyez-vous pas ? Si
on veut pousser le cynisme un peu plus loin, la situation n’ayant guère évolué dans les
pays pauvres où les diabétiques n’ont pas accès aux traitements, ces derniers
continueront à mourir en silence.
Il serait sans doute plus juste de mettre en avant l’adéquation de ces insulines
animales aux hommes par exemple pour justifier la fin des insulines animales. Les
impuretés et la différence structurelle de ces insulines sont responsables de réactions
locales ou d’allergies, voire provoquaient dans certains cas des réactions de rejet. Ces
insulines agissaient différemment des insulines modernes. Je ne m’étendrai pas làdessus, laissant à la scientifique que vous êtes le soin de chercher et réécrire le sujet. Il
serait plus juste également de mettre en avant la recherche de nouvelles molécules et
(malheureusement) tout simplement les normes européennes qui ont stupidement
décidé d’arrêter cette insuline.
Quelques chiffres sur la production bovine et porcine au cours des 20 dernières
années : https://www.3trois3.com/derniere_heure/hausse-de-45-de-la-productionmondiale-de-viande-depuis-20-
ans_16088/#:~:text=Production%20mondiale%20de%20viande%202000,Source%20%3A
%20FAO.&text=La%20production%20mondiale%20de%20viande%20a%20atteint%2033
7%20millions%20de,%2C%20contre%2039%20%25%20en%202000.
Votre article dit que Sanofi se fait démolir pour la création de la Lantus. Non, Sanofi
ne se fait pas démolir pour avoir créé la Lantus, non ! Ne prêtez pas aux intervenants
des propos qui ne sont pas les leurs. Par ailleurs, personne ne qualifie Sanofi
d’escrocs.
Pour la petite histoire, permettez-moi de corriger : Sanofi n’a pas créé la Lantus. Le
brevet de la Lantus a été déposé par la firme allemande Hoechst. 1er dépôt le 9 avril
1999 ; demande d’amendement le 22 novembre 1999 et accord obtenu le 19 janvier
2000. Hoechst a été racheté par une autre boîte dont j’ai oublié le nom, formant
Aventis, qui a ensuite été rachetée par Sanofi.
Ce qui est reproché à Sanofi, c’est le prix de cette insuline qui, d’expérience de
diabétique, n’apporte pas le bénéfice promis et a été mise en avant pour des
diabétiques de type 2 sans nécessité médicale, causant même des dégâts ! Mais
soyons bon enfant ; il faut des essais pour faire avancer la science.
https://www.reuters.com/article/france-sanofi-lantus-idFRL5N0JI0VI20131203
Je suis née en 1965 (Je doute d’être un cas unique). Je suis devenue diabétique en 1969
(Je doute une nouvelle fois d’être un cas unique). À cette époque, on ne disposait que
d’insuline au zinc, qui en faisait une insuline « lente ». J’utilisais de la « Zinc Mixte
Novo Lente ». Ça marchait plus ou moins bien puis a fini par ne plus marcher. On
couvrait de fait « plus ou moins 24h » comme le dit Bertrand Burgalat. Le témoignage
que vous lui reprochez comme « personnel, qui plus est sur une maladie évolutive et à
forte variabilité inter- et intra-individuelle » est cependant le vécu de toute la « vieille
génération » de diabétiques dont je fais partie, diabétiques ayant utilisé ces premières
insulines. Tous les « vieux » diabétiques vous le confirmeront. Il n’y avait rien d’autre.
Au risque de paraître une nouvelle fois désagréable, permettez-moi de dire que vous
voyez une nouvelle fois ce que vous voulez voir et entendre au sujet de « l’Amalgame
efficacité intrinsèque et amélioration de la qualité de vie ». L’expérience des patients
prouve encore une fois que la Lantus n’a pas l’effet promis. En fait, d’autres insulines
(concurrentes) fonctionnent même mieux mais sont délaissées face à la puissance
marketing de Sanofi pour sa Lantus.
À ce propos, il s’avère que les labos pharmaceutiques se font une guerre des brevets
sans merci. Face à ce risque, et pour continuer avec lui, Sanofi, qui a fait du diabète
l’une de ses sept grandes plates-formes de croissance, a par exemple décidé de
frapper fort pour le lancement d’une insuline glargine de nouvelle génération, appelée
U300. Le groupe français a carrément déposé plainte devant la justice américaine
pour contrefaçon. Il a accusé Lilly d’avoir violé quatre de ses brevets dans le domaine
du diabète, permettant de gagner du temps.
Sanofi, comme tous les grands laboratoires, n’en est pas à sa première bataille contre
un fabricant de génériques, ces copies de médicaments de marque. Allié au
laboratoire BMS, il a ainsi mené une longue guerre contre le génériqueur Apotex, qui
attaquait son ex-produit phare, l’anticoagulant Plavix. Avec succès, puisque Apotex a
été condamné, début 2012, à verser 442 millions de dollars de dommages et intérêts
à Sanofi et BMS.
Pour faire face à la concurrence des génériques de la Lantus, ou plutôt des « biosimilaires », puisqu’il s’agit d’un traitement issu de la biotechnologie, Sanofi a par
exemple tablé sur l’U300. Selon Sanofi, cette nouvelle formulation avait « un effet plus
régulier et plus prolongé que la Lantus ». Sanofi se contredit donc lui-même par
rapport à sa Lantus et la polémique que vous dénoncez mais passons …
Or, dans le calendrier prévisionnel initial, U300 et la version glargine de Lilly auraient
été au coude-à-coude aux États-Unis. Mais grâce à ce nouveau contexte, Sanofi a
disposé de presque 18 mois entre le lancement d’U300 et l’arrivée d’un bio-similaire
de glargine. Soit « un temps suffisant » pour permettre à sa nouvelle insuline de
remplacer peu à peu la Lantus dans les prescriptions sans craindre la concurrence du
produit de Lilly. Intérêt du patient ou intérêt financier ? Sans commentaire …
https://www.usinenouvelle.com/article/les-requetes-de-sanofi-sur-les-brevets-dulantus-rejetees-dit-mylan.N783219
https://www.lefigaro.fr/societes/2014/01/31/20005-20140131ARTFIG00360-sanofiattaque-eli-lilly-pour-defendre-son-lantus.php
Quant au commentaire de M. Chancel, ex-Sanofi, sur l’obligation sans la Lantus de se
faire les injections à 5h et 22h, permettez-moi de nouveau, sur base d’expérience
personnelle, de rappeler que sous un schéma 5 injections (2 lentes, 3 rapides), la
durée d’action des insulines lentes oblige encore très souvent, trop souvent, les
malheureux diabétiques à jongler avec l’injection de rapide du soir et celle de la lente
pour faire cette dernière le plus tard possible … et reprendre le schéma du matin le
plus tôt possible ! Tout ceci car les insulines vantées lentes ne le sont pas autant
qu’elles le sont décrites. Vive le diabète.
Les injections multiples donc ? Tous les diabétiques vous le confirmeront également,
c’est réellement atroce et de fait « invivable ». Peut-être que par esprit scientifique,
vous pourriez/devriez tester de vous faire 5 injections (de sérum physiologique
évidemment) par jour pendant ne serait-ce qu’une semaine (puis, soyons fou, tester
les pompes externes, idem). Vous expérimenteriez ainsi de première main, le temps de
quelques jours, notre quotidien de toujours. La différence étant qu’au bout d’une
semaine vous arrêterez … et que si nous le faisons, nous mourrons. Vive le diabète.
Les témoins cités dans votre article sont systématiquement dépouillés de leur titre et
fonction, diluant fortement la portée de leurs propos. Vous mentionnez par exemple
un « médecin germanophone ». Ce témoin n’est pas un médecin « germanophone »
lambda. Il s’agit en effet du Prof. Stephan Martin, allemand, pas « germanophone »,
chef de clinique de diabétologie de l’hôpital de Düsseldorf (c’est d’ailleurs écrit dans
un encart mais encore faut-il ne pas en faire abstraction). Il ne dit pas une seule fois
que les laboratoires ont promu l’insuline en remplacement des recommandations
hygiéno-diététiques. C’est totalement faux. Cela a certes été testé mais il dit lui-même
que le régime alimentaire, l’exercice physique, le changement de style de vie sont la
base d’une amélioration, voire d’une rémission (PAS d’une guérison). PAS une fois il ne
dit que l’insuline est la solution ! C’est d’ailleurs ce que confirme son patient, Wilfried
Staenger dont vous parler plus bas. Par souci d’exactitude, j’ai réécouté les séquences
en V.O. et les ai fait écouter à des collègues britanniques et allemandes (pas
« germanophones ») afin de vérifier ce qui était dit (ou pas).
L’hémoglobine glyquée ? De nouveau un amalgame incroyable des diabètes de type 1
et 2 et des raccourcis qui changent totalement le sens des propos tenus ! Les
contradictions trouvent plutôt leur origine dans votre lecture personnelle des faits
présentés. C’est l’utilisation à tort et à travers de l’HbA1c qui est dénoncée dans le film,
rien d’autre car c’est de fait un outil formidable.
Ci-dessous quelques articles sur le coût de production de l’insuline et les parts
touchées par les différentes strates, sachant que les firmes protègent jalousement
certaines infos qu’il faut alors extrapoler en les calculant sur des données dérivées
(données douanières d’importation par exemple – Les données sur le prix de
l’ingrédient pharmaceutique actif (IPA) exporté d’Inde ont été extraites d’une base de
données douanière en ligne -. Les fabricants d’insulines ont été contactés pour obtenir
des chiffres. Lorsque les prix du marché des API n’ont pas pu être identifiés, les prix
ont été estimés sur la base d’une comparaison de similarité, en termes de processus
de fabrication, avec les API pour lesquels les prix étaient disponibles. Les prix
potentiels des biosimilaires ont été estimés en ajoutant les coûts des excipients, les
coûts de formulation, de transport, de développement et de réglementation, ainsi
qu’une marge bénéficiaire. Coûts de production et prix potentiels des biosimilaires de
l’insuline humaine et des analogues de l’insuline : Un flacon d’insuline coûterait dès
lors entre $2 et un peu plus de $6 à produire selon le type d’insuline.
https://gh.bmj.com/content/3/5/e000850
https://www.verywellhealth.com/insulin-prices-how-much-does-insulin-cost-and-why5081872
https://www.natap.org/2019/HIV/052819_02.htm?fbclid=IwAR0Ahw_8Dq25AVVnDmLx
yRLIYah1GPd2KIsWS2QrXguGJF393l6Tjb7iEbw
https://edition.cnn.com/2023/03/09/health/insulin-cost-khnpartner/index.html?fbclid=IwAR0laI1p8_GjN1_wjXZ7PiBcTwaqe7gN1-
pN_UAAUgKEEI6DD_hFteE6R20
Je souhaite attirer votre attention sur un paragraphe d’un Article du Congressional
Research Service de 2018 « Insulin Products and the Cost of Diabetes Treatment » de
Judith A. Johnson :
“In the case of insulin, however, much of the initial basic research—original
drug discovery and patient trials—was performed 100 years ago. Other more
recent costs, such as developing the recombinant DNA fermentation process (over 35
years ago) and the creation of insulin analogs (about 20 years ago) may account for
some portion of the current price of insulin products, but exactly how much is known
only by the manufacturers. The pricing of insulin could also reflect accounting for
research costs of other drug products, both the past costs of drugs that were not
successful as well as future products that are currently under development”.
Vous abordez « L’omission classique des coûts de R&D dans l’évaluation du coût d’un
médicament » qui rejoint le point ci-dessus. En matière de R&D, et autres coûts
rentrant dans le prix de l’insuline, je vous invite à lire l’article des National Institutes of
Health (NIH) de 2018 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6157569/ dont
le résumé ci-dessous est assez parlant :
“High prices for insulin pose a barrier to treatment for people living with diabetes,
with an estimated 50% of 100 million patients needing insulin lacking reliable
access. As insulin analogues replace regular human insulin (RHI) globally, their
relative prices will become increasingly important. Three originator companies control
96% of the global insulin market, and few biosimilar insulins are available. We
estimated the price reductions that could be achieved if numerous biosimilar
manufacturers entered the insulin market.
Data on the price of active pharmaceutical ingredient (API) exported from India were
retrieved from an online customs database. Manufacturers of insulins were contacted
for price quotes. Where market API prices could not be identified, prices were
estimated based on comparison of similarity, in terms of manufacturing process, with
APIs for which prices were available. Potential biosimilar prices were estimated by
adding costs of excipients, formulation, transport, development and regulatory costs,
and a profit margin.
Results: The manufacturing processes for RHI and insulin analogues are similar. API
prices were US$24 750/kg for RHI, US$68 757/kg for insulin glargine and an estimated
US$100000/kg for other analogues. Estimated biosimilar prices were US$48–71 per
patient per year for RHI, US$49–72 for neutral protamine Hagedorn (NPH) insulin and
US$78–133 for analogues (except detemir: US$283–365).
Conclusion: Treatment with biosimilar RHI and insulin NPH could cost ≤US$72
per year and with insulin analogues ≤US$133 per year. Estimated biosimilar
prices were markedly lower than the current prices for insulin analogues.
Widespread availability at estimated prices may allow substantial savings
globally.”
L’ “Article du Congressional Research Service de 2018 «Insulin Products and the Cost
of Diabetes Treatment » de Judith A. Johnson, est également intéressant :
Price of Insulin, Cost of Manufacture, and Profit
The price of a drug often has very little basis in the cost of manufacturing a drug.
Also, it is very rare to find data on manufacturing costs; this is considered to be
proprietary information. However, a 1995 paper in Biotechnology and Bioengineering
focused on the process used by Eli Lilly in the commercial production of insulin using
E. coli bacteria. The authors found that the total cost involved in making enough
insulin to treat one patient per year is $33.60. This amount would be altered by
inflation but would be offset by process improvements. Most of the
manufacturing cost (94.2%) is associated with the recovery and purification of
insulin; the remainder (5.8%) is the fermentation process using E. coli.
The economic analysis includes the cost of raw materials, product separation
materials, facility overhead (depreciation and maintenance of the facility), treatment
and disposal of waste materials, and labor of plant operators and laboratory
scientists who perform analysis of the process and product (quality control/quality
assurance).
It does not account for other costs, such as the cost of vialing and quality assurance
of vialing, distribution costs, promotion and advertising costs, and briefly mentions
research and development cost recapture.
In the case of insulin, however, much of the initial basic research—original drug
discovery and patient trials—was performed 100 years ago. Other more recent
costs, such as developing the recombinant DNA fermentation process (over 35
years ago) and the creation of insulin analogs (about 20 years ago) may account
for some portion of the current price of insulin products, but exactly how much
is known only by the manufacturers. The pricing of insulin could also reflect
accounting for research costs of other drug products, both the past costs of drugs
that were not successful as well as future products that are currently under
development.
A September 2018 study published in BMJ Global Health calculates that a year’s
supply of human insulin could be $48 to $71 per person and between $78 and
$133 for analog insulins; this amount would cover production costs and still
deliver a profit to the manufacturer.
How much profit is fair is another piece of the drug pricing puzzle. A November
2017 Government Accountability Office (GAO) report found that the average
profit margin was 20% in 2015 for the largest 25 drug companies, compared
with 6.7% for the largest 500 companies in general. The three insulin
manufacturers are among the largest 25 drug companies.
Le montant du « profit juste / acceptable » est une autre pièce du puzzle de la
tarification des médicaments. Cette dernière partie, comme déjà dit plus haut,
est précisément tout le problème …
https://www.verywellhealth.com/insulin-prices-how-much-does-insulin-cost-and-why5081872
Vous évoquez un « épuisement progressif de l’efficacité des traitements ». Remettons
les choses dans leur contexte : le monsieur diabétique dont vous parlez, M. Wilfried
Staenger, souffre de diabète de type 2.
Il dit lui-même que le régime alimentaire, l’exercice physique, le changement de style
de vie lui ont permis d’arrêter les médicaments. Il suit une discipline de vie stricte,
basée sur une bonne alimentation et du sport. Il s’agit cependant de rémission, chose
dont il a conscience, PAS de guérison. L’insuline, dans des cas comme le sien, n’est
utilisée qu’en tout dernier recours quand plus rien d’autre ne marche mais dans tous
les cas, que ce soit l’insuline ou les médicaments, un traitement ne marche que si le
patient accepte de faire ce qu’il faut !
Je suis diabétique de type 1, mon mari est type 2. Nous avons l’un et l’autre une
discipline de vie similaire, avec une alimentation très variée et équilibrée et nous
faisons pas mal de sport. Lorsque l’on vit avec un diabète, le « régime » alimentaire
fait de fait partie intégrante du traitement, que l’on soit diabétique de type 1 ou 2,
simplement pour normaliser autant que possible le taux de sucre dans le sang et
ainsi éviter les complications. Chez les diabétiques de type 1, c’est le b-a-ba du calcul
des doses d’insuline. Chez les DT2, le régime et la perte de poids sont de fait parfois
suffisants pour certains, pas pour d’autres mais on ne peut pas tirer de conclusions
hâtives comme vous le faites. M. Staenger dit simplement qu’aujourd’hui, il est
heureux et qu’il vit bien au rythme de son nouveau mode de vie (il suffit d’écouter la
V.O., il le dit clairement lui-même). Il n’est pas une exception mais il faut intégrer de
nombreux autres paramètres dans l’équation, chose qui n’est pas faite dans votre
article. Un diabétique à Oran, Casablanca, en Laponie ou simplement au fin fond de
nos campagnes par exemple aura plus de difficultés avec de telles règles de vie en
raison d’un contexte socio-économico-culturel différent du nôtre ! Cela demande
malgré tout aussi une volonté qui fait largement défaut à beaucoup mais qui est
visiblement intégrée par Monsieur Staenger. Et il y a de nombreux autres paramètres,
médicaux aussi, qu’il faudrait aborder.
En ce qui concerne les omissions relatives à l’Avandia, il s’avère cependant que des
études de 2020 et 2022, soit 3 ans et 5 ans plus tard, montrent que les risques sont
confirmés.
Look at Avandia Data Shows Stronger Link to Heart Problems – Feb 6, 2020 by Mary
Caffrey https://www.everydayhealth.com/type-2-diabetes/heart-risks-from-diabetesdrug-avandia-confirmed-in-new-study/
https://www.managedhealthcareexecutive.com/view/look-avandia-data-showsstronger-link-heart-problems
16.03.2022 – Side effects of Avandia (ça ne donne pas envie d’utiliser)
https://www.medicalnewstoday.com/articles/drugs-avandia-side-effects#mild-sideeffects
Le scandale de l’Avandia a semble-t-il été le point de départ d’une nouvelle pratique
de vérification mais Arte ne le savait pas encore, question de timing.
En ce qui concerne la « Sempiternelle confusion entre lien et conflit d’intérêt », peutêtre est-il utile de commencer avec la définition d’un conflit d’intérêt et de voir ce que
dit par exemple la Fédération Nationale de l’Information Médicale de la question du
conflit d’intérêt dans le domaine médical https://www.lafnim.com/actualite/laquestion-du-conflit-d-interet-dans-le-domaine-medical10.htm#:~:text=Quelle(s)%20relation(s,le%20b%C3%A9n%C3%A9fice%20de%20l'entre
prise. Et le CAIRN ou simplement le document de l’HAS, « HAS – Santé.fr / guide-dpi –
Déclarations d’intérêts et gestion des conflits d’intérêts Guide de déontologie » Validé
par le collège le 9 mars 2023.
Constitue un conflit d’intérêts toute situation d’interférence entre un intérêt public
et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou à paraître
influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif d’une fonction. »
Un conflit d’intérêts naît d’une situation dans laquelle les liens d’intérêts d’un expert
sont susceptibles, par leur nature ou leur intensité, de mettre en cause son
impartialité ou son indépendance dans l’exercice de sa mission d’expertise au regard
du dossier à traiter. »CAIRN INFO – Santé, la transparence en question – 28 août 2020
https://www.cairn.info/sante-la-transparence-en-questions–9782810906758-page37.htm
La transparence des liens entre médecins et laboratoires est une nécessité absolue,
les récents scandales autour du médicament l’ont montré et l’UFC-Que Choisir
dénonce régulièrement les conflits d’intérêts entre professionnels de santé et industrie
pharmaceutique. Le site Transparence Santé, édité sous l’égide du ministère de
la Santé, répertorie les avantages versés par les industriels de la santé
(laboratoires pharmaceutiques, industrie cosmétique, fabricants de dispositifs
médicaux, etc.) non seulement aux médecins, mais à l’ensemble des
professionnels de santé, aux étudiants, aux hôpitaux, aux cliniques,
associations de patients, etc. Par rapport aux données publiées depuis octobre
2013 sous la responsabilité de l’Ordre des médecins, notamment, c’est un progrès, car
les informations sont plus lisibles, et il est possible de faire une recherche multicritère.
Mais il manque toujours l’essentiel : certes, l’existence de conventions de
recherche – ces accords qui formalisent la participation à une recherche ou à
un essai clinique – est mentionnée, mais leur montant n’est pas précisé. Or les
sommes s’élèvent à des dizaines de milliers d’euros, et scellent des liens forts
entre les industriels et les médecins
Plus grave encore, les conventions commerciales – c’est-à-dire les contrats
prévoyant une rémunération en contrepartie d’une intervention lors d’un
colloque ou d’un congrès – sont totalement passées sous silence. Or elles
représentent des montants très importants, et sont l’occasion pour les
industriels de nouer des relations privilégiées, d’employeur à employé, avec les
médecins.
Le Quotidien du médecin -Lancement de « Euros for docs », base de données
européenne sur les liens d’argent entre labos et médecins – PAR MARTIN DUMAS
PRIMBAULT – PUBLIÉ LE 01/06/2021
https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/medicament/lancement-deeuros-docs-base-de-donnees-europeenne-sur-les-liens-dargent-entre-labos-etmedecins
Créée par deux Français cracks en informatique, Pierre-Alain Jachiet et Luc Martinon,
cette immense base de données agglomère les informations issues de registres publics
ou d’initiatives indépendantes de transparence dans onze pays européens : Espagne,
Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Italie, Belgique, Allemagne, Suisse, Danemark,
Irlande et Suède. La France rejoindra la liste très prochainement.
https://www.eurosfordocs.fr/
« Tout démontre que l’influence de l’industrie pharmaceutique sur les
médecins, les institutions politiques et les processus de réglementation est
pernicieuse, expliquent au « Monde » les informaticiens pour justifier leur
initiative. La pression des médias et des citoyens est la seule solution pour faire
changer les mentalités. »
« Laboratoires et entreprises de technologie médicale dépensent énormément
d’argent pour promouvoir leurs produits auprès des médecins et autres
professionnels de santé, peut-on lire sur le site. À ce jour, « Euros for docs » recense
entre 2017 et 2019 près de 1,8 million de liens d’intérêt pour un total de 8,5
milliards d’euros versés par les labos aux professionnels de santé.
« Ce marketing prend la forme de cadeaux, dîners, conférences très bien rémunérées,
bourses de recherches, sponsoring etc. », explique encore « Euros for docs » qui
s’oppose à l’idée que la collaboration entre industrie pharmaceutique et
professionnels de santé bénéficie aux patients.
Bien au contraire, ces liens d’argent « faussent le savoir et la pratique médicale
» et « alourdissent le coût des dépenses de santé ». « Bien que cela bénéficie
aux médecins financièrement (ou pour leur carrière), cela peut exposer les
patients à des risques inutiles », expose le site internet. « Plusieurs scandales
dans le domaine de la santé ont à maintes reprises mis ces pratiques problématiques
au premier plan et exigent une réglementation plus stricte », avancent les
informaticiens.
En 2014, à la suite du scandale du Mediator, le gouvernement français avait déjà
lancé une base de données similaire intitulée Transparence-Santé. Mais celle-ci était
déjà jugée imparfaite par Pierre-Alain Jachiet qui a créé en 2018 Eurosfordocs.fr afin
d’en faciliter l’exploration.
Charbonnel – lien d’intérêts ou conflit d’intérêts ?
https://www.quechoisir.org/actualite-conflits-d-interets-des-medecins-le-site-officielincomplet-n4895/#:~:text=Vous%20trouverez%20l'information%20sur,.sante.gouv.fr
Quelques données relatives au Pr Bernard CHARBONNEL – Transparence- Santé
Endocrinologie et métabolismes
Université de Nantes
Liens d’intérêt – Déclarations d’intérêt – Mis à jour le 27/02/2020
https://www.edimark.fr/auteurs/bernard-charbonnel
B. Charbonnel déclare avoir des liens d’intérêts avec AstraZeneca, Lilly, MSD, Novo
Nordisk, Sanofi
B. Charbonnel déclare avoir des liens d’intérêts avec : AstraZeneca, BoehringerIngelheim, Janssen, Lilly, Merck-Sharpe & Dohme, Novartis, Novo Nordisk, Sanofi,
Takeda (honoraires, ou défraiements en tant que consultant et conférencier).
https://www.edimark.fr/revues/correspondances-en-metabolismes-hormonesdiabetes-nutrition/n-1-fevrier-2020-copy/diabete-apres-les-grands-essais-lesnouvelles-recommandations-de-prise-en-charge-du-diabete-de-type-2
https://transparence.sante.gouv.fr/pages/infosbeneficiaires/?refine.id_beneficiaire=48
830
Quelques infos relevées sur le site Transparence Santé de la HAS (au total, 7 pages
couvrant 2014 à 2020). Difficile de démêler les liens d’intérêts et les conflits
d’intérêts… Où peut se trouver l’indépendance, l’impartialité et l’objectivité de ce
Monsieur ?
• SANOFI-AVENTIS GROUPE – convention – 7 octobre 2014 – Contrat d’intervenant à une
manifestation – Montant non renseigné
• SANOFI AVENTIS France – rémunération – 26 juin 2017 – 1 576€
• SANOFI WINTHROP INDUSTRIE – convention – 8 juillet 2017 – Contrat d’intervenant à une
manifestation – Montant Non renseigné
• SANOFI AVENTIS France – avantage – 9 juin 2017 – 1 405€
• Lilly France SAS – convention – 5 janvier 2018 – Contrat d’intervenant à une manifestation
– Montant Non renseigné
• NOVO NORDISK – rémunération – 29 janvier 2018 – 1 343€
• NOVO NORDISK – avantage – 31 janvier 2018 – 270€
• NOVO NORDISK – avantage – 31 janvier 2018 – 274€
• NOVO NORDISK – convention – 1 février 2018 – Contrat d’intervenant à une manifestation
– Montant Non renseigné
• NOVO NORDISK- rémunération – 27 février 2018 – 1 343€
• SANOFI AVENTIS France – rémunération – 1 mars 2018 – 1 342€
• MSD France – convention – 20 mars 2018 – Contrat d’expert scientifique – montant
non renseigné
• Lilly France SAS – rémunération 27 mars 2018 – 1 988€
• MSD France – convention – 27 mars 2018 – Contrat d’expert scientifique – montant
non renseigné
• NOVO NORDISK – rémunération 12 avril 2018 1 119€
• NOVO NORDISK – rémunération 12 avril 2018 895€
• MSD France – convention – 13 avril 2018 – Contrat d’intervenant à une manifestation –
Montant Non renseigné
• NOVO NORDISK – convention – 11 juillet 2018 – Contrat d’expert scientifique – Montant
Non renseigné
• NOVO NORDISK – rémunération – 27 août 2018 – 266€
• Lilly France SAS – avantage – 11 septembre 2018 – 266€
• Lilly France SAS – convention – 11 septembre 2018 – Contrat d’expert scientifique – 1 200€
• Lilly France SAS – rémunération 17 octobre 2018 – 1 200€
• Lilly France SAS – rémunération 13 novembre 2019 – 1 650
• MSD France – rémunération 14 novembre 2019 – 88€
• NOVO NORDISK – rémunération 8 juin 2020 – 1 500€
• NOVO NORDISK – convention – 6 juillet 2020 – Contrat d’intervenant à une manifestation –
montant non renseigné
• NOVO NORDISK rémunération 23 juillet 2020 600€
• NOVO NORDISK rémunération 23 juillet 2020 600€
• NOVO NORDISK rémunération 24 août 2020 555€
• NOVO NORDISK rémunération 28 décembre 2020 600€
• NOVO NORDISK rémunération 28 décembre 2020 300€
Euros for Docs indique qu’en 2022 il en était à 518.000 euros et 817 déclarations
depuis 2012 ainsi que 91 conventions sans montant traçable (les plus élevées). Je vous
invite à vérifier vous-même.
Sempiternel amalgame de quel côté ?
Je conclurai simplement en disant que votre article se positionne théoriquement du
côté de la science mais accumule les approximations et les erreurs. De plus, il n’y a
aucune référence alors que c’est la base de toute discussion qui doit s’appuyer sur des
écrits scientifiques rigoureux. Aucune source mais systématiquement des arguments
d’autorité.
J’espère sincèrement ne pas vous avoir trop fâchée mais pouvoir rouvrir la discussion
et éventuellement déboucher sur des modifications de votre article.
Anne Durieux