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COVID-19 : comment le sentiment d’appartenance à une communauté peut augmenter l’acceptation du vaccin

par Juliet Wakefield, Maître de conférences en psychologie sociale, Nottingham Trent University

Si l’on vous demandait d’énumérer les choses que les gens devraient faire pour prolonger leur vie, que diriez-vous ? La plupart d’entre nous mentionneraient des choses comme arrêter de fumer, faire de l’exercice régulièrement ou maintenir un poids de forme. Bien que ces mesures soient indubitablement importantes, des recherches antérieures ont révélé quelque chose d’assez surprenant : nos relations sociales jouent un rôle plus important dans la prolongation de notre vie que toutes ces mesures.

En analysant les données de plus de 300 000 participants, les auteurs d’une vaste étude ont constaté que l’intégration sociale (le fait d’appartenir à différents groupes sociaux et de participer à des activités de groupe) et le soutien social (le fait de recevoir des conseils, des ressources et un soutien émotionnel de la part de notre entourage lorsque nous en avons besoin) diminuent nos chances de décès dans une plus large mesure que le fait de boire de faibles quantités d’alcool, de ne pas fumer, de ne pas être obèse et d’être physiquement actif.

Il est donc possible d’améliorer la santé des gens en améliorant leurs liens sociaux. C’est ce que l’on appelle l’approche de la guérison sociale, et elle est pertinente dans toutes sortes de situations. Dans le cadre de nos recherches récentes, mes collègues et moi-même avons voulu voir si elle pouvait être utilisée pour améliorer la santé des personnes au cours de la pandémie, et plus précisément en augmentant la probabilité que les gens protègent leur santé en se faisant vacciner contre le COVID-19. Mais comment cela pourrait-il fonctionner ?

L’impact de l’appartenance à un groupe

L’appartenance à un groupe peut améliorer le bien-être mental et physique, mais uniquement dans la mesure où l’on s’identifie et où l’on a le sentiment d’appartenir au groupe en question. Lorsque vous avez le sentiment de vous identifier à un groupe, vous en tirez toute une série d’avantages.

Les groupes offrent un soutien social, et le fait de se sentir membre d’un groupe peut également conduire à une meilleure estime de soi, à un plus grand sens de la vie et à un sentiment accru de contrôle personnel sur les événements de la vie. Des études montrent que tous ces éléments peuvent améliorer la santé mentale.

S’identifier à un groupe peut également nous amener à adopter un comportement plus sain. Cela peut être dû au fait que le groupe a des comportements sains attendus, ou « normes », que les personnes qui s’identifient fortement au groupe sont alors particulièrement susceptibles de suivre. Par exemple, dans une étude portant sur des étudiants australiens, ceux qui s’identifiaient davantage à leur identité d’étudiant étaient plus susceptibles de faire de l’exercice régulièrement et de se protéger du soleil, car il s’agissait de comportements normatifs parmi les étudiants de ce pays.

Les membres d’un groupe peuvent également adopter un comportement sain du fait que si un groupe est psychologiquement important pour eux, ils ressentent un sentiment d’obligation envers lui. Lorsque les membres s’identifient fortement à un groupe, ils souhaitent rester en bonne santé pour l’aider à atteindre ses objectifs. Des recherches ont montré que plus les gens s’identifient à un groupe, moins ils sont susceptibles par exemple de fumer et de boire excessivement,.

L’appartenance à un groupe dans COVID-19

L’appartenance à une communauté locale a été particulièrement mise en avant pendant la pandémie. Il y a eu de nombreux actes de solidarité collective, comme l’aide aux voisins et le respect des règles de confinement, ainsi que des expressions d’espoir et de gratitude collectives, comme l’applaudissement des soignants et les fenêtres arc-en-ciel (note du traducteur : initiative d’un photographe au Royaume-Uni de photos d’enfants aux fenêtres avec un objet représentant un arc-en-ciel, pendant le confinement).

Des recherches antérieures ont montré que le fait de voir les autres s’entraider pendant une crise peut aider ce type de comportement « pro-social », où les gens veillent les uns sur les autres, à devenir une norme de groupe. Il est donc possible que les gens ressentent désormais un lien plus fort avec leur communauté locale et un plus grand désir de s’aider et de se protéger mutuellement.

Des recherches antérieures ont également montré que lorsque l’identification au groupe implique un sentiment de devoir envers les autres, cela peut influencer directement l’adoption du vaccin. Une étude auprès du personnel infirmier a montré que s’identifier fortement à leur identité de personnel infirmier était particulièrement favorable à sa vaccination contre la grippe. Cela s’explique par le fait que le fait d’avoir un sens élevé du devoir envers leurs patients (et donc de vouloir les protéger de la grippe) était une norme clé de leur identité de personnel infirmier.

Nous avons donc prédit que l’identification à la communauté influencerait positivement le désir d’une personne de protéger sa santé et celle de son entourage en se faisant vacciner contre le COVID-19. Au début du déploiement du vaccin au Royaume-Uni, nous avons recruté 130 participants pour tester cette théorie, et nos résultats ont confirmé nos prédictions.

Plus précisément, nous avons constaté que le degré d’identification d’une personne à sa communauté permettait de prédire le sentiment de devoir, envers la communauté, de se faire vacciner. À son tour, la force de son sentiment de devoir de se faire vacciner prédit sa volonté réelle de se faire vacciner. Nous avons constaté que c’était le cas même après avoir contrôlé l’âge et le statut socio-économique, deux variables connues pour prédire la volonté de se faire vacciner.

Alors, comment pouvons-nous encourager une identification communautaire plus profonde chez les personnes afin de profiter de ces avantages ? Le bénévolat est une stratégie prometteuse. Dans le cadre d’une autre recherche, mes collègues et moi-même avons constaté qu’il existe une relation positive entre le nombre d’heures de bénévolat d’une personne et son degré d’identification à sa communauté.

Nous avons également constaté que si une personne participait à des efforts coordonnés pour aider sa communauté locale pendant la pandémie, cela permettait de prédire correctement que son sentiment d’identification à la communauté serait plus fort.

Ces résultats montrent que les communautés sont une ressource puissante et que si le gouvernement veut empêcher que l’adoption du vaccin COVID-19 ne stagne, il pourrait faire davantage pour inciter les gens à s’engager dans le bénévolat, afin de renforcer leur lien avec leur communauté locale.

Traduction : Citizen4Science – lien vers l’article original

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