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Dérives sectaires : le gouvernement lance ce jour une campagne de sensibilisation du grand public. Santé, fortune, éducation et éveil spirituel dans le viseur

La pandémie de Covid-19 et la puissance des réseaux sociaux et du numérique ont permis un développement inquiétant de propositions et activités douteuses qui mettent les personnes en danger. Le ministère de l’Intérieur est en charge de la lutte

Cette campagne est le fruit parmi d’autres d’une stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires qui est née d’une concertation interministérielle. On a déjà évoqué dans ces colonnes le projet de loi sur ce thème, et notamment son article 4 très controversé, inventant un nouveau délit et auquel on reproche qu’il pourrait dangereusement entacher la liberté d’expression. Sabrina Agresti-Roubache, Secrétaire d’État au près du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, est chargée de la Citoyenneté et de la Ville et particulièrement de ce combat aux côtés de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), sous l’autorité du Secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR).

La MIVILUDES définit les dérives sectaires : « la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société ».

La prévention essentielle

Pour justifier la campagne qui est lancée pour une durée d’un mois sur les réseaux sociaux, évoquant des milliers de victimes chaque année, elle déclare : « Au-delà des mesures répressives, il est primordial d’agir en amont, sur le terrain de la prévention et de l’information. Nos concitoyens doivent être informés des risques auxquels ils peuvent être exposés, notamment sur les réseaux sociaux et sur internet. […] Il est crucial de reconnaître que nous sommes tous susceptibles d’être victimes de ces dérives, car nous avons tous nos faiblesses et nos fragilités, quelle que soit notre histoire personnelle. »

Un enjeu complexe, comme on l’a vu lors des débats sur la loi en discussion, dont est conscient le ministère de l’Intérieur qui affirme inscrire cette campagne de prévention s’inscrit « dans le respect de la protection des libertés fondamentales, liberté de conscience, notamment religieuse, liberté d’association, liberté
d’expression et respect de la laïcité
. »

Un film et 4 vidéos de 20 secondes pour 4 thématiques

La signature de la campagne est : « Ensemble, gardons les yeux grands ouverts », précédé d’un appel à l’action : « Pour apprendre à repérer les dérives sectaires et les signaler, rendez-vous surmiviludes.interieur.gouv.fr« 

Les 4 thèmes en vidéo

Tout d’abord la santé, objet très convoité de personnes non professionnels de santé qui ont trouvé un filon profitant notamment du désarroi et des faiblesses introduites par la crise sanitaire mondiale survenue en 2020. Dans le viseur, ce qu’on appelle désormais les « pratiques de soins non conventionnelles », «médecines alternatives »,  » médecines complémentaires », médecines « non chimiques » ou « non-médicamenteuses » associées aux « médecines naturelles, comme la naturopathie, l’ostéopathie, la réflexologie, l’hypnose, la sophrologie, le jeûne thérapeutique, etc. Les cas de mises en danger de personnes avec signalement sont en forte augmentation comme l’ont constaté la MIVILUDES et les Ordres professionnels de santé (médecins, pharmaciens) et c’est d’ailleurs le premier domaine de risque de dérives sectaires quantitativement parlant (25 % des signalements, 1825 cas en 2010 pour 4020 en 2021). La MIVILUDES rappelle à ce titre que des réseaux dangereux sont organisés pour attirer les personnes dans ces pratiques douteuses, décrivant de « petites structures diffuses, mouvantes et moins aisément identifiables qui s’appliquent très insidieusement au domaine de la santé, du bien-être et de l’alimentation ». Les personnes attirées par ces réseaux sont bien sûr les victimes recevant ces « soins » mais aussi celles qu’on recrute activement pour les prodiguer avec promesses par exemple de reconversion avec des formations promettant parfois qualification avec diplôme.
Les victimes finales n’ont souvent pas conscience de ce qu’on leur vend vraiment, étant mises sous emprise. La dangerosité provient ainsi de la mise en situation de faiblesse psychologique, des « soins » prodigués qui peuvent être dangereux ou ne pas l’être mais empêchant ou retardant une prise en charge médicale valide, ce qui peut avoir des conséquences graves.

Source : ministère de l’Intérieur

L’argent est également une thématique très exploitée. On vend au chaland de faire fortune ou trouver des revenus faciles et conséquents séduisent et cela est très exploité, par exemple vous assurant que vous pouvez devenir un trader gagnant à domicile devant votre écran en vous apprenant à décoder et prédire les mouvement boursiers. Il y a aussi des montages financiers à base d’escroquerie, appelés « systèmes de paiement pyramidaux » (pyramide de Ponzi) ou des systèmes de captation d’héritages. Ces actions sont parfois masqués sous forme de coachings et de formations. On incite parfois les victimes à opérer des transferts financiers avec des comptes à l’étranger non maîtrisés et pillés. Cette thématique de l’argent dans les dérives sectaires est « en pleine expansion », prévient le ministère de l’Intérieur.

L’éducation n’est pas en reste, les enfants et jeunes étant particulièrement à risque de manipulation malveillante. Il s’agit d’enseignement alternatif, hors cadre comme dans les établissements hors contrat avec l’éducation nationale (exemple connu : les écoles Steiner), l’enseignement à domicile, mais aussi les activités extra-scolaires. À noter que le gouvernement évoque aussi « l’enseignement supérieur » comme susceptible de donner lieu à des dérives sectaires.

Enfin, l’éveil spirituel, on le comprend peut être source de tous les dangers et quel que soit la mouvance (chrétienne, bouddhiste, indouiste ou autre). On recense comme effet la déstabilisation de personnes, des escroqueries financières, du travail dissimulé et des abus sexuels. Le ministère de l’Intérieur met en exergue par rapport aux signalements à la MIVILUDES les mouvements dangereux actuels que sont le néo-chamanisme, le masculinisme, le féminin sacré et le bouddhisme.

Pour plus d’informations et pour signaler un cas de dérive sectaire ou personne en danger : www.miviludes.interieur.gouv.fr

Image d’en-tête : ministère de l’Intérieur

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