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La dénomination « steak » de soja ou autre végétal, c’est fini : les producteurs français fragilisés

C’est un décret paru en plein Salon de l’Agriculture qui satisfait les éleveurs mais place en difficultés la filière française du végétal

Très prochainement soit le 30 avril, il ne sera plus possible de donner le nom de « steak », « jambon », « filet », « escalope » entre autres à un produit d’origine végétale, des dénominations désormais réservées à la viande et autre charcuterie. Le décret vise ainsi des termes qui font « référence aux noms des espèces et groupes d’espèces animales, à la morphologie ou à l’anatomie animale ».

Voilà de quoi faire plaisir à la filière de l’élevage, qui voit sa terminologie d’origine protégée. Comme si le gouvernement avait voulu brosser les éleveurs dans le sens du poil. Ironie du sort : les éleveurs sont confortés aussi dans leur possibilité d’incorporer des produits végétaux (en quantité limitée) dans leurs produits de viande.

Le Premier Ministre Gabriel Attal s’est empressé d’annoncer la bonne nouvelle aux éleveurs le jour-même, soit le 27 février, sur X (ex Twitter) : « C’était une demande de nos éleveurs : le décret interdisant les dénominations steak, escalope ou jambon pour les produits végétaux a été publié aujourd’hui« .

La « boucherie », ce sont donc les producteurs français de steaks végétaux qui risquent désormais de la subir, au propre et au figuré.

Concurrence déloyale

C’est ce qu’a évoqué la direction d’une jeune entreprise dynamique, Happyvore, de création toute récente (mi-2023), touchée ainsi dans cœur de métier. La PME du Loiret qui emploie 130 personnes propose des produits qui utilisent largement les termes de la boucherie : steaks, nuggets, cheeseburgers,… tous végétaux. Dans ses slogans, Happyvore se targue clairement « d’envoyer du steak« .

Visée aussi, l’entreprise La Vie vend du végétal avec des dénominations issues de la charcuterie : « jambon » lardons », « bacon » sont au programme.
L’entreprise avait réagi directement et immédiatement à l’annonce de Gabriel Attal sur le réseau social X :

En effet, cette disposition législative n’est applicable qu’à la production végétale fabriquée en France, les autres pays dont la Communauté européenne n’étant pas du tout dans l’esprit de cette nouvelle disposition légale tricolore à titre de restriction terminologique. Cela veut dire ne pratique que l’on ne pas cesser de trouver dans les rayons des supermarchés du « steak de soja », ou de blé ou de tout autre végétal. Tous les produits concernés fabriqués hors France seront toujours là. Et notamment les produits de grandes enseignes internationales comme Nestlé avec ses produits phares Herta.

Risque de confusion des consommateurs

Et le consommateur dans tout cela ? La confusion semble promise avec des produits identiques dans les rayons portant des noms différents à cause du décret.

D’un point de vue commercial, un « steak végétal » n’est-il pas plus vendeur que « galette végétale » pour qui cherche un substitut à la viande ?

La filière française du végétal risque d’être très pénalisée en termes d’attractivité de ses marques et donc de résultats, sans compter les coûts de reconversion de marque évoqués plus haut.

Un remake de 2022

Il ne faut pas oublier que le souhait de bannissement de noms pour les produits végétaux par le gouvernement n’est pas nouveau. Une tentative avait déjà été faite en 2022 avec un décret très similaire, suspendu par le Conseil d’État qui outre ses remarques avait renvoyé la question devant la Cour de justice européenne car la décision française n’est pas en phase avec la réglementation agro-alimentaire de la CEE.

Le décret 2024 est donc une nouvelle monture qui tient compte des observations formulées par le Conseil, créant notamment une liste détaillée des dénominations interdites qui manquait à la version 2022.

Alors, essai transformé ? Pas sûr.

D’une part, les start-up françaises des steaks végétaux citées plus haut ne décolèrent pas de la parution du décret et ont décidé de contre-attaquer. Elles considèrent de toute façon ne pas pouvoir tout changer pour se conformer à la nouvelle règle en quelques semaines comme les y oblige la loi.

D’autre part, la Cour de justice de la CEE n’a pas rendu son avis sur le premier décret, ce qui laisse une incertitude sur la validité du second suite au jugement à venir.

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