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Éditorial – 7/01/2024

Des vœux pour 2024 ? moins de journalisme militant poreux aux influenceurs de réseaux sociaux, plus de vérification de faits et d’analyses expertes, moins de neuf avec du vieux !

Ce seront probablement des vœux pieux tant la tendance qui ne va pas dans ce sens. Mais pour démarrer la nouvelle année il nous a paru essentiel de les exprimer, en tant que petit site d’actualité indépendant et à visée non commerciale au milieu des grands médias qui mènent la danse de l’opinion publique.

Les réseaux sociaux sont devenus une source d’information incontournable pour les médias. C’est justifié d’abord parce que beaucoup de personnalités notamment politiques les utilisent pour s’exprimer. C’est aussi un terrain propice aux débats et polémiques dont sont friands les médias. On trouve sur les réseaux sociaux de quoi faire des articles à base de scoops et de titres à sensation assez facilement. Trop facilement ? C’est en tout cas le nerf de la guerre pour beaucoup de médias à visée lucrative, c’est-à-dire l’écrasante majorité. Et oui, l’information est une marchandise, cela ne contribue pas forcément à la qualité.


Un autre écueil est le journalisme militant. Quand le militantisme happe la déontologie journalistique, au premier chef le principe de vérification des faits et l’appel à des experts en la matière des sujets traités, on se retrouve sur une pente bien dangereuse.
On voit de plus en plus des médias de premier plan prendre pour argent comptant des témoignages personnels issus de publications de personnes s’exprimant sur les réseaux sociaux, en faire des articles sans la moindre vérification des allégations des intéressés, les transformant ainsi aux yeux du public en faits avérés sans la moindre remise en question grâce au tampon « média professionnel ».
Pour ajouter à la confusion, quand des journalistes de médias mainstream voire du service public se mettent à intervenir intensivement sur les réseaux sociaux brandissant une étiquette de « fact-checker » professionnel sur un compte personnel pour du militantisme parfois politique, on a du mal à faire la part entre l’information et l’opinion. Or c’est bien ce que le journalisme doit permettre de différencier.


On fait face à un problème similaire concernant l’appel à des experts par les journalistes pour analyser et valider des informations. Pour ce faire, le travail préalable du journaliste est d’identifier des experts en la matière. Par facilité ou embrigadement dans des clans numériques, certains journalistes choisissent la facilité : puiser dans un vivier à portée de clic d’experts autoproclamés sur les réseaux sociaux. Beaucoup ne le sont pas le moins du monde, même si certains sont des amateurs éclairés. La pandémie de Covid-19 a ainsi généré des faux experts en nombre parmi notamment « 60 millions de covidologues » qui maîtrisent et analysent tout avec l’aplomb d’un expert. Les plus ambitieux frappent à la porte des journalistes dans une tentative autoréalisatrice de validation d’expertise auprès d’un média crédule qui pourrait « donner le tampon » au moyen d’une citation de leurs propos. Malheureusement, cela marche parfois. On a vu ainsi depuis 2020 des micros tendus sur l’épidémiologie du Covid-19, l’efficacité et la sécurité des vaccins et de l’hydroxychloroquine ou le Code de la santé publique à des informaticiens, des sociologues, des historiens, des conseils en marketing, des chimistes, des biologistes, voire plus insidieux des médecins s’exprimant hors de leur spécialité, voire des « médecins spécialistes » sans thèse d’exercice ou des présidents d’association de victimes non déclarées en préfecture, et pourtant présentés comme tels dans les plus grands médias.
Il n’est pas normal que l’imposture franchisse la barrières des réseaux sociaux où tout est permis.

Enfin, pourra-t-on un jour passer à l’ère post Didier Raoult ? La science et son image en ont cruellement besoin. Or il continue à faire la une des journaux comme en 2020 pour une affaire entendue et classée du point de vue de l’opinion publique. Il a perdu son poste et son bureau à l’IHU Marseille et est à la retraite. Profitant d’un petit groupe de faux experts médicaux sur les réseaux sociaux qui ne vivent qu’à travers lui leur vie numérique, il continue à discourir publiquement, invariablement porté et amplifié dans sa parole par ceux qui croient le combattre, jouant le rôle de ses « idiots utiles ». Il ne s’agit pas ici de minimiser la malscience vécue pendant la crise sanitaire. Mais le temps médiatique perpétuel de ce cas devrait être terminé depuis longtemps pour laisser la suite se dérouler au palais de justice. À défaut, il n’y a plus que le cercle vicieux de la polarisation et de la haine sur base de règlement de comptes entre personnes qui transparaît.

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