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Les deux roues thermiques paient désormais le stationnement à Paris… à prix fort

La transition énergétique, c’est important. Mais pour les deux roues à moteur non électriques c’est la sanction sans transition. La FFMC se mobilise.

Les parisiens ont vu le début de l’apparition du marquage au sol « Moto » « Payant » fin juillet le long des parkings extérieurs réservés aux deux-roues. 43 000 places de parking sont concernées dans la capitale, elles sont devenues payantes le 1er septembre. La ville de Paris a engagé deux sociétés de brigades à pied pour verbaliser les contrevenants et ce dès le premier jour, avec un objectif de 2 000 contrôles par jour. Tout cela est encadré par David Belliard (EELV), adjoint à la marie de Paris en charge du stationnement. Les amendes, en nombre, ont commencé à pleuvoir immédiatement.

Prix rédhibitoire

Au centre de Paris (1er au 11e arrondissement), le stationnement deux roues coûte 3 euros de l’heure, et 2 euros plus en périphérie (12 au 20e arrondissement), via horodateur. Autant dire que c’est inabordable et donc inenvisageable pour beaucoup de personnes concernées, le budget parking pour la journée pouvant aller de 25 à 40 euros (hors résidents pouvant souscrire un tarif préférentiel), correspondant au montant de l’amende et à un stationnement maximal de 6 heures. Remarquez, c’est sans doute le but. Mais les motards et autres conducteurs de scooters ont de quoi être exaspérés et ils le sont, ces tarifs correspondant à environ la moitié du prix à payer pour le stationnement d’une voiture.

Les arguments pour la mesure

Les moteurs thermiques des véhicules doivent disparaître, dans le cadre de la transition énergétique, de la lutte contre la pollution et contre le réchauffement climatique. C’est un fait. Les deux (ou trois) roues thermiques sont donc dans le viseur, au même titre que les voitures à moteur à essence. Comme pour elles, il y a aussi la pollution sonore, parfois importante pour les motos de grosse cylindrée ou les adeptes des pots d’échappement permettant de l’amplifier. La mairie de Paris fait aussi valoir la nécessité de mieux organiser l’espace public et de limiter la circulation de tous les véhicules polluants. D’ailleurs, il est prévu de favoriser l’usage des parkings souterrains pour les motos. Sur le site de la Ville de Paris, nous avons pu vérifier la description de systèmes d’abonnement à un parking sous-terrain à prix plus abordable qu’en extérieur, utilisable dans d’autres parkings sous-terrain moyennant supplément.

Les arguments contre avec la Fédération française des motards en colère (FFMC)

La branche parisienne de la FFMC a rencontré la mairie de Paris fin août sans trouver d’accord. La fédération n’exclue pas des manifestations sachant qu’elle a lancé de longue date (2019), voyant la chose venir, une pétition qui recueille à ce jour près de 45 000 signataires, et demande l’annulation pure et simple du parking payant motos à Paris.

La FFMC fait valoir que les deux roues, thermiques ou électriques, contribuent tous à la fluidification du trafic urbain et participent au désengorgement des bouchons. Tenant compte que les transports en commun sont saturés, le report des usagers de deux roues sur eux n’est pas une alternative viable. Il faut prendre en compte les problèmes d’exploitation puisque par exemple, la SNCF qui gère le trafic francilien ferait face à un manque de 1 200 conducteurs de trains (information à prendre avec prudence néanmoins car non confirmée par la SNCF).
Les deux roues en stationnement participent aussi à l’optimisation de l’espace public appelée de ses vœux par la mairie de Paris

Le problème est surtout pour les usagers à deux roues qui habitent en grande couronne, qui ne peuvent pas se rabattre sur un vélo électrique vu la distance et n’ont pas les moyens de remplacer leur véhicule thermique par l’équivalent électrique. Le comble, c’est que certains ont abandonné la voiture pour le deux roues et se retrouvent désormais pénalisés pour ce choix, le prix de stationnement étant inabordable.

Un autre argument mis en avant est le fait que les deux roues motorisés n’ont pas de coût pour la collectivité car ils n’ont jamais fait l’objet d’aides publiques pour leur acquisition (hors électrique) et ne nécessitent pas d’aménagements de voirie.

Pour Jean-Marc Belotti, coordinateur FFMC Paris et petite couronne interrogé par Le Figaro, « faire payer les deux-roues à Paris est discriminatoire ». Il ajoute qu’« un deux roue qui circule dans Paris, ce n’est pas un véhicule en plus, c’est une voiture en moins » en rappelant aussi que les deux-roues motorisés en France représentent 2 % du parc de véhicules en France et… 0,5 % des émissions. De quoi relativiser.

Contacté par la Rédaction à propos de la possibilité que Paris devienne un exemple pour d’autres grandes villes, Eric Thioiller, animateur réseau de la FFMC au niveau national nous confie que « les antennes départementales de la FFMC mènent de nombreuses actions pour faciliter la pratique du deux-roues motorisé, sa circulation et son stationnement. Par exemple à Nice où, suite à des discussions constructives avec la municipalité,  les motos ne sont pas concernés par les restrictions de circulation et n’ont pas à acquitter de stationnement. »

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