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Menace nucléaire : La plus grande centrale d’Europe, Zaporijjia, objet de tirs entre l’Ukraine et la Russie le 6 août

Vendredi le directeur de l’IAEA (Agence internationale de l’énergie atomique) a fait immédiatement part de sa grande inquiétude et appelle à sécuriser la centrale

Nous avions déjà évoqué la menace nucléaire brandie par Poutine et la situation des centrales nucléaires en Ukraine, largement convoitées pour des opérations militaires de prise de contrôle stratégiques dans le cadre du conflit en cours. Zaporijjia réunit à elle seule 6 des 15 réacteurs nucléaires répartis dans le pays ; la moitié de ses réacteurs soit trois sont en service. Dans l’ensemble du pays, 4 des 5 centrales nucléaires sont en service et un total de 10 réacteurs en service sur 15.

Centrales nucléaires d’Ukraine – source : Wikipédia

Avant les menaces du chef de la Russie, on craignait surtout une catastrophe dans le cadre de tirs accidentels. Mais aujourd’hui, la grosse centrale ukrainienne semble être l’objet de tirs volontaires de provocation de l’adversaire.

Ainsi, le DG de l’IAEA Mariano Grossi explique vendredi que l’Ukraine l’a informée de bombardements qui ont endommagé le système d’alimentation électrique externe de la centrale de Zaporijia, laissant néanmoins deux lignes électriques opérationnelles. Ces tirs ont également déclenché le système de protection d’urgence de l’un des trois réacteurs en service, entraînant sa déconnexion du réseau.

Pas de dégâts pour les réacteurs nucléaires

L’Ukraine a rassuré en expliquant qu’aucun réacteur n’avait été touché, et qu’aucune émission de radiations n’avait été détectée. Il n’y a pas non plus eu de blessés lors des tirs.

Cependant, une station d’azote et d’oxygène, qui soutient fonctionnement de la centrale, auraient été endommagés en raison d’un incendie la touchant, que les pompiers ont pu maîtriser. Cette station n’a pas encore pu être réparée.

L’IAEA précise dans son communiqué qu’elle a été informée de tirs d’obus près de l’installation de stockage du combustible usé.

Le lendemain de ces tirs soit samedi, les deux réacteurs restant en service fonctionnaient normalement et la situation radiologique était normale, a déclaré l’Ukraine à l’IAEA.

Six des sept piliers de sûreté et sécurité nucléaires enfreints

Pour l’Agence, la situation est stable et il n’y a pas de menace nucléaire immédiate et elle va s’atteler à suivre les réparations nécessaires suite aux dégâts rapportés. Mais elle considère que les sept piliers indispensables à la sûreté et à la sécurité nucléaires, qu’elle rappelle sans cesse depuis le début du conflit, ont été enfreints pour la quasi-totalité d’entre eux soit six :

  • Intégrité physique : « Toute activité militaire – telle qu’un bombardement – à l’intérieur ou à proximité d’une installation nucléaire est susceptible de provoquer une Conséquence radiologique inacceptable
  • Tous les systèmes et équipements de sûreté et de sécurité doivent être opérationnels à tout moment
  • Personnel d’exploitation : Les événements récents « augmentent encore le stress de l’équipe opérationnelle« 
  • Alimentation électrique : « compromise suite à l’endommagement du système d’alimentation électrique externe »
  • Surveillance des radiations et dispositions de préparation et de réponse aux urgence : ce récent bombardement met encore plus en péril les dispositions et les capacités de réponse de l’EPR déjà compromises – bien que la surveillance reste à ce jour opérationnelle.

Mission sur site impossible à ce jour

L’IAEA déplore ne pas avoir été en mesure de visiter cette centrale nucléaire la plus grosse d’Europe depuis le début de la guerre il y a cinq mois. Elle réitère sa demande de diligenter une mission sur site.

De plus, si l’IAEA continue de recevoir des données de surveillance à distance des 4 centrales nucléaires ukrainiennes actives, ces données transférées demeurent incomplètes pour Tchernobyl.

Kiev et Moscou s’accusent mutuellement et Zelensky brandit le risque de catastrophe nucléaire

Comme souvent, la Russie et l’Ukraine se rejettent mutuellement la responsabilité des bombardements
Suite à ces événements, le président ukrainien a mis en garde sur le fait que Zapaporijjia c’est potentiellement six fois la catastrophe de Tchernobyl, tenant compte du nombre de réacteurs.

Hier les États-Unis ont sommé la Russie de cesser toutes interventions militaires dans et autour des centrales nucléaires d’Ukraine, qui constituent bien évidemment des cibles stratégiques pour la prise de contrôle du pays. On se rappelle néanmoins des manœuvres russes dès le début du conflit pour prendre le contrôle de Tchernobyl et Zapaporjjia (pour cette dernière des bâtiments avaient été détruits début mars générant l’émoi au niveau international), puis celle de Kostantynivka près d’Odessa.

Image d’en-tête : les six réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine

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