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Passeports vaccinaux : Pourquoi ils sont bons pour la société

Par Barbara Jacquelyn Saharkian, Professeure de Neuropsychologie clinique, Cambridge University, Christelle Langley, chercheuse associée postdoc, Cambridge University, Julian Savulescu, Professeur invité d’Éthique biomédicale, Murdoch Children’s Research Institute ; professeur invité distingué de Droit, Melbourne University ; chaire Uehiro d’Éthique pratique, Oxford University

Alors que de plus en plus de personnes se font vacciner, certains gouvernements misent sur les « passeports vaccinaux » comme moyen de réouverture de la société. Ces passeports sont essentiellement des certificats attestant que le détenteur a été immunisé contre le COVID-19, et que les restaurants, pubs, bars, salles de sport et autres peuvent utiliser pour leur accorder l’entrée.

Israël applique actuellement un système de « laissez-passer vert », qui permet aux personnes vaccinées d’accéder aux théâtres, aux salles de concert, aux restaurants en intérieur et aux bars. Le gouvernement britannique a dû annuler ses projets d’essai de passeports vaccinaux après que certains des lieux concernés aient fait l’objet de réactions négatives importantes.

Cela n’est peut-être pas surprenant : les projets de passeports vaccinaux sont controversés, certains estimant qu’ils renforceront les inégalités. Mais il existe des arguments éthiques en faveur de l’utilisation d’une forme de certification du statut COVID, à condition qu’elle soit conçue correctement et que tout le monde ait accès aux vaccins.

Examinons l’éthique de la vaccination et de la certification.

Le devoir de secours aisé a été utilisé pour justifier des mesures de santé publique, notamment l’utilisation des dossiers médicaux et le don de sang. En tant que société, nous avons un devoir collectif de secours aisé.

Par exemple, si chaque personne éligible dans la population pouvait donner quelques millilitres de sang facilement (imaginons qu’un flacon ait été fabriqué et puisse être envoyé par courrier à chaque personne), et que cela permette de résoudre collectivement la pénurie de sang, alors chaque personne devrait donner quelques millilitres de sang. Ce geste permettrait littéralement de sauver des vies, sans coût ni gêne pour les donneurs.

Le devoir de secours aisé est ce que l’on appelle une théorie minimale de l’obligation morale. Pour comprendre cette théorie, le philosophe Peter Singer a décrit la célèbre expérience de pensée suivante :

Si vous passez devant un étang peu profond et que vous voyez un enfant s'y noyer, vous devez patauger et le sortir de l'étang. Cela signifie que vous devrez salir vos vêtements, mais ce n'est pas grave, alors que la mort de l'enfant serait une tragédie.

L’expérience de pensée illustre une situation dans laquelle une personne peut apporter un avantage considérable à une autre personne pour un coût minimal.

C’est actuellement le cas pour les vaccins COVID-19. Le risque d’effets secondaires graves est extrêmement faible avec les vaccins COVID-19. Ce n’est donc pas seulement une sécurité pour soi et une gentillesse pour les autres, mais une obligation morale de se faire vacciner.

De même, les passeports de vaccination représentent un coût minime pour retrouver une vie quotidienne normale et pour réduire l’anxiété des personnes avec lesquelles vous entrez en contact dans les avions ou dans les théâtres, les restaurants ou les stades publics. Il s’agit d’un petit sacrifice pour un plus grand bien.

Un devoir d’assurer la santé

Les gouvernements ont également le devoir d’assurer une bonne santé publique. Par exemple, au Royaume-Uni, aux États-Unis et ailleurs, les gouvernements ont rendu illégal le tabagisme dans les lieux fermés en raison du risque pour la santé publique lié au tabagisme passif.

Des études ont montré que la législation antitabac a été associée à une réduction des crises cardiaques liées au tabagisme passif. Le danger d’être enfermé avec des personnes atteintes de COVID-19 dans un environnement proche est similaire ; en fait, le COVID-19 présente un danger de mort bien plus important que le tabagisme passif.

Laisser de la place pour les exceptions

Le groupe relativement restreint de personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons de santé devrait tout de même recevoir une forme de passeport qui indique que c’est le cas, et cela ne devrait pas être un motif pour leur refuser l’accès à des événements ou à des lieux.

En fait, comme pour la vaccination en général, l’existence de ces groupes d’exception rend encore plus important le fait que ceux d’entre nous qui peuvent se faire vacciner le fassent pour protéger l’ensemble de la communauté.

Plus qu’une simple aide à la réouverture de l’économie, les passeports de vaccination permettent aux personnes qui ont dû faire écran pendant la pandémie, et qui ont pu connaître l’isolement social et la solitude, d’avoir des contacts sociaux avec d’autres membres de la société sans crainte. Ils faciliteront également l’accès aux établissements de soins afin de faciliter les visites des familles qui ont été séparées pendant trop longtemps.

En tant que membres d’une société, nous avons l’obligation morale de nous faire vacciner pour protéger tous les membres de notre communauté. Les passeports de vaccination y contribueront et amélioreront également la qualité de vie et le bien-être lors du retour à la vie quotidienne normale.

Traduit par Citizen4Science, lien ver l’article original paru dans The Conversation

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