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Tickets, chèques et autres titres restaurant : leur usage va-t-il être réduit en 2024 ?

Le gouvernement le prévoyait mais il est revenu sur sa décision de restreindre à nouveau leur usage aux plats cuisinés, à la grande satisfaction des usagers mais à la grande déception des restaurateurs

Un avantage en nature au bénéfice de l’employeur et des salariés

Le saviez-vous ? Le titre-restaurant a été introduit en en France par le gouvernement de Vichy : des tickets-repas inspirés des tickets de rationnement distribués pendant la seconde guerre mondiale. D’inspiration britannique, ces titres distribués par les employeurs à leurs salariés obtiennent l’exonération des cotisations sociales et des impôts en 1962. Il s’agit ainsi d’un avantage en nature, l’employeur contribuant à 50 à 60 % de son financement, le reste étant à la charge de l’employé. Pour les entreprises adoptant ce système, les employés ont le droit à 1 titre-repas par jour travaillé, utilisables tous les jours sauf le dimanche et jours fériés chez les commerçants les acceptant. La valeur d’un titre-repas est choisie par l’employeur dans la limite d’un maximum actuellement fixé à 25 euros.

Du restaurant au commerce alimentaire

Historiquement et par essence, le titre-repas comme son nom l’indique permet d’acheter un repas. La restauration rapide en bénéfice beaucoup car elle permet d’économiser des titres-repas, moins chers que le restaurant traditionnel. Les titres au format papier n’autorisent certes pas le rendu de monnaie par le commerçant, mais avec leur dématérialisation grandissante qui permet de payer au centime près, la « junk-food » en bénéficie pleinement. C’est un reproche qui est fait au système d’un point de vue sanitaire que de favoriser les fast-food.

Par ailleurs, et c’est ce qui nous intéresse avec l’actualité récente, les commerces alimentaires vendent des repas tout préparés au rayon frais ou congelé. Les porteurs de titres-repas ont donc accès à ce moyen de paiement des plats préparés mais depuis 15 ans des listes des produits concernés accessibles à l’achat via titres-restaurant est établie au sein d’une charte d’usage obligatoire.

En 2022, un loi a été promulguée qui autorise un régime d’exception temporaire, à savoir l’usage des titres-restaurant pour acheter des produits alimentaires non préparés pour une consommation directe. Ainsi, on peut aller s’acheter des paquets de pâtes ou de riz, des œufs et de la farine avec ses titres-repas pour confectionner son repas à domicile. Cette dérogation devait prendre fin le 31 décembre 2023. Alors que les médias rappelaient la fin du régime d’exception au 1er janvier prochain, de nombreuses voix de protestation se sont fait entendre du côté des usagers au cours des derniers jours.

Prorogation du système par le gouvernement, mécontentement des restaurateurs

En conséquence, les gouvernement a décidé de prolonger le régime actuel au moins pour 2024. Cela a entraîné une réaction vive des restaurateurs et notamment de l’un de leurs syndicats. Cette branche estime être fortement lésé par la perte de chiffre d’affaires dû à l’achat de produits alimentaires avec les titres-repas en lieu et place de l’achat de repas, qui est leur finalité. Pour le chef Thierry Marx qui s’est exprimé dans le Parisien, très en colère, cela représenterait 200 millions de pertes pour les restaurateurs, considérant que les titres-restaurant ont pour vocation de remplacer l’absence de restaurant d’entreprise. Pour cette branche, ces titres ne doivent pas se transformer en simples bons d’achats au supermarché.

Ce n’est pas nécessairement l’avis, on s’en doute, des supermarchés qui captent dont une part de marché des titres restaurants. Dominique Schelcher, directeur général de Système U déclarait ce matin sur BFM TV : « C’est une aide au pouvoir d’achat pour plein de Français, il faut leur laisser ça ».

Dans cette polémique, on parle donc surtout des secteurs économiques qui gagnent ou perdent selon la restriction appliquée à ces titres-restaurant et pour le porte-monnaie des usagers. Pourtant il faut penser aussi à l’impact en termes de santé publique : préparer son repas est beaucoup moins nocif que d’acheter des plats ultra-transformés au supermarché que l’on sait particulièrement mauvais pour la santé, ou que d’aller au Mac Donald. Nul doute que cela pèsera dans la balance, au propre et au figuré, pour l’avenir du champ d’application des titres-repas.

Image d’en-tête : dessin de presse, WAN – dessinateur de presse Science infuse

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