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Vers le bannissement de l’écriture inclusive ? Une proposition de loi adoptée par le Sénat

Le 25 octobre, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat a dit oui au projet de la sénatrice LR de l’Aisne Pascale Gruny

Une langue a ses règles, notamment grammaticales. Ces dernières années, des tentatives de modifier la langue française sont apparues au travers de ce que l’on appelle l' »écriture inclusive« , basée sur un engagement idéologique : lutter contre le clivage homme-femme pour promouvoir l’égalité entre les sexes. Il s’agit en gros de faire en sorte que tout ce que l’on écrit porte la marque des deux sexes sans distinction, au moyen d’ajout de lettres ajoutées et séparées par des points ou des tirets. Cela va jusqu’à l’invention pure et simple de mots ou pronoms, soit des néologismes.

Interdiction progressive

L’hostilité des autorités et parlementaires envers l’écriture inclusive n’est pas nouvelle. En 2017,pour les textes officiels paraissant au Journal officiel, le gouvernement avait invité à féminiser les titres, noms de métier et fonctions autant que possible, tout en déconseillant l’usage de l’écriture inclusive. Les raisons invoquées étaient les problème d’intelligibilité et d’absence de norme en la matière. Le Conseil d’État a confirmé cette position en 2019 après avoir été saisi à l’occasion d’un recours contre la circulaire gouvernementale de 2017. Les Sages l’on justifié en expliquant que l’usage du masculin pour les termes qui s’appliquent aux deux sexes n’est pas en soi une atteinte à l’égalité des sexes.

Ensuite, en 2021, le ministère de l’Éducation nationale a interdit l’usage de l’écriture inclusive à l’école, considérant qu’elle faisait « obstacle à l’acquisition de la langue comme de la lecture », invoquant en outre la complexité et l’instabilité de l’écriture inclusive.

L’avis d’une linguiste sur l’absurdité de l’écriture inclusive : Pr Claire Martinot

Inscrire l’interdiction, élargie, dans la loi

Le rapporteur, lui, a mis en avant que l’écriture inclusive mettait en danger la langue française pour son hétérogénéité sans règles fixes et sa quasi illisibilité, déstructurant notre langue.
La proposition de loi de Pascale Gruny marque le franchissement d’une étape, car si elle est adoptée en l’état, l’utilisation de l’écriture inclusive rendrait caducs des textes et documents qui passent outre la règle et utilisent l’écriture inclusive, grâce à l’inclusion par la commission sénatoriale d’une autre proposition de loi du sénateur Étienne Blanc (LR). Et il n’est pas question uniquement de documents administratifs puisque l’interdiction serait générale, rendant tout aussi caducs des documents commerciaux ou juridiques comme les contrats de travails, les contrats d’affaires, les documents de vente ou notices d’utilisation de produits, à simple titre d’exemples. DES néologismes comme le pronom « iel » parmi d’autres sont aussi visés par l’interdiction potentielle.

Idéologie et politique

Sans surprise ce sont les partis de gauche et écologistes qui ont été les principaux opposants au projet d’adoption de la commission du Sénat. L’écriture inclusive entre en effet dans le champ de mouvements idéologiques comme le wokisme et la cancel culture qui visent à supprimer beaucoup de choses dans une lutte revendiquée contre les inégalités et le soutien aux minorités.

Il faut bien reconnaître que derrière ou en support de l’écriture inclusive, il y a du militantisme. En 2021, l’Académie française déclarait : « En prônant une réforme immédiate et totalisante de la graphie, les promoteurs de l’écriture inclusive violentent les rythmes d’évolution du langage selon une injonction brutale, arbitraire et non concertée, qui méconnaît l’écologie du verbe ».

Aujourd’hui, le compte de veille des réseaux sociaux de l’association Citizen4Science saluait l’adoption au Sénat du projet de Pascale Gruny, fournissant un exemple de son usage sauvage dans le domaine médical, section recherche clinique.

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