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Vers pulmonaires chez le chat : le cas de l’aélurostrongylose féline

Ces infections qui se généralisent passent souvent inaperçues, entraînant sous-diagnostic pour des maladies dangereuses voire fatales

Aelurostrongylus abstrusus comme tête d’affiche

Il s’agit du ver pulmonaire le plus fréquent chez le chat et d’une façon générale, dans le monde. Pour autant il n’est pas le seul en cause. On trouve aussi par exemple :

  • Capillaria aerophila
  • Eucoleus aerophilus
  • Oslerus rostratus
  • Toxocara cati
  • Toxoplasma gondii

Nous allons nous concentrer dans la suite de cet article sur l’aélurostrongylose et les méthodes diagnostiques disponibles et le traitement, pour terminer sur la prophylaxie.

Une présentation clinique entraînant un diagnostic retardé

Les signes cliniques suite à infection sont le plus souvent légers et assez subtils, de telle sorte que la maladie peut rester en général non observée, ce qui entraîne un sous-diagnostic problématique.
L’absence de signes détectables chez un chat, ce qu’on appelle dans le jargon un cas infraclinique par comparaison avec les cas dits symptomatiques, ne signifie pas que la maladie ne fait pas de dégâts « silencieusement », bien au contraire.

Généralisation malgré traitements efficaces

Des traitements existent. Et ils sont hautement efficaces ! Il s’agit d’anthelmintiques. Mais cette disponibilité de médicaments est confrontée à de multiples défis que sont le taux d’infection important en raison des populations suivantes :

  • animaux errants (particulièrement touchés)
  • réservoirs d’animaux sauvages
  • populations d’hôtes intermédiaires
  • vulnérabilité des animaux autorisés à circuler à l’extérieur
Adapté d’après ‘The Veterinary Nurse’

Une autre difficulté est que les anthelmintiques efficaces pour les vers pulmonaires nécessitent une prise en charge thérapeutique plus exigeante que celle des anthelmintiques destinés aux vers instestinaux, d’utilisation courante.

Le cas d’aerulostrongylus abstrusus

Sa prévalence chez les félins varie de 1 à 50 % selon les parties du monde mais aussi bien évidemment, du niveau de diagnostic régional.
Les vers adultes dont la taille varie de 5 à 14 mm (les femelles sont les plus grandes), se fixent en général par paires de façon profonde dans le parenchyme pulmonaire des félins.

Aelurostrongylus abstrusus – larve de stade 1 (L1)
Source : ResearchGate
Aelurostrongylus avstrusus – adulte (L1)
Source : ScienceDirect

À gauche, la grande flèche pointe la tête de la larve, arrondie, avec ouverture orale terminale.

Tableau clinique

Dans les cas symptomatiques, ce qui n’est pas le plus courant, les signes cliniques peuvent être légers, comme par exemple de la toux ou un écoulement nasal, modérés ou sévères aec détresse respiratoire pouvant entraîner la mort. Les symptômes les plus fréquents sont une toux chronique, un écoulement nasal, des éternuements et de la dyspnée.
On peut aussi observer des symptômes non spécifiquement pulmonaires, comme l’apathie, la perte d’appétit, de poids, ou encore une diarrhée.

Erreurs de diagnostic

L’observation de signes cliniques conduit souvent à des diagnostics erronés, à cause des signes non spécifiques. Ainsi on diagnostique de l’asthme, des mycoses ou des tumeurs pulmonaires à tort.

Imagerie diagnostique

Des radiographies et des tomodensitométries sont utiles pour constater les lésions pulmonaires parfois massives avec présence de nodules dus à l »aélurostrongylose. Les images de ces lésions inflammatoires ne sont cela dit pas spécifiques du parasite et ne permettent donc pas à elles seules de poser le diagnostic. On constate aussi un gonflement des ganglions lymphatiques.

Analyses de sang

C’est un élément essentiel du diagnostic, qu’il faut donc entreprendre rapidement en cas de tableau clinique tels que décrit ci-dessus. On pourra trouver :

  • éosinophilie
  • anémie légère normocytaire et normochrome
  • neutrophilie
  • leucocytose à éosinophies

Diagnostic direct coproscopique

A. asbstrusus se détecte par l’examen des selles au laboratoire d’analyse, et nécessite un personnel formé aux techniques spécifiques et surtout à l’identification différentielle de la larve du ver au stade 1 (L1).
On peut citer la méthode de Bermann, la plus répandue, qui est basée sur la migration des larves à partir d’un échantillon de matières fécales fraîches répétée idéalement pendant trois jours.
Un problème récurrent pour le diagnostic est que l’animal infecté n’excrète pas de larves en continu, c’est intermittent et non régulier, parfois absent pendant de longues périodes même en présence de signes cliniques.

Dans certaines régions ou les 2 types de vers coexistent, le diagnostic différentiel avec Troglostrongylus est ardu et nécessite des analyses complémentaires de type moléculaires.

Méthodes de diagnostic alternatives

D’autres méthodes diagnostiques existent, comme l’examen microscopique et cytologique nécessitant prélèvement bronchique donc anesthésie de l’animal.
En raison des écueils présentés pour les méthodes diagnostiques classiques, une option intéressante s’avère être la détection sérologique d’anticorps spécifiques. C’est ce mode de diagnostic qui a permis de réaliser que la maladie est particulièrement sous-diagnostiquée.

Traitement : anthelmintiques

Différents médicaments sont disponibles, que l’on ne va pas passer en revue, mais on peut citer les principes actifs suivants utiliser en traitement curatif ou prophylactique : éprinomectine + ésafoxolaner, praziquantel, fipronil, S-méhoprène, etc.

Les heureux possesseurs de chats connaissent les produits qui les contiennent, souvent au format « spot-on ».

En cas de signes sévères avec détresse respiratoire, on administera de l’oxygène.

Pour les chats de compagnie autorisés à sortir, la prophylaxie est importante puisqu’il est difficile de contourner la rencontre avec des hôtes primaires du ver comme les limaces et les escargots. Pour cela il est recommandé une administration mensuelle de médicaments à titre préventif, par exemple à base d’éprinomectine ou de moxidectine qui sont efficaces sur les vers au stade de larve.

Conclusion

On a vu que le sous-diagnostic, la fréquence de cas asymptomatiques et les réservoirs du parasite incontournables font qu’il est important de sensibiliser aussi bien les vétérinaires que le public à cette maladie causée par Aerulostrongylus abstrusus. À ce titre, cet article est notre modeste contribution !


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