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Éditorial – 30/07/2022

Dépassés par le jour du dépassement

Le 28 juillet, c’était « le jour du dépassement », et les médias en ont largement parlé. Cette date est calculée chaque année comme un date butoir qui marque le moment où ce que la Terre peut produire de ressources naturelles chaque année a été consommé. Ainsi en 2022, il faudra théoriquement 1,7 planète Terre pour absorber les besoins. Cela signifie que nous consommons largement plus que ce que la planète est en capacité de nous offrir. Cette date anniversaire est bien sûr variable chaque année et il se trouve quelle se manifeste chaque année un peu plus tôt. Ainsi, le jour du dépassement est la traduction quantitative de l’épuisement des ressources de la planète consommées par l’homme. C’est, en fait, un concept d’empreinte écologique. Cet indicateur a été développé par le Global Footprint Network.
Car les ressources de la Terre ne sont pas inépuisables et se régénèrent… dans certaines limites. Ce calcul de jour de dépassement est basé sur une modélisation complexe s’appuyant notamment sur des hectares « globaux » et des hectares « fictifs », ainsi que des sols « énergétiques », et inclue la détermination des capacités d’absorption du CO2 généré par l’activité. Les travaux du GIEC sont à l’appui de ces calculs.
« C’est théorique ! » « Cela n’a aucune valeur concrète ! » clament certains dont des climatosceptiques persuadés qu’il s’agit d’un concept fumeux, puisque la vie poursuit son cours sans pénurie apparente passé le jour du dépassement fatidique. Oui, mais à quel prix ? Finalement, on pourrait faire le parallèle avec l’économie monétaire : les capacités financières décroissent, on crée de la dette, avec des trous financiers de plus en plus béants. Mais l’argent coule toujours à flot. On peut même liquider la dette et repartir à zéro. En est-il de même pour les ressources de la planète ? Malheureusement non, d’autant que nous sommes entraînés dans un cercle vicieux avec le dérèglement climatique généré par l’activité humaine qui provoque une modification profonde des biotopes et des écosystèmes, perte massive de biodiversité avec le réchauffement dont tout le mode commence désormais à voir et vivre les dégâts dévastateurs comme l’extinction d’espèces, fonte des glaces, canicules de plus en plus fréquentes avec des feux qui s’embrasent partout sur la planète. Un point de non retour pour le climat qui est déjà intégré dans les scénarios dystopiques de la Climate Overshoot Commission dont nous avons décrit les projets incroyables mais très sérieux d’aller capturer physiquement dans le ciel et dans les mers le surplus de CO2. Ajoutons le contexte géopolitique explosif avec notamment la guerre d’Ukraine qui met en péril l’approvisionnement en céréales, greniers du monde. Faudra-t-il intégrer ses conséquences dans les calculs des prochains jours de dépassement ?

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