Cinéma : « L’amour ouf » : du grand bain au grand plouf
Une déception que ce second film de Gilles Lellouche qui suscite la fatigue ; surfait, caricatural et bourré de poncifs entre polar de gangs et romance de gare
Synopsis : « Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur... »
On avait bien aimé « Le grand bain » (2018), premier film sensible et juste de Gilles Lellouche, acteur omniprésent dans la production cinématographique française. Alors, on est venu voir L’amour ouf dans d’excellentes dispositions. Mais ça a été un grand plouf. Comme quoi un gros budget ne permet pas de sauver les meubles ou la piscine… Une déception. Le plongeon a quelque chose d’admirable dans le sens où les premières minutes sont prometteuses : des images fortes, de la musique forte, qui nous catapultent dans les années 80. Ah les années 80, un thème particulièrement en vogue, surexploité ces dernières années, en toute logique car cette période berce de nostalgie les jeunes seniors d’aujourd’hui, ados de l’époque. De ce plongeoir inaugural, on va progressivement faire une descente, longue et poussive. Osons le dire, le film est assez kitsch : il oscille entre polar sur fond de caïds de province (dans le Nord) et romance format saga peu convaincante. Les dialogues sont attendus et assez caricaturaux, comme les scènes qui s’enchaînent sans que l’on soit véritablement embarqué, malgré la débauche de moyens visuels et sonores qui semblent tenter de combler le peu de matière. Alors, qu’est-ce qui cloche ? Le scénario n’est pas convaincant, les acteurs pas vraiment non plus, malgré le choix de têtes d’affiche à la mode. Alors, on a l’impression qu’on compense avec de la musique très forte à base, certes, de bons standards des années 80 (Cure, Billy Idol,…) et des images sursaturées et gros plans. Dans la première partie du film, on arrive quand même un peu à se prendre au jeu au début grâce aux deux jeunes acteurs débutants (Mallory Wanecque et Malik Frikah) qui jouent la rencontre et les premières années de ce couple d’adolescents. Il y a une certaine fraîcheur dans leur jeu, mais le scénario et la mise en scène fait que ça patine très vite. Quand on passe à nos vedettes François Civil et Adèle Exarchopoulos pour les incarner, ça tombe comme un soufflé. Le comble… Lui, on l’aime bien, mais son jeu finalement, est assez récurrent. Ou peut-être est-il trop omniprésent sur les écrans ? La réalisation joue d’un François Civil au visages sévère, noir et vengeur, avec un effet de zoom à répétition. Bon, on a compris l’effet souhaité, la répétition est finalement un peu lourdingue, à l’instar de l’impression globale. Quant à Adèle Exarchopoulos, on accroche pas du tout à son jeu mais cela ne date pas de ce film. Le couple et ses retrouvailles sur le tard sont peu convaincants, alors le film compense avec des baisers langoureux sur la plage au coucher de soleil. C’est flamboyant et rougeoyant sans oublier la sursaturation musicale, mais cela ne suffit pas pour susciter l’émotion. On a aussi dans le film des acteurs que l’on apprécie, mais dont les rôles sont caricaturaux : Benoît Poelvoorde en chef de bande de malfrats dans le Nord de la France, Vincent Lacoste en mari vaniteux style BCBG. Plus convaincants et authentiques, il y a les papas des deux héros, Alain Chabat en vœuf sensible et Karim Leklou en ouvrier chef de famille, un second rôle interprété de façon tout aussi forte que lorsqu’on l’a découvert récemment dans le rôle-titre de Le roman de Jim. Appréciable mais une bien maigre consolation pour un film surfait qui aligne les clichés et tire sur la corde en bandant les muscles pendant 2h40 interminables, mais ne touche pas l’âme.
« L’amour ouf » de Gilles Lellouche avec François Civil, Adèle Exarchopoulos, Malik Frikah, Mallory Wanecque, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Karim Leklou, Élodie Bouchez – Durée : 2h41 – Sortie : 2/10/2024
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