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Cinéma : « Une nuit » de, avec, et partagée avec Alex Lutz

par Nath et Fabienne Blum

Une invitation pour le nouveau film d’Alex Lutz en présence du réalisateur et acteur de son propre film, cela ne se rate pas. Alors la Rédaction met les moyens, on y va à deux, pour voir ce film antérieurement présenté en clôture du Festival de Cannes dans la Sélection Un Certain Regard, hors compétition. Et on se réjouit d’avance d’avoir le plaisir d’échanger avec l’auteur, quel que soit notre verdict à l’issue de la séance. Cette sélection particulière à Cannes d’une vingtaine de films a pour ambition et ce depuis 1978 de mettre en avant un cinéma original et audacieux, qui se veut moins classique que la sélection officielle et vise des réalisateurs qui ne sont pas les plus connus.

C’est le quatrième film d’Alex Lutz en tant que réalisateur. Avec Karin Viard, sa partenaire dans le film, et sur son idée, ils ont co-écrit le scénario, de façon complice, entre amis.

C’est l’histoire d’une rencontre fortuite dans un lieu et une ambiance des plus banals, un homme (Alex Lutz) et une femme (Karin Viard) dans le métro parisien aux heures de pointes. La rame est bondée, ils se bousculent, se disputent. Mais se désirent déjà Sortis de la rame ils font l’amour avant même de sortir de la bouche de métro, dans la cabine d’un Photomaton. C’est typiquement le fantasme de l’inconnu, la rencontre de hasard immédiatement concrétisée avidement et charnellement sur le lieu de la rencontre.

Et ensuite ? La nuit de Paris leur appartient, une fois remontés à la surface. Balades en bord de Seine. La discussion démarre sur l’interrogation de la femme : qu’est-ce qui l’a attiré en elle ? Il parle d’alchimie. Mais c’est quoi l’alchimie lui demande-t-elle. Il évoque une disponibilité immédiate. Elle rétorque qu’elle ne voit pas le rapport entre une alchimie, son versant émotionnel, et une disponibilité qui est très matérielle. On passe résolument du désir aux confessions, petit à petit. On parle de tout : de la vie, de l’amour, de ses relations intimes. La rencontre de hasard se transforme en lieux et événements de hasard au gré des pas des deux acteurs dans la capitale, avec des lieux de convivialité comme une fête privée où ils s’invitent avec un peu de toupet, un restaurant ou un club échangiste, et aussi un magasin de meubles où ils improviseront une répétition de théâtre.
L’expédition nocturne improvisée se prolonge, parce qu’ils le veulent bien. Mais pourquoi ? Une attraction durable ou une répulsion face au retour au quotidien ? Pourquoi ne pas rentrer chez soi ? Ils se confient l’un à l’autre, spontanément, et l’histoire prend un tournant de plus en plus profond.
Tout au bout de la nuit, peu avant le matin, il y aura une scène dans un parc, où ils se confient dans l’herbe, jusqu’à ce que surgisse un cheval blanc sorti de nulle part. On dirait une licorne.
Au petit matin, ils se sépareront, sur un pont, sans en avoir envie, et se mêleront des scènes du début, et des scènes de leur vie personnelle, où tout se mélange avec leur couple éphémère.

Les rencontres de hasard entre un homme et une femme, c’est récurrent au cinéma. On pense à « Brief Encounter » de David Lean comme classique du genre, sorti en 1945, en noir et blanc. Avec de la musique de Rachmaninov. Peut-être qu’on y pense à cause de la musique du film, également une œuvre originale au piano créée pour la circonstance. Ou parce que la rencontre a lieu dans un train, comme ici dans le métro.

Après le film

Alex Lutz nous rejoint à la fin du film, l’occasion de réagir et d’échanger sur « Une nuit ». La simplicité est au rendez-vous dans un échange convivial. On ne va pas relater tout de ce moment privilégie avec l’acteur et réalisateur. Au fil de nos interventions et questions, il nous parle de la genèse du film avec Karin Viard, qu’il a sollicitée très en amont pour ce projet commun : ils ont écrit le film ensemble sur une idée et un fil conducteur d’Alex Lutz, ils sont co-producteurs aussi.
On a l’occasion de reparler de cette alchimie évoquée lors du premier vrai dialogue entre les deux héros au début du film. Il nous fait part que dès le départ, il avait cette idée de déroulement à l’envers, avec des scènes du début qu’on ne retrouve qu’à la fin. Il nous raconte des anecdotes sur la scène du restaurant asiatique, les improvisations de Karin Viard pour qui ne prend pas forcément les scènes prévues dans l’ordre, mais les éléments du scénario sont tous là quand même. Oui, il a eu une bonne dose d’improvisation, et on n’est pas surpris vu la spontanéité qui ressort du film.
Alex Lutz n’ignore pas certaines critiques cinématographiques qui lui reprochent des thèmes abordées de façon décousue, il nous en parle spontanément mais il assume cette approche avec des thèmes, des épisodes disparates, dans une espèce d' »anthologie du couple » . On a apprécié sa fraîcheur, son naturel et l’humour toujours présent dans l’échange. Et on le remercie pour sa disponibilité.

On a apprécié tout simplement son film, on fait facilement le lien entre l’acteur et lui, en vrai. Il n’a pas triché. Allez voir « Une nuit », c’est touchant, sans prétention. C’est la vie, une rencontre brève allongée dans une nuit qui s’étire.

Rencontre avec Alex Lutz pour « Une nuit », 10 juillet 2023 – Copyright Science infuse

‘Une nuit’, un film d’Alex Lutz sorti le 5 juillet 2023, 1h30, avec Alex Lutz et Karin Viard

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