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Fin du monopole pharmaceutique : un serpent de mer devenu menace imminente pour la distribution des médicaments

Dans son discours de politique générale le 30 janvier, le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué le sujet et confirmé son prochain traitement dans les médias

Dimanche 11 février, dans une grande interview dans Le Parisien, Gabriel Attal évoque un projet de « loi Macron 2 » qui comporterait un volet sur la vente de médicaments en ligne « pour lesquels on peut simplifier un certain nombre de règles et les conditions d’accès à certaines professions ». Certains y verront un tournant libéral annoncé, parmi d’autres mesures pour libérer l’économie.

Monopole des pharmaciens contesté

L’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir est au front concernant les médicaments en vente libre. Elle considère le monopole des pharmaciens pour ces médicaments comme anachronique en Europe, source d’abus de prix avec des variations de tarifs de un à trois d’une pharmacie à l’autre. Selon elle, la fin de ce monopole avec ouverture d’accès aux parapharmacies et grandes surfaces – sous le contrôle d’un pharmacien diplômé – pourrait générer 250 millions de pouvoir d’achat récupéré par les consommateurs. L’association demande aussi pour y parvenir l’interdiction de la publicité grand public pour les médicaments en vente libre, modalité qui pousse selon elle à la consommation et est ainsi dangereuse pour la santé publique.

L’Autorité de la concurrence va dans le même sens depuis plus de 10 ans. En 2019 elle préconisait l’élargissement de la vente de certains médicaments sous monopole pharmaceutique : médicaments en vente libre, dispositifs de diagnostic in vitro (autotests, lecteurs de glycémie,…), certaines plantes médicinales inscrites à la pharmacopée, certains huiles essentielles disponibles uniquement en officine.
L’Autorité de la concurrence va jusqu’à proposer l’obligation d’un espace de vente dédié et distinct dans toutes les grandes surfaces, placé sous la responsabilité d’un pharmacien diplômé et avec les mêmes exigences déontologiques qu’en officine, le tout assorti de l’interdiction de fixer des objectifs commerciaux ou un contrôle de son activité de dispensation de produits de santé (pour le pharmacien salarié de la grande surface).

Infographie Autorité de la concurrence, 2019

Assouplir la vente en ligne de médicaments

C’est donc le volet annoncé par Gabriel Attal comme étant prioritaire. En 2019, avant la crise du Covid-19, son prédécesseur Edouard Philippe travaillait sur le sujet de l’incitation à la vente en ligne par les pharmacies, alors que seulement 2,3 % des 21 000 pharmacies françaises s’y adonnaient, en simplifiant les modalités de création d’un site de vente en ligne, en permettant les sites de vente en ligne mutualisés entre officines et en facilitant le stockage en entrepôts distants des médicaments destinés à la vente internet

En 2014, les pharmaciens, moins vindicatifs, organisés et soutenus au Parlement que les médecins très corporatistes défendant rubis sur l’ongle leurs privilèges, presque tous les pharmaciens étaient descendus dans la rue pour râler contre la remise en question de leur monopole de vente pour tous les médicaments. Car c’est bien un danger pour la profession.
La réforme est pourtant annoncée via à très court-terme une libéralisation de la vente en ligne dont on ne sait rien de l’ampleur et modalités à l’heure où nous écrivons ces lignes.
La chute du monopole de la vente de médicaments non soumis à prescription médicale semble inéluctable. Pour protéger la santé publique et l’accès aux soins de tous les Français, en cette période de déserts médicaux et pharmaceutiques il faudra veiller aux mesures permettant aux officines de perdurer comme maillon clé de santé de proximité, car la chute du monopole va largement grever l’attractivité du métier d’officinal. La dynamique de transfert de compétences et actes médicaux vers les officinaux est peut-être la clé.

Image d’en-tête : Mariano Baraldi

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