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Portrait des nouveaux investisseurs français : plus jeunes, tournés vers les crypto-actifs, s’informant sur les réseaux sociaux et surestimant leur maîtrise en finance

L’Autorité des marchés financiers a demandé à l’OCDE, avec le soutien de la Commission européenne, de l’aider à mieux connaître les épargnants particuliers qui investissent depuis 2020. Quatre profils ont été identifiés. Quel est le vôtre ?

La mission de l’AMF ne se limite pas à réguler le fonctionnement des marchés financiers et leurs acteurs professionnels. Les investisseurs particuliers ont toute son attention et l’une de ses missions est de veiller à l’informer de façon ciblée et pertinente. Dans ce cadre elle a demandé à la Commission européenne un soutien, et cette dernière a désigné l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) pour un soutien. Il y a aura plusieurs volets pour ce travail, le premier consistant en une vaste étude de terrain, une enquête réalisée auprès de plus de 8 000 personnes en avril dernier par un institut de sondage. Parmi eux, il y avait plus de 2 000 investisseurs particuliers dont plus de la moitié avait investi sur les marchés financiers pour la première fois entre 2020 et 2023 (soit à compter du début de la pandémie de Covid-19).

Des hommes de moins de 35 ans

Si dans la population totale la répartition est en faveurs d’investisseurs hommes mais pas si loin de la parité, les jeunes investisseurs sont pour deux tiers des hommes, de moins de 35 ans. Près d’un quart de ces investisseurs ont même moins de 25 ans. Ils sont significativement plus jeunes que la population traditionnelle d’investisseurs.

Du point de vue des catégories socio-professionnelles (CSP), si les investisseurs traditionnels sont majoritairement des retraités et des cadres, les nouveaux investisseurs comptent parmi eux de façon non négligeable des employés et des ouvriers (37 % contre 20 % chez les investisseurs traditionnels).

Ces nouveaux investisseurs ont un revenu mensuel net de plus de 2 500 euros et un tiers vivent dans un foyer aux revenus mensuels supérieur à 5 000 euros.
Cependant 16 % d’entre eux ont un patrimoine financier faible, inférieur à 10 000 euros pour une moyenne de près de 100 000 euros.

Produits financiers investis : la moitié sont des crypto-actifs

Alors que près d’un quart des Français sont investis dans les crypto-actifs, pour les nouveaux investisseurs c’est le double, soit un démarrage dans cette classe de produits financiers lors de la crise du Covid-19 pour 12 % des Français adultes.

Néanmoins, les trois quarts de ces nouveaux investisseurs détiennent plus d’un produit d’investissement. La moitié a investi dans les crypto-actifs, contre 25 % des investisseurs traditionnels. L’assurance-vie en euros est le deuxième produit le plus détenu (33 %), suivie de l’épargne retraite (29 %) et des actions cotées (24 %).

Leur horizon d’investissement est plus court : les deux tiers se projettent à moins de 10 ans (contre 37 % chez les investisseurs de plus longue date).

Gamification ?

L’article précédent dans ces colonnes évoque un autre sujet d’intérêt de l’AMF : la gamification des investissements financiers et ses dangers d’augmentation de la prise de risque. Nous relations ainsi l’expérience faite avec des étudiants plus tôt cette année dont nous avons lu la synthèse.

Or 18 % des nouveaux investisseurs investissent par jeu, et, information non négligeable, l’écrasante majorité (89 %) s’adonnent à des jeux d’argent régulièrement ou occasionnellement. On parle ici de paris sportifs, du loto et de la fréquentation de casinos.

Intermédiaires et supports d’investissement : néo-courtiers en poupe, attention aux influenceurs

Les néo-courtiers sont des structures nouvelles qui pratiquent l’intermédiation financière en ligne.

Sources d’information sur les produits financiers – attention aux réseaux sociaux et leurs influenceurs

Classiquement la consultation des produits financiers, les proches et la presse spécialisé sont des sources d’information pour les nouveaux investisseurs. Mais les réseaux sociaux sont la première source d’information pour les plus jeunes (18 à 24 ans, 41 %) et les influenceurs, issus de ces mêmes réseaux.

Des connaissances relatives sur les produits financiers …

… en mode Dunning-Kruger

Quand ils évaluent leurs connaissances financières, les nouveaux investisseurs les surestiment souvent. Et ce sont ceux qui considèrent avoir de bonnes connaissances financières qui sont les plus nombreux à donner de mauvaises réponses, sur des notions de base comme les effets de l’inflation, la diversification des supports d’investissement ou le ratio risque/rendement. C’est là typiquement l’effet Dunning-Kruger, à savoir de l’excès de confiance ciblant particulièrement les personnes qui en savent le moins.

Sources : communiqués de l’AMF et le rapport « Les nouveaux investisseurs particuliers en France » © OCDE 2023

Les 4 profils des nouveaux investisseurs

Ces résultats d’enquête ont abouti à la typologie suivante :

  • « Néophytes » : Ils comprennent ceux qui investissent principalement dans les crypto-actifs et recherchent des informations auprès de sources non officielles, telles que les réseaux sociaux et les influenceurs ;
  • « Non-informés » : ceux qui ne recherchent aucune information quelle qu’elle soit avant d’investir ;
  • « Dynamiques » : ceux qui jouent et parient régulièrement en ligne et qui sont très confiants dans leurs connaissances financières ;
  • « Consciencieux » : ceux qui diversifient leurs investissements et souhaitent financer des projets précis.

Dans une phase d’étude suivante, ils passeront pour une sélection d’entre eux 40 entretiens individuels destinés à approfondir leurs motivations et leurs besoins d’accompagnement.

Quant à notre Rédaction, elle aura certainement l’occasion d’évoquer certaines liaisons dangereuses entre les néo-courtiers, les influenceurs et les néophytes + dynamiques.

Image d’en-tête : Joshua Mayo

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