ActualitésansesIndustrie alimentaireMonkeypoxSanté publiqueScienceSécurité alimentaireVariole du singeVirus

L’Anses informe : la transmission du monkeypox par les aliments ne peut être exclue. L’agence publie ses recommandations

L’agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (anses) a été saisie le 14 juin par la Direction général de la santé (DGS) et a publié un rapport le 24 juin.

Hier nous vous avons fourni l’essentiel du bulletin de l’OMS du 6 juillet sur la flambée épidémique du monkeypox, qui fait état de plus de 6 000 cas dans le monde. À propos du risque de contamination, l’OMS, qui si elle ne préconise pas la quarantaine pour les personnes infectées, rappelle la nécessité d’une pratique rigoureuse de l’hygiène des mains, d’un périmètre de sécurité et d’éviter tout contact avec des personnes à risque. Les équipements de protection individuelle sont préconisés, ainsi que la nettoyage et la désinfection de l’environnement, linge et literie. Le potentiel de transmission par goutelettes existe aussi.

Mais qu’en est-il d’une potentielle transmission par les aliments ?

Méthodologie d’évaluation des risques

L’anses a fait une évaluation descendante, (surveillance des épisodes épidémiques) qui rappelle que le MPXV (virus du monkeypox) se transmet d’une source animale à l’homme suivi de transmission interhumaine. Dans les deux cas, l’ingestion de viande contaminée peut expliquer la contamination.
On suppose que la consommation de viande de brousse, issue d’animaux infectés est en cause.

L’évaluation ascendante (suivi de l’agent infectieux tout au long de la chaîne alimentaire) révèle de nombreux obstacles selon l’anses; à la transmission humaine du MOXV suite à manipulation ou consommation d’aliments hors viande de brousse :

Infographie extraite du rapport de l’anses

Pour la viande de brousse, en France c’est raté, sauf à en importer illégalement. Cela existe, mais c’est rare.
Pour les animaux de production, on n’a pas de données, en particulier sur les bovins, dès lors considérés comme une source « hypothétique » de transmission en cas d’infection. Pour cette raison, l’anses recommande mesures de prévention : pas de contact avec les animaux et à défaut, EPI.

Contamination des aliments par contact avec un opérateur infecté

Pour ce qui est de la contamination d’aliments par contact d’un opérateur atteint de MPX les manipulant : cela ne peut être exclu. Il manque là encore suffisamment de données scientifiques.

Il manque aussi des données sur la contamination possible de l’environnement. Par exemple, on a retrouvé le MXPV dans les produits de régurgitation et de défécation de mouches s’étant posé sur fécès de chimpanzés infectés naturellement.

L’anses considère qu’il faudrait faire des études sur les charges virales excrétées des personnes symptomatiques sans lésions, ainsi que pré-, a- et post-symptomatiques pour émettre des recommandations les concernant les dangers du contact avec les aliments.

Pour d’autre Poxviridae dont fait partie le PMXV, ils peuvent rester stables dans différentes matrices alimentaires réfrigérées.

Présence et survie du MPXV dans les aliments

On n’a pas de données là encore, mais on suppose que cela dépend de la localisation du virus (en surface ou à l’intérieur des aliments), de la charge virale initiale et des conditions de stockage. On sait cependant que le MPVX n’est pas gêné par le froid à 4 °C en laboratoire. Donc, pour des aliments infectés mis au réfrigérateur, il y a un risque potentiel.

Et la chaleur ?

Plusieurs études sur des Poxviridae existent, l’anses en fournit la synthèse de l’efficacité d’un traitement thermique selon le genre du poxvirus :

Diverses expériences montrent que la cuisson 12 minutes à 70 °C pourrait inactiver le MPXV dans les aliments. Pour éviter la recontamination, le traitement des surface (nettoyage et désinfection courants) est essentiel.

Risque de contamination du système digestif

Elle est avérée comme le démontre des études chez les animaux, mais on ne sait pas qualifier le danger de l’exposition par manque de données quantitatives. Chez l’humain cependant on n’a peut de données de développement du MPXV dans le système digestif.
Au final, on ne peut quand même pas exclure une possible transmission par voie orale.

Risque de contamination par contact cutanéo-muqueux

C’est la voie de contamination inter-humaine, via les lésions très contagieuses. On sait aussi que la literie et le linge, matières inertes peuvent être contaminants. Et bien les aliments peuvent être assimilés à ces matières inertes, donc on ne peut exclure ce mode de contamination, et en l’absence comme toujours, de données pour caractériser ce danger potentiel.

Au final, voici le tableau de synthèse de l’Anses concernant les risques :

Ainsi, dans l’approche ascendante de cette étude de l’Anses, selon la première infographie on voit que de nombreuses conditions doivent être réunies pour une contamination monkeypox par voie alimentaire.

L’Anses récapitule qu’il faut cette enchaînement :

1) l’aliment doit être contaminé par le MPXV ; 2) l’aliment doit contenir du virus viable lorsqu’il arrive au manipulateur ou au consommateur ; 3) la personne doit être exposée au virus et ; 4) la personne doit être infectée après l’exposition.

Conclusion

On l’a vu on manque cruellement de données à toutes les étapes de l’analyse. Il faut dire que la situation épidémique à travers le monde est inédite. Sans doute cela va-t-il accélérer la recherche sur le MPVX et la maladie associée. En attendant, on doit prendre des précautions et c’est ce que propose l’Anses sur la base que la transmission alimentaire ne peut être exclue, aux différentes étapes de la chaîne que l’on a passées en revue, donc prudence avec l’application de bonnes pratiques d’hygiène en restauration, dans l’industrie agro-alimentaire, et en cas de symptômes évocateurs de gastro-entérite et de symptômes cutanés d’infection.

La bonne nouvelle est que le MPXV est sensible aux détergents et désinfectants courants, aussi nettoyage et désinfection sont à inclure dans la routine pour les secteurs, personnes et foyers concernés.

Pour ceux qui veulent aller plus loin, l’avis complet de l’Anses.

Science infuse est un service de presse en ligne agréé (n° 0324 x 94873) piloté par Citizen4Science, association à but non lucratif d’information et de médiation scientifique doté d’une Rédaction avec journalistes professionnels. Nous défendons farouchement notre indépendance. Nous existons grâce à vous, lecteurs. Pour nous soutenir, faites un don ponctuel ou mensuel.

Propulsé par HelloAsso

ou via J’aime l’Info, partenaire de la presse en ligne indépendante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
12 − 5 =