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« Mal élu » ou pas ? La polémique sémantico-mathématico-politique

Elle a éclaté suite à l’intervention de Jean-Luc Mélenchon juste après la victoire d’Emmanuel Macron dimanche, qu’il a qualifié de président le plus « mal élu » de la Ve République.

« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » Nicolas Boileau

Citizen4Science a réagi sans délai, à la recherche d’une définition de « mal élu », certains l’interprétant dans un sens, et d’autres dans un autre, en fonction de ce qui les arrangeaient, selon leur connotation politique.

Cette intervention a eu lieu au tout début de la polémique :

Le média 20 minutes a été le dans les premiers à faire un fact-checking de qualité. Toute la journée par la suite, les journaux y sont allé de leur fact-checking, sans faire mieux que 20 minutes.

Prendre en compte l’abstention

En pratique : Emmanuel Macron est en 2e position comme président le plus « mal élu » sur la base du pourcentage de votes obtenu sur la population des inscrits.

Le média Brut. pour entrer le débat a produit ce graphique :

Le Monde diplomatique en a fait son édito :

L’arrivée du « procès en illégitimité »

Ce qui s’est passé par la suite, c’est qu’on sait mis à parler de procès en illégitimité, car « mal élu » serait une espèce de gros mot à ne pas prononcer. Pourtant, derrière lui on l’a vu, se cache un indicateur issu de données existantes, qu’il n’y a aucune raison d’ignorer.

Citizen4Science a reçu ce commentaire pour oser demander la définition de « mal élu », un questionnement inacceptable pour la police de la pensée :

Quelqu’un a-t-il dit que le président était illégitime en lien avec cette élection ? C’est à vérifier. En tout cas, sur les réseaux sociaux, on a vite assimilé la qualification d’un indicateur, le fameux « mal élu », à une attaque de la légitimité du président réélu.

Dans son article du surlendemain : « Réélu Macron face au risque d’un « troisième tour social », Le Monde évoque l’affaire :

extrait de l’article du Monde daté 27/4

(NB : nous avions souligné la mention du service de fact-checking « les décodeurs » du Monde car cette publicité est amusante dans la mesure où ce service est intervenu très tardivement quand la plupart des médias avaient déjà publié des vérifications.)

« Mal élu » : une terminologie qui ne date pas d’hier…

Élection présidentielle 2e tour 1969 – Soirée électorale

Restitution des données électorales : un point de vue scientifique

Il y a bien évidemment beaucoup de considérations politiques et de l’idéologie de camp à défendre ou à incriminer dans les discours des uns et des autres pour accepter ou non le terme de « mal élu », voire de faire des procès d’intention.

Du point de vue de la démarche scientifique et des faits, l’indicateur de valeur absolur de votants pour chaque candidat, et le pourcentage de votants sur le nombre d’inscrits est un indicateur pertinent, puisqu’il traduit la force d’une mobilisation électorale et donc de l’intérêt porté aux candidats et/ou processus électoral.
La science, c’est aussi interpréter les données et savoir les relativiser en les contextualisant, en tenant compte de l’ensemble des données disponibles.

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