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Pourquoi les gouvernements devront prendre en compte les coûts du COVID long lorsqu’ils assoupliront les restrictions liées à la pandémie

par Richard Meade Research Fellow in Economics, and in Social Sciences & Public Policy, Auckland University of Technology

Alors que les gouvernements du monde entier subissent des pressions pour assouplir les restrictions en matière de pandémie à mesure que les taux de vaccination augmentent et que l’impatience à l’égard des restrictions aux frontières s’accroît, de nouvelles menaces apparaissent plus clairement.

L’une des plus coûteuses, craint-on désormais, pourrait être un tsunami de cas de « COVID long ».

Le COVID long est une maladie grave et continue qui suit un épisode aigu de la maladie. Elle se caractérise par une fatigue extrême, une faiblesse musculaire, un malaise post-exercice et une incapacité à se concentrer (« brouillard cérébral »), parmi de nombreux autres symptômes.

L’accent doit donc être mis sur la protection de la qualité de vie autant que sur le fait de sauver des vies en premier lieu.

Au Royaume-Uni, on rapporte que deux millions de personnes ont connu un Covid long. Environ 385 000 d’entre elles ont souffert de symptômes pendant un an ou plus.

La « Journée de la liberté »(Freedom Day) du 19 juillet s’est déroulée malgré les avertissements des experts concernant la montée en flèche des infections, en particulier chez les jeunes et les personnes non vaccinées. On prévoit que la vague d’infection actuelle entraînera 500 000 nouveaux cas de Covid.

Ces chiffres dépassent de loin les 150 000 décès déjà attribués au virus au Royaume-Uni, et les coûts associés seront importants.

Mettre un coût sur le Covid long

Il ne faut pas sous-estimer les coûts sociaux d’un Covid long. Par exemple, supposons qu’une personne âgée contracte le COVID-19 et décède, alors qu’elle aurait pu vivre en pleine santé cinq ans de plus. Un économiste de la santé dirait que sa mort précoce a coûté à la société cinq « années de vie ajustées sur la qualité » (QALY).

Ce chiffre est généralement exprimé sous la forme d’un montant monétaire qui peut ensuite être mis en balance avec le coût de la sauvegarde de la vie de cette personne au moment de décider des mesures de protection appropriées en cas de pandémie.

Comparez cela à une jeune personne contractant le COVID-19 et ne mourant pas, mais souffrant d’un long COVID pendant 10 ans, avec sa qualité de vie estimée effectivement réduite de moitié pendant qu’elle est malade.

Eux aussi auront perdu environ cinq QALY, soit le même coût social que la personne âgée décédée.

Cela signifie que si nous assouplissons les restrictions en matière de pandémie en partant du principe que les gens ne meurent plus, nous risquons d’être confrontés à des coûts sociaux tout aussi importants liés au Covid long.

Si le Covid long est chronique et beaucoup plus fréquent que le décès par Covid (comme les données actuelles le suggèrent fortement), les coûts augmentent encore. Si les personnes atteintes de Covid long voient leur vie raccourcie, après avoir enduré des années d’incapacité et de misère, les coûts augmentent encore.

Les premières estimations approximatives suggèrent que le coût économique global du Covid long pourrait représenter près de la moitié du coût des décès liés au Covid au Royaume-Uni.

Pour les jeunes, cependant, on estime que les coûts sociaux d’un Covid long dépassent de loin ceux du décès, ce qui signifie qu’ils supporteront une charge disproportionnée des coûts à long terme de la pandémie.

Biden pousse pour les ceux qui souffrent de Covid long soient protégés par la loi.

Comparaison avec le syndrome de fatigue chronique

Le Covid long est souvent assimilé au syndrome de fatigue chronique (SFC), parfois appelé EM (encéphalomyélite myalgique). Tous deux sont caractérisés comme une forme de « syndrome de fatigue post-virale », le SFC laissant les personnes atteintes sévèrement affaiblies et incapables de mener une vie normale, souvent pendant des années, voire des décennies.

Bien que nous ne disposions pas de données à long terme permettant d’évaluer le degré de chronicité ou de sévérité du Covid long, nous devons garder à l’esprit qu’il pourrait avoir une durée de vie aussi longue que le SFC.

En outre, le Covid long affecterait de nombreux organes de manière mesurable, y compris des organes essentiels comme le cœur et les poumons.

Par conséquent, le COVID long pourrait raccourcir la vie, voire y mettre fin. C’est ce qui le distingue du SFC qui, de manière frustrante pour les personnes qui veulent être prises au sérieux, ne dispose pas de marqueurs objectifs reconnus.

Protéger la qualité de vie

Sur le plan personnel, j’ai souffert de SFC pendant 11 ans et je me suis rétabli en 2004. Il est apparu après une maladie ressemblant à la grippe en 1993, qui s’est transformée en une constellation de symptômes qui défiaient toute explication ou tout traitement.

La guérison a nécessité des années d’arrêt de travail et, avec l’aide et le soutien de ma famille et de mes amis, une reconstruction patiente et déterminée de ma capacité à mener une vie normale.

Cette maladie a entraîné d’énormes coûts personnels, sociaux et professionnels. Je n’étais pas en mesure de maintenir une vie normale, des relations et des engagements professionnels. Une mauvaise santé constante, sans fin en vue, était extrêmement frustrante et misérable.

Le fait que les médecins étaient soit incrédules, soit convaincus que j’étais malade, mais n’avaient aucune solution à proposer, n’a rien arrangé.

Comme le SFC, le Covid long est une maladie grave qui ne doit pas être prise à la légère. Même si elle n’est pas mortelle, elle peut affecter sérieusement la qualité de vie de la personne qui en souffre. Les responsables politiques doivent donc tenir compte des coûts sociaux du Covid long lorsqu’ils décident du moment et de la manière d’assouplir les restrictions en cas de pandémie.

Notre réponse à la pandémie devra viser autant à protéger la qualité de vie qu’à sauver des vies. Nous devons prendre des mesures sérieuses pour tenir en échec le Covid long.

Traduction : Citizen4Science – lien vers l’article original

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