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‘Vinegar Tom’ de Caryl Churchill au Lavoir moderne parisien

Quand les spectateurs entrent dans la salle, Alice et Jacques sont déjà sur la scène, se livrant à une sorte de danse lascive et sensuelle sur un parterre de feuilles mortes, tandis que les autres personnages sont éparpillés, muets et hiératiques, et que s’élèvent des volutes électroniques, quelques mesures chaudes de violoncelle et l’élégance raffinée d’une voix de femme. Nous sommes dans un XVI è siècle anglais qui n’a que peu à voir avec les traditionnelles tenues de cour et les décors d’apparat : ça sent la campagne, le terroir, la bouse de vache et le rude labeur des champs.

Et dans ce décor, c’est au sort des femmes que l’on va s’intéresser. Alice, tout d’abord, qui est définie volontiers comme « putain » simplement parce qu’elle n’est plus vierge, et qu’elle n’est pas épouse. Pire encore, elle est fille-mère. Suzanne, son amie, qui est enceinte elle ne sait trop de qui et qui « ne veut pas s’en débarrasser, mais aimerait bien qu’on l’en débarrasse sans qu’elle fasse rien pour s’en débarrasser. » Betty, qui, elle, est enfermée afin d’accepter le mariage qu’on a décidé pour elle. Et Marjorie, qui non seulement est cocufiée par son mari, Jacques, mais qui n’arrive pas à faire monter son beurre et qui vient de perdre une vache.

Et dans ce décor, c’est au sort des femmes que l’on va s’intéresser. Alice, tout d’abord, qui est définie volontiers comme « putain » simplement parce qu’elle n’est plus vierge, et qu’elle n’est pas épouse. Pire encore, elle est fille-mère. Suzanne, son amie, qui est enceinte elle ne sait trop de qui et qui « ne veut pas s’en débarrasser, mais aimerait bien qu’on l’en débarrasse sans qu’elle fasse rien pour s’en débarrasser. » Betty, qui, elle, est enfermée afin d’accepter le mariage qu’on a décidé pour elle. Et Marjorie, qui non seulement est cocufiée par son mari, Jacques, mais qui n’arrive pas à faire monter son beurre et qui vient de perdre une vache.

Dans la grande tradition de la comédie musicale, le récit est interrompu par des numéros musicaux chantés et dansés, mais ici, ils sont parfaitement intégrés et  ne font que renforcer le caractère tout à la fois tragiquement réaliste et créateur d’illusion. Les musiques sont enlevées, adaptées au propos et voyagent de la comptine populaire au blues en passant par le jazz ou le rap. De plus ces parties chantées et dansées mettent en valeur les qualités éblouissantes de tous les comédiens. Ils sont 8 sur scène (7 femmes, 1 homme) à jouer, chanter, danser, faire les pitres, déambuler, courir, vivre, prendre à partie le spectateur et à occuper idéalement l’espace pourtant tellement atypique du Lavoir Moderne Parisien.  La mise en scène d’Anaëlle Queuille est ingénieuse, originale et forte : les bouts de ficelle deviennent des baguettes magiques et le carton-pâte se mue en décor de rêve.

C’est à la fois drôle et cruel, sarcastique et émouvant. C’est Fred Astaire possédé de Laudun, c’est Ginger Rogers sorcière de Salem. Et c’est surtout éblouissant de voir des comédiens posséder à ce point une vraie maîtrise de leur voix, de leur corps, de l’espace … et du cœur des spectateurs. Du grand art sur la scène du LMP.

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4.6 MB

Photos : ©Alejandro Guerrero

Théâtre musical, du 28 mai au 1er juin 2025 – durée 1h50

Ecriture Caryl Churchill

Traduction Ariane Issartel

Mise en scène Anaëlle Queuille

Jeu Alice KudlakBlandine RottierLudivine AnberréeHugo PlassardFiona LévyLucie OuchetRaphaëlle SaudinosAriane Issartel

Musique / Son Ariane Issartel et Fiona Levy

Lumière Matthieu Baquey

Régie plateau Manon Garnier

Régie son Louis Nguyen

Scénographie / Accessoire Clémentine Stab

Costume Yanis Verot

Lavoir moderner parisien – 35 rue Léon – 75018 Paris

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