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Sommet Trump-Poutine à Anchorage : pas d’accord, mais une porte ouverte pour la paix en Ukraine ?

Le 15 août 2025, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont rencontrés à Anchorage, Alaska, pour des discussions cruciales sur un possible cessez-le-feu en Ukraine. Malgré l’absence d’accord concret, les deux leaders ont évoqué des progrès, avec une prochaine rencontre incluant l’Ukraine en perspective. Que retenir de ce sommet historique et de ses implications pour l’avenir ? Analyse d’un moment clé.

Un choix symbolique : Anchorage comme terrain neutre

La rencontre s’est tenue à la base militaire de Joint Base Elmendorf-Richardson, à Anchorage, un lieu chargé de symbolisme. L’Alaska, vendu par la Russie aux États-Unis en 1867 pour 7,2 millions de dollars, se trouve à la croisée des chemins entre les deux puissances, à seulement 88 kilomètres de la Russie via le détroit de Béring. Ce choix a permis aux États-Unis d’accueillir Poutine sur leur sol tout en contournant les contraintes juridiques liées au mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre lui, Washington n’étant pas signataire de cette cour. La mise en scène, marquée par un tapis rouge et un survol de bombardiers B-2 et de chasseurs F-35, a souligné la puissance militaire américaine, tout en offrant un cadre diplomatique spectaculaire. Ce lieu, au cœur de l’Arctique, reflète aussi les enjeux stratégiques croissants dans cette région convoitée.


Des discussions marathon sans accord immédiat

Le sommet, qui a duré près de trois heures, visait à poser les bases d’un cessez-le-feu dans la guerre russo-ukrainienne en cours depuis février 2022. Trump a qualifié la rencontre d’« extrêmement productive », affirmant que « beaucoup de points ont été convenus », mais il a tempéré l’optimisme en déclarant : « Il n’y a pas d’accord tant qu’il n’y a pas d’accord. » Poutine, de son côté, a évoqué un « entendement » qui pourrait « paver la voie vers la paix en Ukraine », sans préciser les termes. Les discussions ont porté sur des propositions controversées, notamment des échanges territoriaux et des garanties de sécurité pour l’Ukraine hors du cadre de l’OTAN. Cependant, les divergences sur les détails, notamment sur la question clé des territoires occupés par la Russie, ont empêché un accord concret. Trump a promis de contacter rapidement le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy pour organiser une rencontre tripartite, suggérant que des progrès pourraient émerger bientôt


L’absence de l’Ukraine comme une ombre sur les négociations

L’exclusion de Zelenskyy et des leaders européens a suscité une vive controverse. Zelenskyy, qui n’a pas été invité, a dénoncé les frappes russes sur des civils ukrainiens le jour même du sommet, affirmant que cela montrait le manque de sérieux de Moscou pour la paix. Dans une vidéo publiée le 15 août, il a insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu comme préalable à toute négociation sérieuse, tout en réaffirmant que l’Ukraine ne céderait pas de territoire sans référendum, conformément à sa constitution. Les Européens, écartés des discussions, ont exprimé leur inquiétude face à la possibilité que Trump fasse des concessions unilatérales à Poutine. La sénatrice républicaine Lisa Murkowski a plaidé pour que l’Ukraine soit incluse dans toute future négociation, soulignant qu’un accord sans Kyiv serait « vide de sens ». Cette absence a amplifié les craintes d’un affaiblissement du front uni occidental face à la Russie.

Les calculs stratégiques de Trump et Poutine

Pour Trump, ce sommet était une occasion de consolider son image de « dealmaker » capable de résoudre un conflit majeur. Il a mis en avant sa relation personnelle avec Poutine, tout en menaçant de « conséquences sévères » si la Russie ne s’engageait pas sérieusement. Ses déclarations sur Fox News, où il a blâmé l’administration Biden pour l’invasion initiale de l’Ukraine, montrent son intention de se démarquer de ses prédécesseurs. Poutine, quant à lui, cherche à légitimer ses gains territoriaux et à briser son isolement international. La présence de figures clés comme le ministre de la Défense Andreï Belousov et le ministre des Finances Anton Siluanov à Anchorage suggère que des propositions économiques, comme l’utilisation de brise-glaces russes pour des projets énergétiques en Alaska, ont été évoquées pour adoucir les tensions. Le Kremlin a qualifié l’atmosphère de « constructive », mais la prudence reste de mise

Un impact géopolitique incertain

Les résultats du sommet, bien que limités, pourraient redessiner les dynamiques mondiales. Un cessez-le-feu temporaire, ou « conflit gelé », reste une hypothèse plausible, permettant à Poutine de consolider ses conquêtes tout en offrant à Trump un succès diplomatique. Cependant, les Européens, notamment la Pologne et les États baltes, redoutent que cela n’encourage d’autres agressions. Les marchés financiers restent volatils : les prix du pétrole Brent ont fluctué après les annonces, reflétant les incertitudes sur l’approvisionnement énergétique russe. Par ailleurs, les tensions avec des partenaires comme l’Inde, visée par des menaces de sanctions secondaires pour ses achats de pétrole russe, montrent que ce sommet a des répercussions bien au-delà de l’Ukraine.

Vers une suite incertaine à Moscou ou ailleurs

Alors que les deux leaders ont quitté Anchorage sans répondre aux questions des journalistes, l’attention se tourne vers la prochaine étape. Trump a annoncé qu’une rencontre entre Poutine, Zelenskyy et lui-même était en préparation, potentiellement à Moscou, comme l’a proposé Poutine. Cette perspective soulève autant d’espoirs que de doutes, notamment sur la capacité de Trump à concilier les exigences ukrainiennes avec les ambitions russes. Comme l’a résumé la sénatrice Lisa Murkowski, un cessez-le-feu crédible nécessitera « des contours solides » et l’inclusion de l’Ukraine. Ce sommet, s’il n’a pas produit de percée immédiate, a au moins ouvert une fenêtre diplomatique. Reste à savoir si elle mènera à une paix durable ou à une nouvelle impasse dans un monde fracturé.

Illustration d’en-tête : Andrea pour Science infused

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