Mission « État efficace » de Sébastien Lecornu : une inspiration prudente du DOGE américain dans un contexte français
Vendredi 19 septembre 2025 le Premier ministre français fraîchement nommé a dévoilé une initiative visant à restructurer l’administration publique ; elle semble s’inspirer du « Department of Government Efficiency » (DOGE), co-créé aux États-Unis par Donald Trump et Elon Musk. Alors que la France est secouée par la grève massive du 18 septembre, cette annonce suscite des débats sur son lien avec les réformes du DOGE et son adaptation à une bureaucratie française notoirement lourde.
Une initiative française à l’écho américain
Le nouveau premier ministre Sébastien Lecornu, ex-ministre de la Défense promu le 9 septembre dernier a annoncé sur les réseaux sociaux (X [ex-Twitter], LinkedIn) la « Mission État Efficace » au lendemain d’une grève massive, assorti d’un communiqué du gouvernement l’explicitant. placée sous son autorité directe et rattachée à son cabinet à Matignon. Confiée à une équipe agile menée par Pierre-Mathieu Duhamel et Denis Morin, installés dans les locaux de Matignon avec leurs collaborateurs dans ceux de la Mission de reconstruction de Notre-Dame, cette mission vise à proposer en continu des mesures pour optimiser l’administration. Le nom évoque le « Department of Government Efficiency » (DOGE), lancé en novembre 2024 par Trump avec Musk, qui cible la bureaucratie fédérale. La mission française débute par une revue des délégations interministérielles, avec un principe de suppression par défaut, ayant conduit à l’élimination de structures comme la délégation interministérielle au Varenne agricole, la délégation aux restructurations d’entreprises (transférée au ministère de l’Économie), la délégation à la forêt et au bois, la délégation aux grands évènements sportifs (intégrée à la direction des sports), la délégation générale au SNU (extinction au 1er janvier 2026), le coordonnateur national des JO 2024, la délégation ministérielle aux JO, et le délégué à la transition énergétique (au 1er octobre 2025). Cette approche méthodique rappelle aussi le DOGE, sans sa rhétorique provocatrice typique de Musk.
Annoncée le lendemain matin-même de la grève 18 septembre qui aurait compté plus d’un million de participants, cette annonce projette une image de fermeté.
Le DOGE comme modèle absolu ou simple référence ?
Le DOGE, lancé après la victoire de Trump en 2024, s’appuie sur Musk et Ramaswamy pour moderniser la technologie fédérale, avec un objectif de restructuration d’ici juillet 2026. Trump a promis des audits publics, une idée reprise par Lecornu avec sa revue des délégations. Cependant, le DOGE mise sur une transparence agressive, tandis que la mission française reste progressive.
L’influence du DOGE se limite à l’idée d’efficacité, adaptée à la réalité française sans radicalisme trumpiste.
Le poids bureaucratique historique de la France
La France est connue pour sa bureaucratie dense, héritage de son centralisme. Le rapport du Sénat de juillet 2025 recense 434 opérateurs, 317 organismes consultatifs et 1 153 organismes publics, coûtant 540 millions d’euros annuels. En 2021, l’Insee recensait 5,706 millions de fonctionnaires (20,5 % de la population active), avec 85 pour 1 000 habitants, derrière la Norvège (110). Avec un budget de 1 200 milliards d’euros (55 % du PIB), elle n’a certes pas le record mondial (Oman : 78,7 %), mais sa complexité justifie des réformes.
Premières réactions notables
La CGT a dénoncé le 20 septembre une « attaque contre les services publics », appelant à une mobilisation le 25 septembre. Le 21 septembre, France Info a relayé une interview de Pierre-Matthieur Duhamel confirmant l’évaluation de dix organismes pour une suppression d’ici fin octobre.
Perspectives pour une réforme mesurée
À court terme, la mission pourrait s’inspirer des audits du DOGE, mais le contexte syndical, marqué par des grèves récentes comme celle du 18 septembre, limitera son ampleur. Les données de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), encore en consolidation pour 2024-2025, devraient bientôt préciser l’impact des mobilisations sur la réforme. À long terme, une transparence en ligne pourrait émerger, bien que cela heurte les traditions. Son avenir dépendra de sa capacité à concilier efficacité et stabilité sociale.
Illustration d’en-tête : Sébastien Lecornu, photo compte officiel LinkedIn
Science infuse est un service de presse en ligne agréé (n° 0329 X 94873) piloté par Citizen4Science, association à but non lucratif d’information et de médiation scientifique.
Non subventionné, notre média dépend entièrement de ses contributeurs pour continuer à informer, analyser, avec un angle souvent différent car farouchement indépendant. Pour nous soutenir, et soutenir la presse indépendante et sa pluralité, faites un don pour que notre section site d’actualité et d’analyse reste d’accès gratuit !
avec J’aime l’Info, partenaire de la presse en ligne indépendante


