Cinéma : ‘Classe moyenne’ : sans classe et sous la moyenne, la comédie qui se veut corrosive s’avère superficielle quand ce n’est pas grotesque
La brochette d’acteurs de premier plan promettait le meilleur du huis clos sous le soleil, mais ils ne sauvent pas un film balourd et caricatural qui se prend les pieds dans ses clichés et un scénario bancal. Pas drôle
Synopsis : « Mehdi a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents. Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa. Comme Mehdi est issu d’un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s’envenime.. »
Antony Cordier signe un naufrage social qui patauge dans un marécage de clichés, où les acteurs, pourtant vaillants, s’épuisent à donner vie à des marionnettes sans épaisseur. Dans l’ombre étouffante d’une villa provençale qui suinte l’opulence feinte, Mehdi débarque comme un intrus maladroit, son accent du Nord trahissant déjà les abysses d’où il émerge, tandis que la famille Trousselard, ces bourgeois en toc drapés de locutions latines et de robes fluides, le toise avec la condescendance d’un vin millésimé face à un soda bon marché. Antony Cordier nous inflige ce spectacle poussif d’un drame social qui se veut incisif mais qui s’étire dans la redondance puis le grotesque, où les dialogues sonnent comme des reproches mal articulés sur des gags éculés. Le couple de gardiens, face aux bougeois, reste une esquisse grossière, incapable de dépasser sa fonction d’archétype. Les images capturent des piscines turquoise qui reflètent non la joie mais la vacuité, des tables dressées où les couverts tintent comme des chaînes. Rien ne respire ici, tout est confiné dans une moiteur narrative qui colle à la peau, un étouffement visuel où les couleurs vives de l’été virent au jaune bilieux, soulignant l’absurdité d’un conflit domestique gonflé jusqu’à l’absurde : gardiens revêches contre maîtres de maison snobs. Si on se prend de curiosité au début, on somnole finalement au fil d’échanges laborieux d’un scénario qui s’égare. Mais hélas, ce frisson s’évanouit vite, noyé dans le ressac prévisible des rancœurs accumulées. Toutes les nuances de bleu vestimentaire y passent. On se prend même à guetter le prochain polo ou short bleu qui surgira dans la scène suivante, à défaut d’autre réel intérêt. Puis le film nous traîne jusqu’à sa conclusion violente et une scène finale glaciale et malaisante comme un hiver qui s’invite en plein cagnard. En empilant les poncifs pétris de violence ou de vulgarité sans jamais les creuser, ‘Classe moyenne’ livre un pensum qui croit trancher de façon acérée mais tourne à la caricature de lui-même.
‘Classe moyenne’ de Anthony Cordier, Avec Laurent Lafitte, Élodie Bouchez, Ramzy Bedia, Laure Calamy
durée 1h35
Sortie 24 septembre 2025
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