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Bientôt au cinéma : ‘C’était mieux demain’ : une histoire de faille temporelle pour une comédie jubilatoire sans faille

Vinciane Millereau signe un premier film réussi dans la catégorie comédie : une fresque sociale drôle, esthétique et intelligente bien enlevée par le duo Elsa Zylberstein et Didier Bourdon

Synopsis : « Dans une petite bourgade française, Hélène, Michel, et leurs deux enfants, coulent des jours heureux dans l’insouciance des années 1950. Soudainement propulsés en 2025, le couple découvre un monde moderne à l’opposé de celui qu’ils connaissent. Pour Hélène, qui a toujours vécu comme il se doit dans l’ombre de l’époux, c’est une révolution. Mais, pour Michel, qui voit ses privilèges d’Homme voler en éclat, c’est un cataclysme. Entre vent nouveau et parfum d’antan, ce voyage dans le temps ne sera pas de tout repos.« 

Avec ce tout premier opus de Vinciane Millereau, voici une comédie vraiment drôle, intelligente et savoureusement douce-amère qui transcende le simple divertissement pour interroger avec finesse notre rapport au temps, à l’amour et à la société. UN couple des années 50, Hélène (Elsa Zylberstein) et Michel (Didier Bourdon) est propulsé en 2025 via une faille temporelle déclenchée par un improbable cadeau Bonux, une machine à laver. Hélène la cache, pressentant que Michel n’appréciera pas cette machine à émanciper son épouse de ses taches ménagères. Le film tisse un récit jubilatoire, porté par un duo d’acteurs en état de grâce et des références malicieuses à Retour vers le futur et plus explicitement à Les Visiteurs, lorsque les travers des deux époques s’entrechoquent. L’univers simple et insouciant mais aussi guindé des années 50, avec ses jupes plissées, mises en plis et son patriarcat bon teint, est restitué avec un soin visuel remarquable, tout comme 2025 et sa technologie omniprésente, mais aussi ses crispations sociétales. Les looks des protagonistes, méticuleusement travaillés, amplifient le choc temporel : des costards cintrés et cheveux gominés des fifties aux sneakers fluo modernes, chaque détail visuel est une pépite d’humour et d’authenticité. Bourdon incarne un Michel désarçonné, cabotin mais touchant, figé dans son rôle d’époux et de père ringard des fifties, dépassé par un futur où il se retrouve au chômage, cramponné à son passé et tentant vainement de ramener sa famille à son époque, où il était un banquier, refusant systématiquement un crédit aux inventeurs de la ceinture de la sécurité ou des meubles à monter soi-même car il est persuadé qu’il s’agit de gadgets sans avenir… un clin drôle et malin à la suite à venir. Elsa Zylberstein crève l’écran en Hélène, s’émancipant assez rapidement avec une aisance sidérante, troquant mentalement et physiquement son carcan des années 50 pour embrasser 2025, jusqu’à finalement rejeter les efforts désespérés de son mari pour revenir en arrière. Cette dynamique de couple, à la fois drôle et poignante, porte une réflexion subtile sur l’évolution des rôles « genrés » et la transmission intergénérationnelle. Vinciane Millereau s’abstient de tout manichéisme ou de moralisation, refusant d’idéaliser les années 50 avec ses femmes reléguées au foyer et ses minorités invisibilisées ou de glorifier un 2025 saturé de technologie et de fractures sociales. Le film devient un miroir des illusions du passé et des désillusions du présent, sans jamais verser dans le didactisme. La mise en scène où 2025 est filmé comme un film d’horreur vu des fifties, offre un décalage jubilatoire, amplifié par des dialogues ciselés et des gags récurrents. Les seconds rôles, des enfants méconnaissables d’une époque à l’autre, enrichissent cette fresque sociale avec leurs looks et leurs attitudes contrastées. Pas de pathos, pas d’effets spéciaux, juste une comédie rythmée qui mêle inventivité, humour populaire, émotion sincère et regard lucide sur ce que nous voulons garder ou transformer. Comme quoi le cinéma français peut briller en assumant un ancrage populaire. On sort en ayant beaucoup ri, en se demandant effectivement si c’était mieux (hier, aujourd’hui ou si ce sera mieux) demain.

‘C’était mieux demain’ de Vinciane Millereau- durée 1h43
avec Elsa Zylberstein, Didier Bourdon, Mathilde Le Borgne, Maxim Foster, Romain Cottard, Barbara Chanut, Céline Fuhrer, Aurore Clément, Didier Flamand
Sortie 8 octobre 2025

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