Bientôt au cinéma : ‘Dalloway’ : rate le coche entre clichés survolés et talents sous-exploités
Un casting cinq étoiles, un thème brûlant, un cinéaste talentueux… Dalloway promettait un thriller technologique audacieux. Mais ce huis clos futuriste, adapté d’un roman, s’enlise dans une superficialité glacée, héritant des faiblesses de son matériau d’origine et laissant l’émotion sur le carreau.
Synopsis : « Clarissa, romancière en mal d’inspiration, rejoint une résidence d’artistes prestigieuse à la pointe de la technologie. Elle trouve en Dalloway, son assistante virtuelle, un soutien et même une confidente qui l’aide à écrire. Mais peu à peu, Clarissa éprouve un malaise face au comportement de plus en plus intrusif de son IA, renforcé par les avertissements complotistes d’un autre résident. Se sentant alors surveillée, Clarissa se lance secrètement dans une enquête pour découvrir les réelles intentions de ses hôtes. Menace réelle ou délire paranoïaque ?«
Attendu comme un bijou du thriller technologique, Dalloway réunissait tous les ingrédients pour briller : Yann Gozlan, cinéaste talentueux qui nous a offert le thriller haletant ‘Boîte noire’, un sujet d’actualité brûlante sur l’IA infiltrant nos vies, Cécile de France en tête d’affiche, et la voix iconique de Mylène Farmer pour incarner une intelligence artificielle. Présenté en avant-première à Cannes 2025, le film, adapté du roman Les Fleurs de l’ombre de Tatiana de Rosnay, s’effondre sous ses propres ambitions, reflétant les faiblesses du livre : manque d’originalité, recyclage de thèmes dystopiques, traitement superficiel des sujets psychologiques et technologiques. Le film livre un résultat lisse, prévisible et frustrant, qui effleure ses idées sans jamais les saisir. L’histoire nous plonge dans un institut high-tech où Clarissa, portée par une Cécile de France investie mais entravée par un scénario bancal, se heurte à Dalloway, une « assistante » IA vocale omniprésente incarnée par Mylène Farmer. La performance de cette dernières est frappante, progressant avec brio d’une bienveillance maternelle à une froideur menaçante. Cette capacité d’expression saisissante aurait pu faire de l’IA une entité charnelle et envoûtante, mais le talent de Mylène Farmer est hélas sous-exploité, comme empêché de prendre de l’ampleur pour tenter de le réduire à un simple effet narratif. C’est assez symptomatique des problèmes du film. On pense avec regret au potentiel libéré sur ce thème de l’IA vocale envahissante dans l’excellent film Her qui transformait une voix (celle de Scarlett Johannson) en un personnage vibrant d’humanité et totalement incarné. Dalloway se contente donc de survoler sa thématique, accumulant les poncifs : surveillance totalitaire, perte de contrôle, manipulation technologique,… dans une superficialité presque caricaturale. Ce manque d’originalité, déjà reproché au roman de Rosnay pour son recyclage d’idées à la 1984 ou Black Mirror sans perspective neuve ou traitement émotionnel fort, plombe l’intrigue, qui s’enlise dans des sentiers battus. Les thèmes connexes, pourtant riches, sont à peine esquissés : l’éthique de l’IA, la dépendance à la tech, ou encore le versant psychiatrique avec la dépression, la paranoïa, ou le trouble bipolaire suggéré par la prise de lithium de Clarissa. Les thèmes nous sont jetés en pâture comme si on parcourait un catalogue sur papier glacé, sans être véritablement explorés. Malgré les efforts de Cécile de France, qui parvient à insuffler une humanité fragile à son personnage, l’émotion ne prend pas, noyée dans un récit trop policé, trop propre, qui refuse de plonger dans les abysses de ses réflexions. Yann Gozlan, pourtant maître dans l’art de la tension, semble perdu, hésitant entre thriller paranoïaque, fable dystopique et drame intimiste. En voulant tout embrasser, Dalloway ne touche rien. Les seconds rôles, fades et purement fonctionnels, n’apportent aucune densité. Les clichés s’accumulent des hackers à la base secrète de rebelles et aux complots technologiques sans jamais surprendre. La mise en scène, élégante mais sans aspérités, ne compense pas un scénario qui patine, incapable de transcender les faiblesses de son matériau littéraire. Dalloway échoue à donner une âme à son IA et à son récit. Cécile de France et Mylène Farmer méritaient mieux qu’un film qui promet une révolution mais ne murmure que des banalités. Dalloway ? Un No way sous forme de rendez-vous manqué.

‘Dalloway’ de Yann Gozlan- durée 1h50
avec Cécile de France, Mylène Farmer, Anna Mouglalis, Lars Mikkelsen, Frédéric Pierrot
Sortie 17 septembre 2025
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