#MeeTooCinémaCritique cinématographiqueCultureSociologie

Bientôt au cinéma : « Le mélange des genres », un film de Michel Leclerc avec Benjamin Lavernhe, Léa Drucker, Judith Chemla

Le thème du MeToo en mode burlesque : c’est audacieux et c’est réussi grâce à un duo, et même un trio d’acteurs au top ; vu en avant-première en présence du réalisateur, dès mercredi dans les salles

Synopsis : « Simone, une flic aux idées conservatrices, est infiltrée dans un collectif féministe qu’elle suspecte de complicité de meurtre. A leur contact, Simone s’ouvre progressivement à leurs idées. Mais lorsqu’elle est soupçonnée par le groupe d’être une taupe, elle se sert du premier venu pour se couvrir : Paul, un homme doux, inoffensif et respectueux des femmes qui vit dans l’ombre de sa moitié, faisant de lui, malgré elle, un coupable innocent. Simone, catastrophée de ce qu’elle a fait, tente de réparer sa faute… Comment Paul va-t-il réagir ? »

Quelques mots sur Michel Leclerc, pas plus de 15 lignes

Michel Leclerc, on le connait pour ses comédies sociales audacieuses et engagées. Il se distingue par sa capacité à mêler humour, satire et réflexion politique, explorant des thèmes comme l’identité, le féminisme ou les classes sociales. On a pu échanger hier avec lui suite à une projection en avant-première de son nouveau film, à l’affiche dès mercredi. Modeste et sympathique, il nous rappelle qu’il vient du court-métrage et qu’il se sentait au départ plus scénariste que réalisateur, mais que maintenant, alors qu’il le redoutait, il adore diriger les acteurs, toujours dans l’échange et la co-construction permettant de belles surprises. On se rappelle d’emblée Le Nom des gens (2010) avec Sara Forestier et Jacques Gamblin, qui remporta deux Césars (scénario, actrice). Il collabore souvent sa compagne Baya Kasmi pour des scénarios percutants au regard humaniste (La lutte des classes, 2019), ce nouveau film n’y échappe pas et c’est tant mieux. Il confirme son goût pour les sujets brûlants. Dialogues vifs, scénario au scalpel qui nous emporte sans temps morts, personnages complexes qui savent éviter les caricatures. Le sujet est audacieux, mélangeant comme le titre du film à double sens l’indique, comédie, polar, tableau social dans le cadre de cette réflexion masculine sur le post-#MeToo. Le duo d’acteur est parfait : Benjamin Lavernhe (primé à Avoriaz), tout aussi comique que tendre et paumé, et Léa Drucker qui réussit cette performance d’acteur pas toujours facile du double jeu que lui impose l’histoire. On a beaucoup apprécié également Judith Chemla en cheffe de choc de mouvement militant féministe, entière, intransigeante et humaine. Elle est à fond sur son rôle, et bien sûr on y voit un écho à sa propre expérience relatée dans son livre ‘Notre silence nous a laissées seules‘ (2024), témoignage personnel de victime de violences conjugales.
Après la projection, où l’on a beaucoup ri, Michel Leclerc répond avec gentillesse à nos questions. Sa disponibilité n’est pas feinte, car quand l’organisateur nous proposera de poser une dernière question, il répondre « Non mais pas de souci, j’ai tout l’après-midi« . Le mélange des genres : l’héroïne, Simone, est une policière qui a fait sa place dans un monde masculin. Le héros, Paul, est presque un homme au foyer, désœuvré en tant que comédien comme sa femme, qui contrairement à lui, a réussi. Michel Leclerc nous explique : « Il vaut mieux partir d’un cliché que d’y arriver« , comme réponse à ceux qui pourraient trouver que son film en contient trop. À propos du sujet et la façon dont il a traité le sujet, il sait qu’il est épineux, décrivant « un champ de mines » dans lequel il fait « de la dentelle » ; mais que c’est de la fiction, et c’est là « le contrat avec le spectateur » : « on peut aller loin, ne pas être prudent, et même au contraire, on peut être imprudent« . Sur le #metoo, il voit particulièrement une « pluralité de points de vue » selon la façon dont chacun l’a traversé, mais que tout le monde est concerné. Michel Leclerc est tellement conscient qu’il marche sur des œufs avec son film qu’il y eu « des séances de coaching » avec les acteurs principaux pour le cas où des journalistes poseraient des questions « gênantes« . Interrogé sur le choix des acteurs, Michel Leclerc révèle ne pas avoir écrit le scénario en pensant à des acteurs précis, et que c’est sa démarche habituelle. Il pense que l’on se limite si on le fait, et qu’ on peut être « influencé » dans l’écriture. Ainsi, le choix de Benjamin Lavernhe lui est venu avec le scénario bien bouclé, avec à l’esprit sa « grande capacité burlesque« . Il loue également le « jeu subtil » de Léa Drucker naviguant avec un personnage à deux facettes. Et pour la suite ? lui demande-t-on. Il avoue que Le mélange des genres l’a « épuisé » en lien avec le traitement de la thématique sensible. Il nous livre qu’il aimerait faire une comédie historique dans laquelle Cyrano de Bergerac rencontrerait Molière en 1650. On a hâte.

« Le mélange des genres » de Michel Leclerc avec Léa Drucker, Benjamin Lavernhe, Judith Chemla, Julia Platon, Melha Bedia, Vincent Elbaz – durée 1h43 – sortie le 16 avril 2025

Cet article GRATUIT de journalisme indépendant à but non lucratif vous a intéressé ? Il a pour autant un coût ! Celui de journalistes professionnels rémunérés, celui de notre site internet et d’autres nécessaire au fonctionnement de la structure. Qui paie ? nos lecteurs pour garantir notre indépendance. Votre soutien est indispensable.

Science infuse est un service de presse en ligne agréé (n° 0329X94873) piloté par Citizen4Science, association à but non lucratif d’information et de médiation scientifique.

Notre média dépend entièrement de ses lecteur pour continuer à informer, analyser, avec un angle souvent différent car farouchement indépendant. Pour nous soutenir, et soutenir la presse indépendante et sa pluralité, faites un don pour que notre section presse reste d’accès gratuit, et abonnez-vous à la newsletter gratuite également !

ou via J’aime l’Info, partenaire de la presse en ligne indépendante

Abonnez-vous à la Newsletter de Science infuse !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
28 × 24 =