Chronique azuréenne 6/8 : ‘Des préhistoriques à la Plage’ ! au musée Terra Amata de Nice
Petit-Poucet ne renonce jamais : le discret et injustement méconnu musée de Terra Amata (spécialisé dans la Préhistoire et l’archéologie) voulait, lui aussi, participer au grand cirque médiatico-culturel de la Conférence des Nations-Unies sur l’Océan, en juin 2025. Et il le fait avec une exposition drolatiquement intitulée Des préhistoriques à la plage. Le site de Terra Amata a été occupé à vingt-six reprises entre 400 000 et 380 000 ans et l’on se doute qu’une telle récurrence est due en grande partie à la proximité de la mer.
On apprend, ou l’on rappelle, l’influence majeure qu’exerça la mer sur les humains depuis les temps les plus reculés. La plage est un lieu de vie et elle permet en particulier de se nourrir : mollusques, crustacés, poissons, oiseaux et mammifères marins figurent au menu. Les premières traces de navigation remontent à 70000 ans avant notre ère, expliquant en partie le peuplement de certaines iles, et la pêche est pratiquée depuis le Paléolithique.
On est davantage étonné, en revanche, d’apprendre que la mer (pour reprendre le titre de la huitième section de l’exposition) servait « à se faire beau ».
C’est au Maroc, dans la grotte de Bizmoune, que l’on a retrouvé les plus anciens éléments d’une parure : 32 coquilles façonnées qu’on date de 150 000 à 142 000 ans avant notre ère. Et, dans ses vitrines, le musée nous présente une parure reconstituée (grotte de Barma Grande, Ligurie),

une canine d’ours décorée (abri Dututhy, Landes)

et un ensemble de 22 coquillages provenant d’un collier (grotte des Balzi Rossi, Ligurie.

Cent mille ans avant notre ère, on collectionnait les coquillages et on les perçait pour en faire des éléments de colliers ou des bracelets. Un très surprenant moulage aussi, celui de la sépulture de la Dame du Cavillon, découverte dans une grotte en Italie : 25000 ans avant notre ère, la dame en question avait été inhumée le crâne couvert d’une coiffe constituée de minces fils entremêlés en un filet qui retenaient des petits coquillages (photo d’en-tête de l’article). La coiffe en question a été reconstituée dans une vitrine : elle est raffinée, élégante et terriblement moderne.
Autre étonnement : la conque de Marsoulas. Le coquillage en question, 31 centimètres de long pour 18 de large, n’était rien moins qu’un instrument de musique. L’apex, le point de départ de la coquille, a été poli pour constituer une embouchure ; le labre et la lèvre extérieure ont été régularisés pour améliorer le son ; la surface interne autant que l’externe ont été décorés par des points à l’ocre rouge, encore nettement visibles. Nos très lointains ancêtres ne faisait pas que survivre au sein d’un univers hostile : leur quotidien était fait aussi de beauté et d’harmonie.

Du 25 avril au 28 septembre 2025
Musée de Préhistoire Terra Amata – 25 boulevard Carnot – 06300 Nice
Photos : Alain Girodet Copyright, juin 2025
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