Cinéma : ‘Rembrandt’ : un pamphlet écolo dans la lumière affadie de Rembrandt
Rembrandt, porté par Camille Cottin, énigmatique, et Romain Duris éclaire l’urgence écologique à travers une révélation picturale dans l’univers austère du nucléaire. Pierre Schoeller signe un film ambitieux mais tiède
Synopsis : « Claire et Yves, physiciens de formation, travaillent dans le nucléaire depuis toujours. Lors d’une visite à la National Gallery, Claire va être bouleversée par trois toiles de Rembrandt. Cette rencontre avec ces trois œuvres magistrales va les changer à jamais.. »
Pierre Schoeller, maître des fresques engagées (L’Exercice de l’État), plonge dans le monde du nucléaire avec une mise en scène soignée, où la caméra de Thomas Hardmeier capture la texture des toiles de Rembrandt avec une élégance hypnotique. Ces tableaux, baignés de clair-obscur, contrastent avec les centrales nucléaires, filmées comme des labyrinthes d’acier où plane une menace sourde. Les images, d’une beauté baroque, traduisent l’éveil de Claire (Camille Cottin), ingénieure nucléaire bouleversée par une expérience quasi mystique à la National Gallery. Cette révélation, où l’humilité des toiles devient un miroir de sa prise de conscience écologique, l’oppose à Yves (Romain Duris), son mari également ingénieur nucléaire, ancré dans un rationalisme que l’on veut nous vendre comme obstiné. Leur alchimie blessée, portée par des silences lourds et des échanges tendus, veut donner au film une intensité intimiste. Pourtant Camille Cottin, bien que juste, manque parfois de la ferveur transcendante qu’un tel rôle pourrait exiger, pour s’inscrire dans le registre énigmatique, tout en retenue et non-dits perpétuels. Son dilemme naissant est le déchirement entre devoir professionnel et urgence planétaire. Dans son regard percent l’éco-anxiété et la vulnérabilité. Romain Duris, en contrepoint, est l’homme dépassé par les événements environnementaux et l’évolution de son épouse.
Si des visions oniriques des tableaux captivent visuellement, elles peinent à éclaircir le lien précis entre les tableaux et la crise de Claire, laissant une impression de creux et d’inachevé. Schoeller ambitionne un pamphlet écologique, dénonçant l’aveuglement collectif face au réchauffement climatique et aux risques du nucléaire. Les toiles de Rembrandt, symboles d’humilité face à l’arrogance technologique, sont une métaphore pertinente, mais le « cygne noir », ce risque imprévisible censé incarner les dangers, ne convainc pas dès lors qu’il est révélé par et pour des scientifiques vu dès lors comme des experts naïf. Dans un contexte où le nucléaire redevient une solution débattue, le film veut alerter, mais son esthétisme, parfois trop léché, dilue l’urgence. Pourquoi ces trois toiles précisément ? Quoi et qui a contaminé la toile « The Old Man » précisément ? Claire, ce qui aurait déclenché sa repentance ? Ces mystères sont comme des ébauches non abouties et frustrent, rendant le propos souvent plus cérébral voire prétentieux qu’émotionnel. Le rythme, longuet, s’attarde donc sur des contemplations visuelles qui si elles séduisent, ralentissent la narration. La photographie, d’une splendeur baroque, permet de maintenir l’attention.

‘Rembrandt’ de Pierre Schoeller, avec Camille Cottin, Romain Duris, Céleste Brunnquell
durée 1h47
Sortie 24 septembre 2025
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