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Cinéma : « The substance » : esthétique épurée du « body horror » truffée de références

Primé pour son scénario au 77e festival de Cannes, le deuxième film de Coralie Fargeat est bourré de références au genre ; on salue la prouesse de l’auteur-réalisatrice et des acteurs malgré la dernière demi-heure « too much »

Synopsis : « Avez-vous déjà rêvé d’une meilleure version de vous-même ? Vous devriez essayer ce nouveau produit : THE SUBSTANCE
Il a changé ma vie. Il permet de générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite.
Respectez les instructions : VOUS ACTIVEZ une seule fois ; VOUS STABILISEZ chaque jour ; VOUS PERMUTEZ tous les sept jours sans exception.
Il suffit de partager le temps. C’est si simple, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? »

Il y a de La métamorphose de Franz Kafka, du Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, de La mouche de David Cronenberg, de l’Elephant Man de David Lynch, de l’Alien de Ridley Scott voire un couloir angoissant tout tiré de Shining (Stanley Kubrick) et sans doute bien plus encore, au gré de votre culture. On apprécie dès les premières minutes les scènes courtes ingénieuses purement cinématographiques qui nous résument la substance et l’héroïne star déchue d’Hollywood, ainsi que son employeur (Dennis Quaid). Elisabeth (Demi Moore) nous apparaît d’abord telle une Jane Fonda, reconvertie dans une émission d’aérobic télévisée à succès. Cela fait un peu vintage, mais elle a l’air bien dans ses baskets, toujours aussi jolie, souple et class à la cinquantaine (Demi Moore a en réalité 61 ans). Tout va basculer très vite. Coralie Fargeat joue de l’image, des lumières et du son à pleine puissance, tout comme ses acteurs qui se donnent à fond. Dennis Quaid est écœurant, au moyen de gros plans, d’accoutrements kitsch, de mimiques et d’attitudes malotrues ponctuées de réflexions misogynes et vénales. Demi Moore a eu un sacré courage pour aller au bout de son personnage et revêtir la monstruosité révulsante qui grandit de façon exponentielle. Margaret Qualley , qui joue le double de Demi (sans jeu de mots) est entière (sans jeu de mots) dans son jeu et nous convainc, avec son regard troublant à la Eva Green. On apprécie le contraste entre la bimbo du XXIe siècle qui alterne avec la star has-been du XXe siècle. Au-delà de l’horreur, c’est un film féministe qui porte un regard sur l’image de la femme dans la société, et sur la société de l’image à l’ère des gravures de mode format influenceurs, des selfies et des réseaux sociaux. Ce film est extrêmement cru, et cruel. La dernière demi-heure, dans nos retranchements, on voudrait juste que la spirale infernale, presque grotesque, s’arrête. Mais Coralie Fargeat ne le voit pas de cet œil. Le spectacle digéré, à la réflexion, on respecte son choix de nous pousser à bout.

« The substance » de Coralie Fargeat, avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid – Durée : 2h20 – Sortie : 6/11/2024

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