Déontologie médicale : Le Dr Jean-Paul Hamon sanctionné face à Francis Lalanne pour manquement à obligation de « ne pas déconsidérer la profession
C’est la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins face aux insultes proférées par le médecin à l’attention du chanteur.
« Abruti« , « illuminé« , et questionnant publiquement : « pourquoi on ne le colle pas au trou ce mec » ? font partie des mots doux à l’adresse du chanteur en 2021 sur CNews, à l’adresse du chanteur qui se positionnait, en pleine pandémie de Covid-19, contre le port du masque et la vaccination contre le virus. Le médecin s’était exprimé sur le plateau TV À l’occasion d’un rassemblement contre les mesures sanitaires ; Francis Lalanne avait encouragé le public à oublier le masque et à s’embrasser.
Une décision en appel
Le chanteur avait porté plainte auprès du Conseil d’Ile-de-France de l’Ordre des médecins. Il avait perdu, l’Ordre régional considérant en 2023 que le chanteur avait eu des propos « outranciers et particulièrement provocateurs » justifiant les commentaires du médecin. Francis Lalanne n’avait pas baissé les bras, faisant appel de cette décision. C’est ainsi que le Conseil de l’Ordre, national cette fois, s’est prononcé en appel dans un jugement rendu le 9 janvier 2025, annulant la décision de première instance. Le juge a considéré que les injures du Dr Hamon constituent « un manquement à son obligation de ne pas déconsidérer la profession« . Le jugement stipule que s’il avait néanmoins le droit d’exprimer sa position : « le Dr Hamon est en droit de faire part de sa vive indignation devant la prise de position de M. Lalanne demandant au public de ne pas respecter les mesures sanitaires alors en vigueur pour endiguer l’épidémie de coronavirus« . Le médecin écope de la plus petite des sanctions, un avertissement.
Le fond, la forme
Cette affaire rappelle que la déontologie médicale implique bienséance, tact et mesure dans l’expression publique. Ce n’est pas compatible avec les injures. Et ce même en réponse à des propos inacceptables voire injurieux eux-mêmes. Ce signe distinctif est le propre des métiers soumis à un Ordre professionnel. L’obligation est ainsi clairement établi dans le Code de déontologie médicale, repris d’ailleurs concrètement dans la nouvelle Charte des médecins créateurs de contenus objet d’un article récent dans nos colonnes. Ce qui s’applique aux écrits est tout aussi valable à l’expression orale.
Le médecin condamné en colère
Jean-Paul Hamon est médecin généraliste, et président d’honneur de la Fédération des Médecins de France (FMF). Il se dit « révolté » et « sidéré » suite à la réception de la sanction écrite, qu’il a reçu il y a quelques jours à peine. « un vrai scandale« , ajoute-t-il. Pour lui, cette décision décrédibilise l’Ordre des médecins, sans avoir la moindre perception que ses propos injurieux peuvent décrédibiliser les médecins tout court. Pour preuve, il affirme ne regretter aucunement ses injures envers Francis Lalanne. Il a même fait part à des confrères journalistes d’éventuellement saisir le Conseil d’État pour contester la décision du Conseil de l’Ordre.
On peut tout dire, du moins beaucoup de choses, et de façon tout à fait justifiée et à bon escient. Mais pas n’importe comment. La probité exigée impose certaines limites fixée par la déontologie médicale. La crise sanitaire mondiale a été propice aux excès en tous genres ; les médecins ne font pas exception, certains ayant d’ailleurs cédé aux sirènes du populisme médical.
Illustration d’en-tête : Andrea pour Science infused
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