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Éditorial – 22/06/2023

Pas de dents, pas de caries !

Le gouvernement vient d’annoncer coup sur coup une mesure et un projet relatif à la prise en charge des soins de santé. Tout d’abord, on apprend la semaine dernière que la prise en charge des soins dentaires par la sécurité sociale baisser va baisser de 70 % à 60 %. À la clé : 500 millions d’euros d’économies pour la Sécurité sociale. En même temps, on nous annonce une volonté de développer la prévention pour « de futures générations sans caries ». Allez comprendre car évidemment, ce sont les ménages les plus défavorisés (les « sans-dents ») qui vont trinquer et réduire leur consommation de soins, y compris de prévention ou de prise en charge précoce. Pas de dents, pas de caries ! oserait-on dire. Face à l’incompréhension de l’opinion, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’Assurance maladie a tenté de rattraper le coup de façon périlleuse, en expliquant qu’il ne s’agissait pas d’une baisse de prise en charge mais d’un changement de répartition de la prise en charge entre la sécurité sociale et les mutuelles santé. Le ministre de la santé François Braun a cru bon d’insister : « Ce transfert ne génère pas de coûts supplémentaires pour les assurés ». Veut-on nous faire avaler des couleuvres ? Chacun comprend le mécanisme : augmentation de la prise en charge par les mutuelles implique augmentation des cotisations pour les ménages.

Ensuite, on apprend cette semaine quelque chose d’encore plus surprenant : le gouvernement envisage d’autres économies santé en augmentant la franchise (reste à charge) des médicaments vendus en pharmacie sur prescription et remboursables. « La gratuité ou la quasi-gratuité peuvent conduire à déresponsabiliser le patient et expliquent que l’achat de médicaments soit encore si élevé en France » justifie Bruno Le Maire. Depuis quand le patient est responsable des prescriptions qu’il reçoivent. On cherche la logique d’une telle mesure; car les patients ne sont pas prescripteurs (médecins) ni dispensateurs (pharmaciens) de ces médicaments. Or, on sait où est le levier d’action : les prescripteurs. en France, les médecins prescrivent trop, et parfois de façon inappropriée. Le cas des antibiotiques ou des anxiolytiques est bien connu. Pourquoi n’agit-on donc pas à la source des prescription ? Ensuite, il y a un moyen d’action au niveau de la dispensation : pourquoi ne pas généraliser la dispensation des médicaments à l’unité, c’est-à-dire que les médicaments seraient donnés aux patients par les pharmaciens pour la seule quantité dont ils ont besoin, dans le respect de l’ordonnance du médecin. Ah ! là c’est un manque à gagner pour… les laboratoires pharmaceutiques qui préfèrent vendre des boîtes complètes. Avec le risque d’automédication et mésusage générés par le surplus vendu.

Ces mesures annoncées vont toutes dans le même sens en faisant « trinquer » les usagers de soins de santé de façon peu cohérente, Un moyen facile de renflouer les caisses dans une vision à court-terme ? Ne risque-t-elle pas de creuser les inégalités avec un pas de plus vers la privatisation de la santé et un affaiblissement du système de santé solidaire ?

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