Éditorial – 9/07/2024
Macron a-t-il ouvert la porte à Mélenchon ? Qui est « aux portes du pouvoir » ?
La dissolution de l’Assemblée Nationale décidée par Emmanuel Macron a-t-il été l’équivalent d’un déroulé de tapis rouge à Jean-Luc Mélenchon ? Le résultat inattendu des législatives anticipées que le président a provoqué autorise chacun à se poser la question. Et bien d’autres, à savoir est-ce prémédité ou une conséquence imprévue d’un plan. D’ailleurs, y a-t-il un plan ? Pour le moment, Macron a refusé la démission de son Premier ministre Gabriel Attal, pourtant tradition républicaine jamais passée outre jusqu’ici. Il peut donner l’impression de ne pas vouloir acter le vote des Français. Mais il ne sait passé que deux jours depuis le scrutin, dans une procédure accélérée et même précipitée. Qui a gagné ces élections législatives ? Qui les a perdus ? C’est difficile à dire, et cela dépend de quel point de vue l’on se place. Plus que jamais, la configuration actuelle permet à chacun de voir les résultats des élections sous son prisme, ses convictions, ses envies. Certains considèrent que le Rassemblement national a perdu, parce qu’il espérait gagner une majorité absolue. Cette perspective a largement été utilisée comme épouvantail. Le Nouveau Front Populaire apparaît gagnant. Pour l’instant, car il ressemble à une construction politique en toute impréparation pour les besoins de la cause de ces élections. Concocté par le LFI et son chef Jean-Luc Mélenchon il apparaît gagnant en nombre de sièges, mais cette juxtaposition de sièges gauche + extrême-gauche existe-t-elle vraiment et surtout, peut-elle perdurer ? Car si l’on enlève la marque NFP toute fraîche, déposée en tant que telle avec son logo (marque dite figurative) à l’INPI par le PS le 11 juin et dans la foulée par LFI le 12 juin, ce qui peut prêter à sourire sur la cohésion de ce nouveau groupe, et que l’on regarde la répartition des sièges de la nouvelle Assemblée nationale, on peut avoir une toute autre vision des vainqueurs et des perdants : LFI et ses 73 sièges est à quasi égalité avec le Parti socialiste, à 4 sièges près, alors que le RN fait une percée historique et avec 130 sièges, apparaît deux fois plus gros que chacun des deux. Renaissance, le parti macroniste a 103 sièges est en position intermédiaire, paralysé. Le jeu des désistements au second tout a fonctionné pour faire barrage au RN plus que pour élire un député ou faire gagner un parti ou une étiquette NFP. Alors, chacun l’a compris, après la course aux tracts pour les élections, c’est la course aux tractations : des alliances sont nécessaires pour former des coalitions et faire ressortir des mouvements au sein de l’Assemblée suffisamment solides pour avancer. Elles vont déjà bon train. Alors que Mélenchon et ses bras droits exigent un Premier ministre LFI, des politiques de gauche et Renaissance ou droite modérée proposent de rassembler au « centre large » pour exclure les 2 extrêmes, alors que des dissidents du LFI tentent de se rapprocher du Parti communiste et des Écologistes en incitant publiquement leurs anciens camarades à les rejoindre. Les prémices de NFP, une Nupes 2 tel un jeu de dupes ? Car en dehors de tous ces jeux politiques, le paradoxe est bien présent : 37 % des électeurs ont voté pour le RN soit 10 millions de Français, alors que la gauche et l’extrême-gauche font 27 %, les centristes 25 %. L’exigence de gouvernement LFI par le chef des insoumis paraît bien déplacé dans ces conditions, amplifié par les médias qui lui tendent outrageusement le micro, à moins de considérer qu’il faille le récompenser de son tour de passe-passe politicien.
Dessin de presse : Milleray pour Science infuse
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