Événement politique historique : le gouvernement Barnier a été renversé par l’Assemblée Nationale ; Macron promet un nouveau Premier Ministre incessamment
La motion de censure déposée par la gauche a été largement adoptée ce mercredi soir 4 décembre ; du jamais vu depuis 1962, pour un grand saut de la France dans l’inconnu ; le président a annoncé ce soir un nouvelle nomination d’ici quelques jours pour nommer un « gouvernement d’intérêt général »
On avait eu le coup de théâtre en juin de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron dès l’annonce des résultats des élections européennes, assorties d’un score historique du Rassemblement national. La démission en conséquence de Gabriel Attal, puis 50 jours d’attente pour voir nommé Michel Barnier, qui aura tenu trois mois au poste avec ce nouveau retournement brutal.
Peu de suspens
Dès lors que Michel Barnier a dégainé le 49.3 il y a 48h pour faire passer son budget, il semble que son sort était scellé. Ses opposants politiques l’avait prévenu, avec un budget assorti d’une loi de financement de la Sécurité sociale, extrêmement critiqué, prévoyant 40 milliards d’euros d’impôts supplémentaires. Marine Le Pen (Rassemblement national, RN) avait rapidement annoncé se positionner pour la censure, ce qui fait que les jeux étaient faits. Effectivement, la motion de censure déposée par la coalition de gauche NFP (Nouveau front populaire) formée pour les législatives anticipées a recueilli 331 voix, soit une large majorité des députés.
Un précédent unique et une situation inédite
La chute d’un gouvernement par l’Assemblée nationale n’est arrivé qu’une seule fois sous la Ve République. C’était en 1962 et il s’agissait du gouvernement Georges Pompidou, alors que le chef de l’État était Charles de Gaulle. Pompidou a comme il se doit démissionné. Cet événement ne s’est jamais reproduit, jusqu’à aujourd’hui. Non pas que des motions de censure ont manqué depuis, on en compte près de 150 déposées, mais elles n’ont jamais été votées par le Parlement.
Hier soir, The Economist titrait « Le Parlement français licencie le Premier Ministre – Le pays n’a désormais ni budget ni gouvernement », article assorti d’une image marquante où est mentionné « La France s’engage dans l’inconnu » (traduction par la Rédaction).
Pour le déjà-vu, Emmanuel Macron a aujourd’hui commencé à recevoir des figures politiques, comme François Bayrou (centriste, Modem, Gérard Larcher (président du Sénat) et Yaël Braun-Pivert (présidente de l’Assemblée nationale). Lucie Castets, l’ex comptable de la mairie de Paris, s’est dit à nouveau prête à gouverner, alors que Ségolène Royal a fait acte de candidature en se disant « disponible »…
Et maintenant ? 30 mois avec Macron et un nouveau chef de gouvernement illico
C’est Emmanuel Macron qui fixer la suite immédiate des événements. Il peut nommer un nouveau Premier Ministre, immédiatement ou à nouveau après une réflexion plus ou moins longue. Il peut démissionner ; certains y ont cru d’autant que hier soir, l’Elysée a annoncé très rapidement après la censure que le Président s’exprimerait à la télévision ce jeudi à 20h.
Ce soir 6 décembre, le suspens est tombé : Emmanuel Macron a indiqué qu’il restait jusqu’au bout de son mandat, évoquant 30 mois d’enjeu pour retrouver une stabilité et des actions pour une France forte. Il a pris la reconstruction de Notre-Dame comme l’image d’une France capable de réussir un projet d’envergure, que tout est possible un unissant les forces et avec des compromis, plutôt que de l’angoisse et des insultes.
Il a fait valoir que lui, contrairement à ceux qui ont voté la motion de censure, lui n’avait plus d’ambition pour la présidentielle puisqu’il ne pourra pas se représenter en 2027. Il a clairement accusé une union responsable de la crise, l’alliance de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite non « pas pour faire mais pour défaire » le pays et installer le désordre, parlant d’un « front anti-républicain ». Dans son discours, il a dit assumer ce qu’il a fait , reconnaissant des erreurs (non explicitées). Sur la dissolution de l’Assemblée Nationale en juin, il a regretté que cette décision n’aie « pas été comprise« . Il a renvoyé ainsi les députés, mais aussi les électeurs à leurs responsabilités avec leur vote aux élections Européennes (11 millions de voix pour le RN).
Emmanuel Macron a annoncé deux choses importantes pour le court terme : la nomination « dans les jours qui viennent » d’un nouveau Premier Ministre, apte à rassembler largement pour un gouvernement « d’intérêt général » très représentatif des forces politiques actuelles sans majorité. Il a aussi annoncé qu’une loi spéciale serait soumise d’ici la mi-décembre afin de pouvoir avoir un budget début 2025.
Dès la fin de l’allocution, Marine Le Pen réagissait sur le réseau social X (ex-Twitter) : « Petit rappel au Président Macron, censé être le garant de la Constitution : la censure n’est pas anti-républicaine, elle est prévue dans la Constitution de notre Ve République. »
Image d’en-tête : Emmanuel Macron lors son allocution télévisée du 5 décembre 2024 à l’Elysée de 20h à 20h10
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