‘Fragments d’une sonate d’automne’ d’après Ingmar Bergman, au théâtre le Funambule Montmartre
Côté jardin : un guéridon et deux chaises. Côté cour : un lit recouvert de rouge et un portant avec des robes. D’un côté la sociabilité, de l’autre l’intimité. Et puis, entre les deux, en plein milieu et en fond de scène, un tabouret de piano et une partition ouverte, symboles de la musique. Nous sommes dans un intérieur bourgeois assez sobre bien que possédant les attributs d’une certaine culture.
Eva vit ici, avec son pasteur de mari, Viktor, dans un coin reculé de la Suède et elle a recueilli, depuis quelques années, sa petite sœur, Héléna, qui est atteinte d’une maladie dégénérescente incurable.
Au moment où la pièce commence, cela fait sept ans qu’Eva n’a plus revu sa mère, Charlotte, pianiste de renom international et qui a, sciemment, sacrifié sa vie de famille à sa carrière.
D’un côté une jeune femme qui vit une existence assez terne et consacré à ses devoirs d’épouse de pasteur, de l’autre une femme plus âgée qui fait preuve de l’immense égoïsme des artistes consacrés, perpétuellement en quête de reconnaissance et de gloire.
Or, justement, Eva a invité sa mère à venir.
Que peut-elle bien attendre de cette confrontation ? Autre chose que des rancœurs, rancunes, reproches, cris et larmes ? Autre chose que le cortège infini des lourdeurs qui subsistent si souvent entre parents devenus vieux et enfants devenus adultes ?
« Fragments d’une sonate d’automne » parce que, du scénario original d’Ingmar Bergman (il réalisa son film en 1978), la metteure en scène Valérie Drouot n’a conservé que les scènes des deux femmes seules, la mère et la fille. Le parti-pris n’était pas inintéressant et les deux interprètes (Cristina Figari et Juliette Lambot) s’en sortent avec les honneurs, surtout qu’on se souvient forcément des comédiennes du film, rien moins qu’Ingrid Bergman et Liv Ullmann. De surcroit, il est vrai qu’il était difficile de traverser sans dommage les écueils et récifs de cette traversée des haines familiales. L’auteur, Bergman, ne leur avait guère facilité la tâche : le face à face est cruel, brutal, abyssal, et tout repose sur la tension intérieure que les deux femmes doivent manifester. Tel quel, il s’agit d’un exercice périlleux qui n’est pas sans évoquer, par bien des aspects, une sorte de séance de psychanalyse en direct et qui débouche sur un bien maigre espoir « Il ne faut pas que tout soit trop tard ».
mise en scène Valérie Drouot
avec Cristina Figari, Juliette Lambot
création lumières Estelle Ryba
production Compagnie Kaamos
durée 80 minutes
À partir du 1er septembre, tous les lundis à 19h
Théâtre Le Funambule Montmartre, 53 rue des Saules- 75018 Paris
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