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La marée, de Léa Dubois au théâtre Le Funambule

Ills sont déjà présents avant que le spectacle ne commence, déjà occupés à converser entre eux, comme s’ils attendaient là depuis longtemps, comme s’ils attendaient de toute éternité et qu’ils n’aient désormais plus rien d’autre à faire. Un petit air de Samuel Beckett ?

Ils sont jeunes tous les deux, lui peut-être un peu plus âgé qu’elle, mais à peine, et ils parlent, ils ne cessent de parler, de se parler, d’échanger, mais, on s’en rend vite compte, cette folle logorrhée qui semble n’en plus pouvoir finir masque un océan de non-dits : qui sont-ils ? Quel lien les unit ? Où sont-ils ? Que s’est-il passé ?

Les explications sont à peine esquissées : on devine un lieu isolé, ultime, une époque future mais prochaine, une catastrophe planétaire, un danger qui les guette, un précipice sous leurs pas et la mer, cette mer, cette marée qui n’en finit pas de monter et de les menacer.

En tout et pour tout, ils n’ont qu’une planche à bascule et sept caisses de plastique, autant que de jours dans la semaine : c’est tout. Alors, puisque le temps les tue, il ne leur reste plus, à leur tour, qu’à tuer le temps. Et pour ce faire, ils jouent. Les possibilités sont restreintes, c’est ballot de n’avoir pas eu le temps d’emballer le Cluedo, donc il faut inventer le jeu, il faut « jouer le jeu ». Les éléments de décor vont favoriser l’imagination : la planche à bascule tient lieu de vaisseau perpétuellement en déséquilibre et qui fait hésiter, à tous les coups, entre l’amour et la mer, entre le rôle de capitaine et celui de moussaillon, entre le sérieux et le rire, entre le drame et la légèreté. Les caisses de plastique peuvent s’entasser comme les pièces d’un Lego géant et devenir tour, fauteuil, muraille, plongeoir, chemin de ronde…

Si la situation peut paraître à priori plus favorable à ces deux-là que, jadis, à Robinson et son Vendredi, pour autant les rapports de pouvoir continuent à exister, et le poids des souvenirs, et les chantages affectifs, et la difficulté de croire encore à l’espoir lorsqu’on vient tout juste de l’enterrer. Ils font piètre figure, ces modernes Adam et Eve, dans un univers qui ne compte plus d’enfant et dans lequel on n’éprouve guère l’envie d’en faire.

Claire Choquet et Paul Villeminot défendent, avec beaucoup de conviction et une belle énergie, le texte de Léa Dubois qui, malgré d’indéniables qualités poétiques, a bien du mal à rebondir et captiver totalement le public jusqu’à la fin du spectacle.

du 3 avril au 4 mai 2025

mise en scène Léa Dubois

avec Claire Choquet et Paul Villeminot

collaboration artistique et costumes Lison Capdevielle Etcheverria

décors Vianney Bouard

durée 1h15

Le Funambule – 53 rue des Saules – 75018 Paris



Du mardi au samedi à 19h – Dimanche à 15h

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