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« Life on Mars » ? Oui et bientôt, affirme à nouveau Elon Musk, s’appuyant sur son bijou technologique SpaceX

« Non, on va directement sur Mars. La Lune n’est qu’une distraction. La masse en orbite est la métrique clé, puis la masse à la surface de Mars. La première doit être de l’ordre de la mégatonne en orbite par an pour construire une colonie autonome sur Mars. »

Vous pensez que c’est une citation d’un roman de science-fiction ? Et bien pas du tout. C’est une publication d’Elon Musk pas plus tard qu’avant-hier 3 janvier sur son réseau social X (ex-Twitter). Le milliardaire américain parlait de Starship, le vaisseau spatial réutilisable de sa société SpaceX qui a récemment changé la donne sur le transport spatial.
Il répondait à Peter Hague, astrophysicien et ingénieur informatique. Ce dernier considère que le débat sur le sujet oppose les partisans d’un habitat humain soit martien soit spatial, et que la compétition entre les deux permet l’accélération des deux « marchés » pour qu’ils se concrétisent. Mais dans ce projet, il voit un écueil pour Starship, qui nécessite 6 ravitaillements pour se rendre sur Mars, il calcule ainsi que la charge du vaisseau sera constitué en masse de 69 % d’oxygène liquide. Continuant son raisonnement, il rappelle que le régolithe lunaire contient 40 % d’oxygène en masse et pourrait être un marché convoité par Elon Musk comme étape vers Mars.

https://twitter.com/elonmusk/status/1875023335891026324

On le voit, les réflexions sont concrètes. Et c’est normal, le milliardaire voyant à un horizon de deux an le premier voyage de Starlink vers mars, certes reporté puisqu’il l’espérait pour 2024 il y a 4 ans.

La conquête de Mars dans la science-fiction

Elon Musk a récemment refixé publiquement son objectif martien très court-terme, ce qui n’a pas échappé aux médias qui pour certains, laissent penser que le fantasque milliardaire est un illuminé qui baigne dans la science-fiction. Pour les amateurs de ce pan très riche de la littérature, il n’y a en effet pas de surprise dans le principe. De nombreux auteurs ont abordé la conquête de Mars, et on pense parmi eux au regretté américain Ben Bova, avec son roman « Colonie » (1978), puis « Mars » (1992) premier tome de la série « Le Grand Tour » véritable saga en 15 volumes qui nous raconte la conquête des planètes du système solaire à commencer par la planète rouge. Nous, lecteurs assidus de longue date du genre, avons donc plutôt une impression de déjà vu, plutôt de déjà lu sur les défis techniques de ces voyages dans l’espace et de ce que l’on appelle la terraformation, à savoir rendre habitable une planète ou un satellite pour l’humain. Mais la science-fiction c’est aussi au cinéma, et plus nombreux sont ceux qui évoqueront des films comme par exemple l’excellent « Total Recall » (1990) de Paul Verhoven avec Arnold Schwarzenegger : Mars y est un lieu de séjour pour les Terriens, via navette spatiale bien affrétée. Un film tissu du cultissime et génial auteur de science-fiction Philip K. Dick dont notre bibliothèque est pleine. Dans cette histoire, a terraformation de Mars a des objectifs inavouables. Or le plus souvent, la littérature en la matière évoque une nécessité de survie pour l’humanité. Et c’est bien là la motivation d’Elon Musk. Remettons donc les pieds sur Terre pour du concret.

La conquête de Mars justifiée par la science ?

Quitter la Terre pour survivre est-il nécessaire ? La question est scientifiquement valide, tant notre planète est mal en point : chute de la biodiversité vitale avec disparition qui s’accélère des espèces en lien avec le réchauffement climatique et la pollution, risques pandémiques, risques géopolitiques amenant l’épée de Damoclès des guerres chimiques et nucléaires, ou encore, plus hypothétique, l’impact d’une météorite. Et pourquoi pas d’une visite hostile d’intelligences extra-terrestres. Complètement idiot les méchants aliens du type de ceux de « La guerre des mondes » (roman de H.G. Wells, 1998) ou justement « Mars Attacks! » (film de Tim Burton en 1996) ? Scientifiquement non sur la base qu’il est très probable que l’univers soit peuplés de créatures extra-terrestres. L’intérêt qu’elles pourraient avoir pour notre planète au point de l’attaquer semble toutefois discutable. Ainsi, du point de vue rationnel et sur la base de l’évaluation des risques, à la base de nombreux calculs en science, il paraît normal, pour assurer la survie de l’humanité, de chercher à ne pas être « scotché » définitivement à notre fragile planète bleue. L’astrophysicien Peter Hague, on l’a vu, semble l’avoir intégré, passant au stade ultérieur du questionnement : habitat extra-terrestre spatial ou terraformation ? L’un n’empêche pas l’autre, mais on est évidemment plus avancé dans les stations spatiales habitables avec l’expérience de la Station orbitale internationale (ISS), placée en orbite terrestre basse. Elle accueille des astronautes pour des résidences plus ou moins longues.

SpaceX : le planning pour coloniser Mars

Le projet d’Elon Musk est donc celui de la terraformation de Mars, pour y établir des colonies. Le but ultime est de rendre l’humanité « multiplanétaire », dit-il, pour lui permettre de survivre. Comme nous l’avons précédemment, pour lui continuer avec tous les œufs (les humains) dans le même sac (la Terre) n’est scientifiquement pas raisonnable si l’on ne veut pas que l’humanité disparaisse. Le milliardaire a un objectif d’établissements d’une colonie humaine sur Mars de un million d’habitants à l’horizon 2050. Elle comporterait une ville évidemment totalement auto-suffisante. Pour y parvenir, Elon Musk prévoit donc des vols StarShip pour Mars non habités dans moins de 2 ans (2026). L’enjeu technique dans ce cadre est de maîtriser l’atterrissage automatique sur la planète rouge. Il prévoit une maîtrise de l’exercice en deux ans, ce qui permettrait d’envoyer une première mission StarShip sur mars dès 2028. Il restera alors une vingtaine d’année pour atteindre l’objectif de la construction de la ville martienne autonome. L’investissement est énorme, avec notamment des milliers de vaisseaux StarShip dont les trajets s’intensifient pour peupler la planète rouge à l’horizon 2050. Il faudra aussi développer des technologies inédites en milieu lointain et hostile à la vie, en créant des dômes habitables sur Mars pour créer une atmosphère et autres conditions vivables pour les humains. Mais aussi, de façon essentielle : fabriquer du carburant pour permettre les vols Mars-Terre. Le modèle économique de SpaceX est bien sûr basé sur les vaisseaux spatiaux réutilisables, amenés à faire la navette comme le font les compagnies aériennes avec leurs avions.

Un billet Terre-Mars pour 100 000 dollars ?

Si le patron de SpaceX a évoqué à l’origine le prix d’un million de dollars, il parle aujourd’hui l’espoir d’un prix baissant progressivement, et au final drastiquement pour atteindre 500 000 dollars puis 100 à 200 000 dollars, et beaucoup moins encore si possible. Il exprime la volonté d’une réduction des tarifs au maximum, mais il n’en maîtrise aujourd’hui pas encore les paramètres qui dépendront du rythme de la mission et des avancées technologiques, notamment sur la fabrication du carburant.

Même « topo » pour la durée du voyage. Actuellement, il faudrait compter 6 à 8 mois pour le trajet sur la base de la technologie actuellement utilisée. Elle peut évoluer, et le devrait. Elon Musk a évoqué la propulsion nucléaire ou encore les moteurs ioniques, qui pourraient radicalement changer la vitesse de propulsion et la durée des voyages. La charge utile du vaisseau est aussi un facteur qui influence la durée du parcours. Avec une charge utile maximale, Elon Musk pense à ce jour pouvoir permettre des trajets d’une durée de moins de 3 mois.

La communauté scientifique émet des doutes parfois virulents sur la faisabilité de ce projet. On mettra cela en regard de doutes de même nature et de scepticisme quand Elon Musk a annoncé que son vaisseau SpaceX serait réutilisable, et sous peu. Beaucoup de scientifiques n’y croyaient pas et se moquaient de ses délais courts. Ils se sont complètement trompés.

Alors, Life on Mars? Si vous aussi cela vous a mis la chanson de David Bowie dans la tête, voici une magnifique version de Keren Ann accompagnée d’un quatuor à cordes.

Illustration : Grok, IA générative développée par X (ex Twitter)

Illustration d’en-tête : détail de la peinture « Le bain » (1903) de Tony Robert-Fleury – Ville de Grenoble © Musée de Grenoble – J.L. Lacroix – Sélection par le Musée des Arts Décoratifs
Crédit photos incluses dans l’article : Alain Girodet @ Musée des Arts Décoratifs

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