Mars : une découverte scientifique majeure du rover Perseverance dans le cratère Jezero
Le rover Perseverance de la NASA a découvert des « taches de léopard » sur une roche dans le cratère Jezero, un indice potentielle de vie microbienne ancienne sur Mars. L’échantillon Sapphire Canyon pourrait bouleverser notre compréhension de l’habitabilité passée de la planète rouge, bien que des études approfondies soient nécessaires pour confirmer son origine biologique
Une avancée majeure pour la connaissance de la planète rouge
En juillet 2024, le rover Perseverance de la NASA a marqué un tournant dans l’exploration martienne en découvrant une roche remarquable dans le cratère Jezero, un bassin de 45 kilomètres de large situé juste au nord de l’équateur martien. Lors de l’exploration de la formation « Bright Angel », le long des bords de Neretva Vallis, une ancienne vallée fluviale, le rover a identifié une roche rougeâtre en forme de pointe de flèche, baptisée « Cheyava Falls ». Mesurant 1 mètre par 0,6 mètre, cette roche portait des motifs distinctifs, décrits comme des « taches de léopard », qui pourraient être des indices de vie microbienne ancienne. L’échantillon prélevé, nommé « Sapphire Canyon », a fait l’objet d’une étude publiée en 2025 dans la revue Nature, suscitant un vif intérêt au sein de la communauté scientifique.
Cette découverte, qualifiée de biosignature potentielle, représente une étape cruciale dans la quête de la NASA pour élucider l’habitabilité passée de Mars. Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA, a déclaré : « Cette trouvaille est la plus proche que nous ayons jamais été de découvrir des traces de vie sur Mars. » Cependant, les scientifiques restent prudents, soulignant que des explications non biologiques doivent encore être envisagées pour ces observations.
Le cratère Jezero : un témoin du passé humide de Mars
Le choix du cratère Jezero comme site d’atterrissage de Perseverance résulte d’un processus de sélection rigoureux de cinq ans, impliquant des scientifiques du monde entier. Ce site est exceptionnel en raison de son histoire géologique : il y a plus de 3,5 milliards d’années, des rivières ont déversé de l’eau dans le cratère, formant un lac et déposant des minéraux argileux propices à la préservation de traces de vie microbienne. La formation « Bright Angel », où la roche Cheyava Falls a été trouvée, est composée de roches sédimentaires riches en argile et en limon, des matériaux connus sur Terre pour conserver des indices de vie passée.
L’exploration de Neretva Vallis, une vallée fluviale de 400 mètres de large creusée par l’eau, a fourni un contexte essentiel à cette découverte. Les roches de la région contiennent du carbone organique, du soufre, du fer oxydé (rouille) et du phosphore, des éléments qui auraient pu servir de source d’énergie pour des métabolismes microbiens il y a des milliards d’années.
Les « taches de léopard » : une piste vers la vie ?
Les instruments scientifiques de Perseverance, notamment PIXL (Planetary Instrument for X-ray Lithochemistry) et SHERLOC (Scanning Habitable Environments with Raman & Luminescence for Organics & Chemicals), ont permis d’analyser la roche Cheyava Falls. Ces outils ont révélé des taches colorées formant des « fronts de réaction », des zones où des interactions chimiques et physiques ont eu lieu. Les analyses ont identifié deux minéraux riches en fer : la vivianite (phosphate de fer hydraté) et la greigite (sulfure de fer). Sur Terre, la vivianite est couramment trouvée dans les sédiments ou autour de matière organique en décomposition, tandis que la greigite peut être produite par certaines formes de vie microbienne.
Ces minéraux, issus de réactions de transfert d’électrons entre les sédiments et la matière organique, pourraient être une empreinte de vie microbienne ayant utilisé ces réactions pour produire de l’énergie. Toutefois, ces minéraux peuvent aussi être formés sans intervention biologique, par exemple sous des conditions de haute température ou d’acidité. Les roches de Bright Angel ne montrent cependant aucun signe de telles conditions, et il reste incertain si les composés organiques présents auraient pu catalyser ces réactions à basse température. Comme l’a expliqué Joel Hurowitz, scientifique de la mission à l’Université Stony Brook et auteur principal de l’étude, « nous avons trouvé des signatures chimiques fascinantes, mais il a fallu analyser ce que ces données pouvaient réellement signifier ».
Une découverte inattendue dans des roches jeunes
Ce qui rend cette découverte particulièrement surprenante est l’âge relativement récent des roches sédimentaires étudiées. Contrairement à l’hypothèse selon laquelle les indices de vie ancienne se limiteraient à des formations plus anciennes, cette trouvaille suggère que Mars pourrait avoir été habitable plus longtemps ou plus tard dans son histoire que prévu. Les roches plus anciennes pourraient également contenir des traces de vie, mais celles-ci seraient probablement plus difficiles à détecter en raison de l’érosion ou d’autres processus géologiques.
Katie Stack Morgan, scientifique du projet Perseverance au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, a souligné l’importance de la rigueur scientifique : « Les affirmations astrobiologiques, surtout celles concernant une vie extraterrestre passée, exigent des preuves extraordinaires. La publication de ces résultats dans une revue à comité de lecture garantit la validité et la robustesse de nos observations, tout en laissant ouverte la possibilité d’explications abiotiques. »
Vers un retour d’échantillons … et au-delà
L’échantillon Sapphire Canyon fait partie des 27 carottes rocheuses collectées par Perseverance depuis son atterrissage en février 2021. Ces échantillons, destinés à être ramenés sur Terre par une future mission, pourraient fournir des données décisives pour confirmer ou infirmer l’origine biologique des biosignatures potentielles. Le rover transporte également une station météorologique et des échantillons de matériaux de combinaisons spatiales, essentiels pour préparer de futures missions humaines sur Mars.
Nicky Fox, administratrice associée de la direction des missions scientifiques à la NASA, a salué l’approche stratégique de la mission : « Cette découverte est le résultat d’une planification minutieuse et d’une exécution précise, permettant d’identifier une biosignature potentielle. En publiant ces données, nous les mettons à disposition de la communauté scientifique mondiale pour des analyses approfondies. »
Des traces du passé pou un pas vers l’avenir martien ?
La découverte de Cheyava Falls et de l’échantillon Sapphire Canyon marque un jalon dans l’exploration de Mars, renforçant l’idée que la planète rouge pourrait avoir abrité la vie dans un passé lointain. Alors que la communauté scientifique utilise des outils comme l’échelle CoLD pour évaluer la fiabilité de ces indices, chaque nouvelle donnée nous rapproche de la réponse à la question fondamentale : sommes-nous seuls dans l’univers ? Cette avancée pave la voie à des études plus poussées, notamment avec le retour des échantillons sur Terre, et alimente les ambitions d’exploration future. Dans un clin d’œil aux visions audacieuses d’Elon Musk, qui rêve de terraformer Mars pour en faire un foyer pour l’humanité, les découvertes de Perseverance rappellent que comprendre le passé de la planète est une étape essentielle pour façonner son avenir.
Pour suivre l’aventure de l’exploration de Mars par la avec Perseverance, rendez-vous sur le site dédié de la NASA.
Illustration d’en-tête : Andrea pour Science infused
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