Monkeypox : l’OMS déclenche l’alerte internationale suite à la réunion du Comité d’urgence du 20/7- Déclaration du directeur général
La Rédaction vous livre la traduction en français de la déclaration faite ce jour par le Dr Tedros, DG de l’OMS
« Il y a un mois, j’ai convoqué le comité d’urgence prévu par le Règlement sanitaire international afin d’évaluer si l’épidémie de monkeypox (variole du singe) survenue dans plusieurs pays constituait une urgence de santé publique de portée internationale.
Lors de cette réunion, bien que des opinions divergentes aient été exprimées, le comité a décidé par consensus que l’épidémie ne représentait pas une urgence de santé publique de portée internationale.
À l’époque, 3 040 cas de monkeypox avaient été signalés à l’OMS, dans 47 pays.
Depuis lors, la flambée a continué de s’étendre, et on compte aujourd’hui plus de 16 000 cas signalés dans 75 pays et territoires, et cinq décès.
Compte tenu de l’évolution de l’épidémie, j’ai convoqué à nouveau le comité le jeudi de cette semaine pour qu’il examine les dernières données et me conseille en conséquence.
Je remercie le comité pour son examen attentif des preuves et des problèmes.
À cette occasion, le comité n’a pu parvenir à un consensus sur la question de savoir si l’épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale.
Les raisons invoquées par les membres du comité pour et contre sont exposées dans le rapport que nous publions aujourd’hui.
En vertu du Règlement sanitaire international, je suis tenu de prendre en compte cinq éléments pour décider si une épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale.
Premièrement, les informations fournies par les pays – qui, dans le cas présent, montrent que ce virus s’est propagé rapidement dans de nombreux pays qui ne l’avaient jamais vu auparavant ;
Deuxièmement, les trois critères permettant de déclarer une urgence de santé publique de portée internationale, qui ont été remplis ;
Troisièmement, l’avis du comité d’urgence, qui n’est pas parvenu à un consensus ;
Quatrièmement, les principes scientifiques, les preuves et autres informations pertinentes – qui sont actuellement insuffisants et nous laissent avec de nombreuses inconnues ;
Et cinquièmement, le risque pour la santé humaine, la propagation internationale et le risque d’interférence avec le trafic international.
Selon l’évaluation de l’OMS, le risque du monkeypox est modéré à l’échelle mondiale et dans toutes les régions, à l’exception de la région européenne où nous estimons que le risque est élevé.
Il existe également un risque évident de propagation internationale, bien que le risque d’interférence avec le trafic international reste faible pour le moment.
En résumé, nous sommes en présence d’une épidémie qui s’est propagée rapidement dans le monde entier, par de nouveaux modes de transmission, dont nous ne savons pas grand-chose, et qui répond aux critères du Règlement sanitaire international.
Pour toutes ces raisons, j’ai décidé que l’épidémie mondiale de monkeypox constitue une urgence de santé publique de portée internationale.
En conséquence, j’ai formulé une série de recommandations à l’intention de quatre groupes de pays :
Premièrement, ceux qui n’ont pas encore signalé de cas de monkeypox, ou qui n’ont pas signalé de cas depuis plus de 21 jours ;
Deuxièmement, ceux qui ont récemment importé des cas de monkeypox et qui connaissent une transmission interhumaine.
Cela comprend des recommandations pour mettre en œuvre une réponse coordonnée afin de stopper la transmission et de protéger les groupes vulnérables ;
De faire participer et de protéger les communautés touchées ;
Intensifier la surveillance et les mesures de santé publique ;
Renforcer la gestion clinique et la prévention et le contrôle des infections dans les hôpitaux et les cliniques ;
accélérer la recherche sur l’utilisation de vaccins, de traitements et d’autres outils ;
Et des recommandations sur les voyages internationaux.
Le troisième groupe de pays est celui des pays où il y a transmission du monkeypox entre les animaux et les humains ;
Et le quatrième groupe est celui des pays ayant une capacité de production de diagnostics, de vaccins et de produits thérapeutiques.
Mes recommandations complètes sont exposées dans ma déclaration.
Je remercie le comité d’urgence pour ses délibérations et ses conseils. Je sais que le processus n’a pas été facile ou direct et que les membres ont des opinions divergentes.
Le Règlement sanitaire international reste un outil essentiel pour faire face à la propagation internationale des maladies.
Mais ce processus démontre une fois de plus que cet outil vital doit être affûté pour être plus efficace.
Je suis donc heureux que, parallèlement au processus de négociation d’un nouvel accord international sur la préparation et la riposte à une pandémie, les États membres de l’OMS envisagent également des modifications ciblées du Règlement sanitaire international, notamment des moyens d’améliorer le processus de déclaration d’une urgence de santé publique de portée internationale.
Bien que je déclare une urgence de santé publique de portée internationale, il s’agit pour l’instant d’une épidémie qui se concentre chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, en particulier ceux qui ont des partenaires sexuels multiples.
Cela signifie qu‘il s’agit d’une épidémie qui peut être arrêtée avec les bonnes stratégies dans les bons groupes.
Il est donc essentiel que tous les pays travaillent en étroite collaboration avec les communautés d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, pour concevoir et fournir des informations et des services efficaces, et pour adopter des mesures qui protègent la santé, les droits de l’homme et la dignité des communautés touchées.
La stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses que n’importe quel virus.
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