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Musicothérapie : une revue de la littérature scientifique confirme ses bénéfices chez les personnes atteintes de démence

La prestigieuse organisation scientifique Cochrane, spécialisée dans les « méta-analyses » apporte cette conclusion dans une évaluation portant sur 30 études impliquant 1 720 patients

Les interventions non pharmacologiques (médicamenteuses), ça compte, y compris la musicothérapie. Il faut le dire à l’heure de la mise en question légitime des pratiques de soins non conventionnelles. En effet elles englobent des centaines de pratiques dont une grande partie sont sans efficacité prouvée et possiblement dangereuses car entraînant un retard de prise en charge médical ou d’embrigadement dans des dérives sectaires.

La démence

En 2025, plus de 55 millions de personnes dans le monde sont atteints de démence selon les estimations de l’OMS. Ce chiffre est bien évidemment en hausse permanente avec le vieillissement global. En France, environ 1,2 million de personnes sont touchées, une prévalence qui pourrait doubler d’ici 2050, d’après Santé publique France. Le terme « démence » désigne un syndrome caractérisé par une dégradation progressive des fonctions cognitives : mémoire, raisonnement, langage sont touchés, altérant l’autonomie. La « démence » ce sont principalement des maladies dégénératives du cerveau, avec en vedette la maladie d’Alzheimer (60 à 70 % de l’ensemble des démences), la démence vasculaire liée à des troubles circulatoires cérébraux, la démence à corps de Lewy marquée par des dépôts protéiques, et la démence fronto-temporale, affectant les lobes frontaux et temporaux. Ces troubles, majoritairement irréversibles, touchent surtout les seniors, mais des cas précoces existent. La recherche avance, sans cure à ce jour.

Musicothérapie dans les PSNC

La musicothérapie est une pratique thérapeutique qui utilise la musique pour améliorer le bien-être physique, mental ou émotionnel. Elle peut impliquer l’écoute, le chant, la création musicale ou le jeu d’instruments, en fonction, et adaptées aux besoins des patients. Utilisée dans des contextes comme les démences, elle stimule la mémoire, réduit l’anxiété et favorise les interactions sociales. Encadrée par des professionnels formés, elle ne remplace pas les traitements médicaux mais les complète. Il s’agit d’une pratique de soin comportementale, que l’on classe dans les PSNC : pratiques de soins non conventionnelles.
En France, la musicothérapie est perçue comme une approche complémentaire pertinente, notamment en gériatrie et en psychiatrie. Elle est appréciée pour ses effets sur le bien-être et la cognition, mais reste peu réglementée et non reconnue officiellement par la médecine conventionnelle. Son usage croît malgré un manque de validation scientifique standardisée.

Analyse Cochrane : 30 études et 1 720 patients

C’est l’équipe néerlandaise du groupe de collaboration Cochrane qui est l’auteur de cette revue. Elle a analysé le résultat d’études qui portaient sur au moins 12 séances de musicothérapie dont ont bénéficiés des personnes atteintes de démence et sur une durée d’au moins 12 semaines. Les pays de réalisation de ces études sont plutôt de haut revenu.

Méthodologie

Les auteurs ont analysé des essais contrôlés randomisés, intégrant des données jusqu’à fin 2024, issues de bases de données et registres cliniques. Cette version inclut probablement un plus grand nombre d’études que les précédentes avec des participants en soins résidentiels ou ambulatoires. Les interventions variaient : musicothérapie active (jouer d’un instruments) ou réceptive (écoute), en séances individuelles ou collectives. L’évaluation portait sur des critères standardisés comme les échelles d’agitation ou de bien-être.

Résultats principaux

Les résultats suggèrent que la musicothérapie réduit temporairement l’agitation et l’anxiété durant les séances, avec des effets plus marqués dans les approches personnalisées (musique adaptée aux goûts des patients). Cependant, les bénéfices à long terme restent limités, sans amélioration significative de la cognition ou de la progression de la démence. Comparée aux soins habituels, la musicothérapie montre un léger avantage sur le plan émotionnel, mais les données sont encore hétérogènes. Cette mise à jour de 2025 renforce l’idée d’un effet contextuel plutôt que curatif.

Limites et perspectives

Malgré un corpus élargi, les études souffrent toujours d’une variabilité méthodologique (durée, fréquence, type de musique) et de tailles d’échantillons modestes. Les auteurs appellent à des recherches plus standardisées, notamment sur l’impact à long terme et les mécanismes sous-jacents (ex. : stimulation neurologique). La musicothérapie, bien tolérée et peu coûteuse, pourrait être un outil complémentaire dans la prise en charge, mais elle ne remplace pas les approches existantes.


Finalement, on sait qu’instinctivement, écouter ou jouer de la musique quand on y est un peu sensible, cela ne peut faire que du bien ! Voyez comment Marta González, ancienne danseuse étoile atteinte de la maladie d’Alzheimer, écoute Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski, se souvient et ressent à nouveau la chorégraphie dans laquelle elle se replonge. Beaucoup d’émotion dans cet extrait où on la voit aussi danser sur scène plus demi-siècle plus tôt.

Accès à l’étude Cochrane ici (en anglais).

Illustration d’en-tête : Lauren Mancke

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