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Petite histoire de Rubella Virus, RuV à l’heure de la Covid-19

Par Marie Bayle-Normand, Docteur en chimie

Et si on changeait de sujet ? Aujourd’hui je vais vous parler d’un virus et de la maladie qu’il cause, auxquels personne ne pense et pourtant ils méritent notre attention, surtout en ce moment. Vous êtes prêts ?
Un virus respiratoire, qui provoque une infection asymptomatique dans un cas sur deux, la maladie associée donne un peu de fièvre, des courbatures, une petite éruption cutanée sans gravité et de courte durée. Je suis, je suis ?

Bien entendu je suis Rubella Virus, RuV, qui cause la rubéole !

Vous aviez deviné ?

Un peu d’histoire. Australie, 1941. Lors d’une longue épidémie de rubéole, le D. Gregg, ophtalmologiste, établit un lien entre l’augmentation des cataractes congénitales et l’épidémie. Il décrit d’autres symptômes, à présent bien décrits comme syndrome de rubéole congénitale.
La rubéole est une maladie bénigne dans la majorité des cas. Mais elle entraîne des séquelles quand elle touche le fœtus d’une femme enceinte (risque très élevé d’anomalies si infection pdt les 16 premières semaines de grossesse et surtout pdt les 8/10 premières semaines). Cette maladie s’appelle le syndrome de rubéole congénitale (SRC) et pas la peine d’utiliser un langage très littéraire : c’est une vraie saloperie.

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Entre 1962 et 1965 une épidémie de rubéole s’étend d’Europe aux USA. En 1965, on décompte 12,5 millions de cas aux USA. S’ensuivent 11 000 fausses couches et 20 000 cas de SRC entraînant des morts de nouveaux-nés et de nombreuses pathologies chroniques pour ces enfants. Oui, vous avez bien lu. 11 000 fausses couches et 20 000 cas de SRC. Source à la fin de ce billet.

Quel pourcentage de naissances ont été affectées par le SRC dans la ville de New-York à cette période ?

Bonne réponse : malheureusement 1 %.

En 1969, un vaccin vivant atténué est mis sur le marché. Il sera ensuite associé à 2 autres antigènes contre la rougeole et les oreillons, pour devenir le célèbre ROR (MMR en anglais) administré aux enfants.
La vaccination commence dans les années 70 chez les filles prépubères uniquement pour protéger les femmes enceintes. Mais éliminer le SRC à travers cette seule approche échoue à cause de la persistance de la transmission virale via les enfants et la population masculine.

Étonnant que ces populations « non à risque » disséminent néanmoins la maladie, non ?

De plus, certaines femmes enceintes vaccinées attrapent quand même la maladie, car le vaccin est efficace à 95 %. De plus certaines femmes ne sont pas immunisées après une seule dose.
Donc 95 % d’efficacité, ça veut dire que certaines personnes vaccinées vont quand même attraper la maladie ?

C’est pourquoi les pays ont intégré, à la fin des années 80 une stratégie de vaccination des nourrissons des deux sexes, puis avec 2 doses dans les années 90.
En 2021, la rubéole est toujours là. L’Amérique a déclaré l’élimination du virus. L’immunité collective n’est toujours pas atteinte partout, notamment chez les populations les plus pauvres. En décembre 2018 la couverture mondiale était estimée à 69 %. Ce n’est pas assez.

Conclusion

1. La généralisation A TOUS y compris les « non à risque » de la rubéole, bénigne dans la plupart des cas, se justifie par le risque encouru par la femme enceinte et son bébé. Cela pose-t-il un problème éthique ? Non.

2. Deux doses POUR TOUS pour pallier à une efficacité vaccinale de « seulement » 95 % et certaines femmes non immunisées post-dose 1. Cela pose-t-il un problème éthique ? Non.

Les vaccins ne sont pas mis au point par principe, mais pour répondre à un besoin de santé publique. Ce fut le cas pour la rubéole, il n’y a pas si longtemps. Depuis, on a vu l’impact incroyable de cette vaccination contre la rubéole.

La vaccination fonctionne. Si vous hésitez, discutez avec notre médecin.

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