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Plus de chocolat noir, moins de diabète ! Une étude scientifique montre ce bienfait, mais pas pour le chocolat au lait

On sait que le chocolat est bon pour la santé mentale, mais c’était moins évident pour la santé physique ; une étude clinique le prouve aujourd’hui, mais ce bénéfice ne concerne que le chocolat noir

C’est une étude publiée le 4 décembre dans la prestigieuse revue British Medical Journal qui vient opportunément nous réjouir à l’approche des fêtes de fin d’année. Mais attention, si le résultat est favorable pour le chocolat noir, il est défavorable pour le chocolat au lait.

Étude observationnelle de cohorte

Comment ces conclusions scientifiques ont-elles été obtenues ? Grâce à la recherche clinique, discipline médicale hautement spécialisée qui répond à des normes de réalisation pour permettre des résultats fiables. Ici, nous sommes dans le cadre d’une étude clinique dite observationnelle.Comme son nom l’indique, elle est basée sur l’observation de critères d’évaluation prédéfinis chez des personnes que l’on va observer ses critères. Les études cliniques non observationnelles sont dites interventionnelles. Dans leur cas, on prédéfinit une intervention auprès des sujets participants pour obtenir les données d’évaluation nécessaires. Il peut s’agir, par exemple, de l’administration d’un médicament expérimental dont on souhaite connaître les effets. Les études observationnelles sont souvent rétrospectives, sur la base de la consultation de dossiers médicaux existants de personnes, dossiers que l’on va consulter pour obtenir des données sur les critères d’évaluation.
Il existe aussi un cas particulier d’études observationnelles de cohortes. Dans ce cas précis, on va suivre prospectivement, sur des données futures et à long-terme des groupes de participants (cohortes) qui présentent des caractéristiques particulières (par ex., caractéristiques démographiques, pathologie, antécédents médicaux, mode de vie,…) pour recueillir au fil du temps des données d’observation prédéfinies.

Diabète

On pourrait penser que le chocolat et le diabète ne peuvent pas faire bon ménage. Il existe deux types de diabète, le type 1 (DT1) qui est une maladie génétique marquée par l’absence ou quasi-absence de production d’insuline, l’hormone produite par le pancréas qui permet de métaboliser le sucre. Et puis le diabète de type 2, acquise, en général à l’âge adulte, dont l’apparition est souvent liée à de mauvaises habitudes alimentaires et notamment la surconsommation de sucre, mais aussi un manque d’exercice et d’autres facteurs. Le DT2 est un fléau à l’échelle mondiale, qu’on ne sait pas enrayer puisque l’incidence ne cesse d’augmenter avec la « malbouffe » et la sédentarité. Les auteurs rappellent qu’on estime que 463 millions de personnes sont touchées dans le monde en 2019 avec une projection de 700 millions à l’horizon 2045. Dans le DT2, une résistance de l’organisme aux effets de l’insuline survient ainsi qu’une sécrétion qui faiblit de cette hormone vitale. C’est une maladie qui conduit à de nombreuses affections graves : maladies cardiovasculaires, insuffisance rénale, perte de vision, entre autres. Un régime alimentaire adapté est clé de façon préventive et après déclaration de la maladie.

La piste des flavonoïdes du chocolat

Les auteurs mettent en avant le rôle potentiel bénéfique de l’apport en flavanoïdes pour faire le lien avec le chocolat, qui en contient beaucoup. Ce sont des substances qui ont des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et vasodilatatrices. Des études ont déjà montré la réduction du risque de DT2 associée à des régimes riches en flavonoïdes. Le chocolat est fabriqué à partir de graines de cacao (Theobroma cacao) qui contiennent des proportions parmi les plus élevées des aliments.
Pour autant, les études observationnelles entre le DT2 et la consommation de chocolat ont des résultats peu cohérents et qui jusque-là n’ont pas permis de conclure. Les auteurs ont pensé que c’était peut-être parce qu’elles se sont intéressées uniquement à la consommation quantitative, sans l’aspect qualitatif de tenir compte des sous-types de chocolats : noir, au lait, blanc, qui ont des proportions de cacao mais aussi de sucre et de lait très différentes. Cette hypothèse les a conduit à concevoir leur étude.

Plus de 200 000 sujets à l’étude

Ce n’est pas moins de 192 208 participants non atteints de diabète de type 2 (DT2), d’affections cardiovasculaires ou de cancer qui ont été inclus dans cette étude. Il s’agit de deux groupes d’infirmières et d’un groupe de professionnels de santé masculins. Ils ont été évalués quant à leur consommation de chocolat par sous-type (noir et au lait) à compter de l’année 2006 ou 2007 selon la cohorte.

Le critère principal d’évaluation était l’auto-déclaration de survenue d’un DT2 ; le poids corporel a aussi été suivi, dans la mesure où il s’agit d’un prédicteur puissant du risque de DT2.

La particularité de l’étude est donc que les chercheurs ont travaillé à déterminer les quantités de flavonoïdes consommés par les participants sur la base des quantités et types de chocolat consommés, ainsi bien sûr que les calories associées au chocolat.

Résultats

18 862 personnes atteintes de DT2 ont été identifiées chez les personnes suivies. Des ajustements ont été réalisés par les chercheurs pour tenir compte des facteurs de risque, du mode de vie et du régime alimentaire individuels. Cela a permis d’en tirer le résultat suivant : les participants consommant plus de 5 portions par semaine de chocola tous types confondus, présentaient un taux de DT2 inférieur de 10 % par comparaison avec ceux qui ne consommaient jamais ou rarement du chocolat. C’est là le résultat de l’analyse principale des chercheurs qui a été complétée par une analyse secondaire fort intéressante : elle a indiqué que les participants qui consommaient plus de 5 portions par semaine de chocolat noir présentaient un risque significativement inférieur de 21 % de DT2 en moyenne. Une analyse statistique dédiée a même montré une relation dose-effet linéaire pour cette baisse de risque : chaque portion supplémentaire de chocolat noit par semaine faisant baisser le risque de 3 %.
Pour le chocolat au lait, aucune association significative n’a été trouvée avec le DT2. Plus ennuyeux, la consommation de chocolat au lait, mais pas celle de chocolat noir, était associée à une prise de poids. Or comme on l’a vu, le poids est un prédicteur important de risque de diabète.

La conclusion est donc claire : manger suffisamment de chocolat noir permet de réduire le risque de diabète de type 2. Ce n’est pas le cas avec le chocolat au lait, qui sur le long terme, augmente la prise de poids… qui est un facteur de risque de DT2.
On espère donc désormais d’autres études pour mieux comprendre ces résultats.
En attendant, on ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une année 2025 en bonne santé grâce à de bons chocolats de Noël, noirs et à forte teneur en cacao, prescription, à poursuivre toute l’année, évidemment.

Fabienne Blum est docteur en pharmacie et juriste en droit de la santé, spécialiste en Assurance qualité, Bonnes pratiques cliniques & éthique de la recherche médicale

Image d’en-tête : Polina Tankilevitch

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