‘Qu’est-ce que le temps ?’ le Livre XI des confessions de Saint-Augustin, au théâtre de Poche Montparnasse
Ce n’est pas tous les jours qu’un saint vient nous parler sur une scène de théâtre. Sans doute Augustin ne s’attendait-il pas à être un jour considéré comme saint, ni d’ailleurs à ce qu’une partie de son œuvre devienne le sujet d’une pièce de théâtre.
Augustin Augustinus (354-430) ne vint à la religion catholique qu’à l’âge de 32 ans, il fut connu de son vivant sous le nom d’Augustin d’Hippone, la ville dont il devint évêque, et fut canonisé et considéré comme « père de l’Eglise » en 1298. Les confessions (entre 397 et 400) est son ouvrage le plus célèbre. Entre autres parce qu’il y invente un genre promis à un bel avenir, et largement répandu encore de nos jours, celui de l’autobiographie. Et puis parce que dans son livre XI (matière première du spectacle de Denis Guénoun), Augustin explore minutieusement les raisons d’affirmer l’existence de Dieu.
Sur la scène du Poche Montparnasse, sous la direction de Denis Guénoun, Stanislas Roquette campe un Augustin des plus dynamiques : il arpente le plateau, saute, court, tombe, s’accroupit, crie, hurle, murmure et chante. C’est Augustin au quotidien, se posant mille questions avant d’oser émettre la moindre hypothèse. Et, en bon philosophe, ce qui était après tout la vocation première de Saint Augustin, il se pose des questions. Elles sont, ces questions, tout à la fois étonnantes et évidentes, elles coulent de source parce qu’elles recherchent, justement, les sources : si Dieu a crée le monde, que faisait-il avant ? Rien, sans doute, mais alors pourquoi a-t-il donc cessé de ne rien faire ?
Et puis : qu’est-ce que le temps ? Si le temps passé n’existe plus, si le temps futur n’existe pas encore, comment donc mesurer le temps présent ? Le temps, au final, ne serait-il qu’une simple illusion de la pensée, tout entière contenue dans la mémorisation (celle du passé), l’observation (celle du présent) et l’attente (celle du futur) ?
Stanislas Roquette-Saint Augustin s’adresse à un Dieu fait de sagesse et de bonté, et, ce Dieu, tout le long du spectacle, il l’identifie avec le spectateur, avec les spectateurs, tous les spectateurs. Son parcours, sa gestuelle, sa diction nous prennent à partie pour nous interroger avec lui sur les notions de temps et de création.
Une belle leçon de philosophie appliquée qu’il faudrait rendre obligatoire aux classes de Terminale : comment couper les cheveux de la pensée en quatre, comment martyriser la voix de la raison, comment contredire ses propres contradictions ? Et le tout avec énormément d’humour, car Saint Augustin, non content de penser, était un virtuose étourdissant du verbe.
« Qu’est-ce que le temps ? d’après Saint Augustin » ou : l’art d’être un saint des plus simples !
Du mardi au samedi à 21h – relâches exceptionnelles du 16 au 2 septembre, le 4 et le 8 novembre
Mise en scène Denis GUÉNOUN
Avec
Stanislas ROQUETTE
Avec le concours d’Osvaldo CALO, de Caroline MONTIER
d’Alexis LEPRINCE de Tamia VALMONT et de Stanislas SIWIOREK
Nouvelle traduction de Frédéric BOYER (Les Aveux, P.O.L., 2008)
Lumière Geneviève SOUBIROU
Musique Franz SCHUBERT, An den Mond (D193)
Théâtre de Poche Montparnasse, 75 boulevard du Montparnasse – 75006 Paris
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