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Réponse à la lettre ouverte d’un groupe de psychologues indépendants au Président

parue dans le blog France-Soir le 3/9/2021
Le sous-titre indique : « TRIBUNE – Gestion Covid-19 : pour le respect de la personne dans sa dimension psychique soit toujours un droit inaliénable !

Tout d’abord, sachez que d’autres psychologues (et psychiatres) observent et regrettent tout comme vous les effets de la crise sur les personnes dont ils prennent soin et qu’ils auraient aimé une attention et des réponses plus conséquentes face à ce problème.
À l’instar des textes et vidéos complotistes qui utilisent immanquablement ces procédés, votre lettre est pleine de truismes et autres allégations avec lesquels on ne peut qu’être d’accord (par exemple en ce qui concerne la dégradation de la santé mentale), le tout parsemés d’idées très discutables et de contre-vérités : la terminologie et les constats inappropriés comme « techniques expérimentales« , « résultats discutables« , permet un constat : ces psychologues pour la plupart ne doivent pas travailler en milieu hospitalier, ou plus exactement dans un hôpital accueillant des malades du Covid.
Ils auraient alors constaté que les vagues se sont suivies sans se ressembler.
Ils n’auraient pas manqué de voir la différence entre leur hôpital avant, et leur hôpital après la vaccination.
Ils auraient bien senti aussi la différence avant/après dans leur charge de travail !

Arrive la question qui ne manque jamais dans ce type de « raisonnement », et qui a du mal à tenir compte de plus d’un ou deux paramètres à la fois : « Que penser de ces choix stratégiques qui, pour sauver des vies, en sacrifient tant d’autres par ailleurs ?
Cette assertion est éthiquement scandaleuse : elle sous-entend en général que les vies sauvées sont faibles en nombre et vieilles en âge ; elle ignore par ailleurs le fonctionnement d’une épidémie, notamment la réalité qui serait la nôtre sans les précautions prises jusque là.

La lettre demande le « rétablissement d’une stratégie favorisant le choix et l’implication individuelle et ce, à partir d’une information libre et éclairée« . Les mots sont dits : libre, individuelle.
Et là, précaution est prise pour parer à une critique : « ceux qui pourraient nous opposer ici la dangerosité du virus et la prévalence de la santé publique sur l’atteinte aux libertés individuelles, nous répondons que toutes les options de prophylaxie et de traitements ne sont pas étudiées pour nous permettre de vivre avec, en pleine conscience et responsabilité.« 
Sauf que cette précaution se base encore sur une contre- vérité, ignorant ― ou faisant semblant d’ignorer ― que les recherchent de traitements prophylactiques et curatifs ne cessent de proliférer. À moins qu’il ne soit fait allusion à ces fameux « traitements précoces » qui n’existent que dans l’imaginaire complotiste.

On découvre justement dans cette lettre la projection d’une intention de nuire, tonalité qui caractérise le complotisme : le gouvernement, qui maltraiterait, malmènerait et torturerait les citoyens, leur rajouterait une épreuve supplémentaire, en choisissant de les diviser. Pire encore, on nous présente un plan de torture savamment orchestré de la population, en s’appuyant sur un schéma en huit critères.

On nous fait rencontrer ensuite l’angoisse face à ce Réel qui s’est abattu sur la planète :
« les gens se retrouvent nus... ». Et bien non, justement, il existe une protection, vaccinale.
« … et en perte de repères dans un monde qu’ils ne reconnaissent plus« .
Beaucoup de gens partagent avec vos patients (et vous) cette expérience de vulnérabilité et cette angoisse, causées par ce même Réel. C’est lui qui nous fragilise. Personne ne cherche à le faire. Et cela bien que beaucoup de maladresses, dont certaines fâcheuses, puissent être reprochées à nos instances dirigeantes.
Il n’y a pas ici d’intention de nuire.

À vrai dire, vous citez votre code de déontologie sans en respecter le fond. Certes, ce code est attaché à « l’autonomie de la personne et en particulier son droit à l’information, sa liberté de jugement et de décision ». Néanmoins il n’exige pas de l’ériger en absolu comme l’est la liberté par certains, en ce moment. Le code est également, et heureusement, attaché au « respect de la personne dans sa dimension psychique ».
Ces valeurs, respect, autonomie, liberté, sont aussi relatives qu’interactives, c’est coextensif. Seul un solipsisme ou un total autisme permettent de concevoir une liberté totale et absolue ou une autonomie totale et absolue, qu’ « aucun prétexte » ne peut venir relativiser. Oui, « en aucun cas un psychologue ne saurait être l’instrument d’un pouvoir qui devient pathologique, malsain, intrusif et traumatique ». D’autres psychologues que vous, tout en regrettant certaines gestions de la crise par le pouvoir, considèrent que le seul pouvoir dont vous et nous tous sommes l’instrument aujourd’hui est celui du virus, qui exerce sa dictature sanitaire, face à laquelle nos instances tentent tant bien que mal de répondre.
Vous vous demandez « comment continuer d’accompagner des personnes vers une meilleure autonomie de pensée si nous sommes nous-mêmes assujettis à une pensée unique« .
Pourquoi vous sentez-vous assujettis à une pensée unique ? C’est un vrai problème pour les personnes que vous accompagnez et dont la pensée, d’ailleurs, doit garder des chances d’être différente de la vôtre.
Vous considérez la « contrainte normative » comme « changeante, aléatoire et arbitraire« . Cette contrainte est celle du principe de réalité qui s’oppose, comme vous devez le savoir, au principe de plaisir. Le caractère changeant et aléatoire est ce qui a déboussolé beaucoup de gens, en réalité tous ceux qui n’ont pas compris que la science, quant à ce virus, avance pas à pas, et qu’une vérité aujourd’hui peut être en effet contredite ou nuancée demain.
Quant à l’arbitraire, ce n’est pas celui des décideurs mais encore une fois celui du Réel.

Votre tribune nous apparaît comme un nouvel angle d’attaque pour ajouter à la cacophonie ambiante à propos de la crise sanitaire ; elle n’apporte rien de constructif, attise le ressentiment sur base d’idéologie complotiste.

Au final, après les médecins hors de leur spécialité et les sociologues hors de leur champ de compétence, France-Soir nous apporte des psychologues qui questionnent surtout quant à leur approche de la psychologie et notamment de son code de déontologie, et où semble poindre surtout l’idéologie. Est-on en train d’instrumentaliser à son tour une nouvelle discipline, la psychologie, alors que l’on nous parle de « respect de la personne » ?
On imagine bien France-Soir nous répondre : ah mais attention, ces psychologues sont « indépendants » ! La rhétorique de l’indépendance pour ce blog, on la connaît, se targuant lui-même d’indépendance. Indépendance de quoi ?
Décidément, les choix éditoriaux assumés par M. Xavier Azalbert sont bien étranges, du point de vue, on y revient, de la déontologie. Journalistique.

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