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‘Satie en liberté’ au théâtre de Poche Montparnasse

Difficile de rester insensible aux mélodies d’Erik Satie, au moins les Gymnopédies et les Gnossiennes, tant elles ont, ces mélodies, quelque chose de la douceur tragique des soirées d’automne, encore toute gorgées de soleil mais augurant déjà des frimas à venir.

Si l’on en croit les témoignages de l’époque, mais surtout les nombreux écrits laissés par lui, l’homme, Satie, était à l’image de ses mélodies, tout à la fois tendre et cinglant, drôle et amer, frivole et mélancolique.

Comme Satie a produit à peu près autant d’écrits que de musiques, vers, pensées, textes en prose, aphorismes, François Marthouret en a conçu l’idée d’une sorte de concert-spectacle, tout à la fois lecture et musique, en se faisant accompagner de la pianiste Christiane Gugger. C’est ainsi que les paroles de Satie alternent avec ses compositions, et parfois même se confondent avec elles, lors de certaines « musiques à thèmes » comme il en était la mode au début du XXè siècle (sports et divertissements).

Le comédien ne se détache que très peu de ses feuillets et de son micro mais il parvient à nous émouvoir et nous amuser avec l’évocation de cet univers nimbé d’un humour noir et légèrement absurde, comme une sorte de surréalisme avant l’heure. On savoure ainsi l’évocation de cet « homme qui ne dormait pas chez lui parce qu’il avait un nom  à coucher dehors », ou bien de ce « poète qui fait une indigestion de vers blancs ». L’ensemble prend souvent la forme de petits aphorismes délicats, conseils décalés qui prennent leurs distances avec la France bourgeoise de la IIIe République «Mon médecin m’a toujours dit de fumer, il ajoute à ses conseils : Fumez, mon ami, sans cela un autre fumera à votre place. »

On sera plus réservé sur l’apport de la pianiste. Jouer Satie ne nécessite nullement des dons de virtuose, le langage musical est relativement simple, et il est rare que les tempi se précipitent, mais il faut, nonobstant, faire preuve de sensibilité, porter son coeur au bout de ses doigts et jouer autant avec son âme qu’avec les touches de son piano. Tel n’est pas le cas de Christiane Gugger qui, en outre, nous gratifie d’un bon nombre de fausses notes.

« Satie en liberté » : le titre paraît à la limite du pléonasme tant le délicat musicien des Morceaux en forme de poire fit preuve, sa vie durant, d’une liberté entière et totale de ton et de création. Il ne faisait pas pour rien l’admiration de ses proches amis que furent Debussy et Mallarmée.

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Crédit photos : Sébastien Toubon

Lecture conçue et interprétée par François MARTHOURET

accompagné par Christiane GUGGER au piano

Lumières Alireza KISHIPOUR

À partir du 1er septembre, tous les lundis à 19h

Théâtre de Poche Montparnasse, 75 boulevard du Montparnasse – 75006 Paris

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