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Xavier Azalbert, directeur de France-Soir, relaxé dans un procès en diffamation intenté par un médecin

C’est une revanche, car l’intéressé avait lui aussi perdu son procès en diffamation contre un autre médecin. Des décisions cohérentes sur la défense de la liberté d’expression des opinions.

Le jugement a été rendu hier 15 janvier 2024 par le tribunal judiciaire de Nancy, le médecin-réanimateur, Damien Barraud, ayant porté plainte en novembre 2021 avec constitution de partie civile pour faits de diffamation publique contre X officiant dans la région Grand-Est. Cette décision de justice intervient sept mois pile après que le directeur de France-Soir a été lui-même débouté de sa plainte pour diffamation contre le médecin urgentiste Mathias Wargon pour des propos à type d’injure sur France-Soir sur un plateau TV animé par Natacha Polony. Les juges avaient considéré l’attaque « à caractère scatologique » proférée contre France-Soir était un jugement de valeur et non de la diffamation.

Tribune France-Soir « La Veuve »

Aujourd’hui, le contexte est bien différent. Le médecin réanimateur attaquait Xavier Azalbert pour avoir été cité dans une tribune anonyme intitulée « Covid (diagnostic, traitements, vaccin) : panorama d’une escroquerie » signée par un auteur à pseudonyme, non identifié. Elle attaquait nommément des scientifiques et professionnels de santé ainsi que l’association Citizen4Science pour s’attaquer au professeur Didier Raoult et dénoncer l’utilisation massive par ce dernier de l’hydroxychloroquine dans le Covid-19 hors de tout cadre légal et éthique. La tribune parue dans France-Soir concluait de façon sinistre et violente, promettant que « Un procès devra se tenir. La Veuve s’impatiente » concernant les personnes visées dans la tribune. « La Veuve » est un sobriquet attribué de longue date à la guillotine.

L’association avait rédigé une tribune en réponse, co-signée par plusieurs des personnes visées comme la Pr Karine Lacombe, publiée dans L’Express. Science infuse l’a republiée en accès libre. Le médecin réanimateur du Grand-Est ayant attaqué Xavier Azalbert faisait partie des personnes accusées et désignées dans la tribune. Citizen4Science lui avait proposé la co-signature de sa tribune qu’elle avait intitulée : Stop aux menaces de France-Soir et au harcèlement des porteurs de la parole scientifique » en réponse. La tribune de Citizen4Science a eu un retentissement important dans la presse et permis d’autres actions dont l’une portée au Sénat à l’attention des ministres de la santé Olivier Véran et de la ministre de la recherche Frédérique Vidal, et un soutien citoyen avec plus de 5 000 signataires contre le harcèlement des scientifiques défendant les données et l’éthique de la science médicale.

Le médecin réanimateur avait décliné la co-signature, préférant jouer cavalier seul. Un choix qui ne s’avère pas particulièrement judicieux au vu du résultat de son attaque solitaire soldée par un échec aujourd’hui.


La Rédaction n’est pas responsable des tribunes d’opinion, la liberté d’expression prévaut

C’était la ligne de défense de Xavier Azalbert, en tant que directeur de la publication de France-Soir, et c’est ce qu’il faut retenir de ce jugement. Un sujet qui n’est pas simple, car publier une tribune est quand même un choix éditorial qui n’est pas anodin. Mais pas au point d’endosser la responsabilité du contenu, même si Xavier Azalbert a expliqué au tribunal avoir vérifié les propos tenus dans la tribune et les assumer, et qualifie la tribune de « brûlot critique ». Ainsi, pour les juges, chacun est en droit d’exprimer son opinion et l’auteur de la tribune n’a pas été considéré comme fautif.

Science infuse a publié un article précisément au sujet de cette problématique : » Se retrancher derrière le fait que c’est un tiers qui écrit affranchit-elle une rédaction de toute responsabilité ? » , à base d’exemples concrets. Notre journaliste l’avait rédigé prenant position : oui la Rédaction est responsable car publier une tribune est un choix éditorial. Force est de constater que la justice n’est pas cet avis et a tranché : la réponse est non.

Le médecin débouté devra verser du fait de la relaxe et de son attaque solitaire la somme de 2500 euros à Xavier Azalbert pour les frais occasionnés par sa défense.

Protection des sources journalistiques

La plainte pour diffamation publique avec constitution de partie civile était contre X. On peut y voir là l’objectif clair d’obtenir la divulgation de l’identité du « Médecin résistant », l’auteur de la tribune parue dans France-Soir. C’est d’ailleurs l’avis de l’avocat de Xavier Azalbert, Maitre Heringuez, dont la réaction a été recueillie par France-Soir. Il explique : « M. Azalbert, directeur de la publication du média France-Soir est tenu de veiller à la protection de ses sources qui est l’une des bases élémentaires de la déontologie du journalisme et de la liberté de la presse« .

Le médecin débouté, dont le langage est usuellement fleuri, ne changeait pas son mode d’expression à la violence verbale mal contenue ce soir pour exprimer son amertume :

Quant à Xavier Azalbert, il conclut sans son journal : «  »Cette décision est critique, car elle vient marquer la qualité éditoriale du travail que l’équipe de France-Soir effectue face à une violence répétée sur les réseaux sociaux par des individus qui n’hésitent pas à se victimiser ou à faire usage de nombreuses techniques d’inversion accusatoire. »

Voilà de quoi semer le doute dans l’esprit du public. Car au final, cette attaque solitaire du médecin-réanimateur aura été non seulement un coup dans l’eau mais de la matière aujourd’hui à semer la confusion dans l’esprit du public sur l’origine des violences et comportements fautifs.

Sur le réseau social X (ex-Twitter), les militants radicalisés défendant le médecin-réanimateur se plaignaient abondamment à coup de posts indignés d’une décision injuste. Alors rappelons cette publication de Maître Eolas, avocat au barreau de Paris qui intervient au quotidien sur ce réseau :

Mise à jour : 17/01/2024 – ajout de la phrase de conclusion et la capture d’écran associée

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